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vendredi 26 juin 2009

Cachez vos lunettes! Voilà Sijie!

Le second mariage est comme un plat réchauffé. Ne vous offusquez pas... prenez-le à la blague. D'ailleurs, ce n'est pas moi qui le dis, c'est un proverbe roumain...
Dai Sijie me fait penser à Charles Dantzig dont j'ai apprécié le Dictionnaire égoïste de la littérature française, un ouvrage fort original, paru en 2001. Et ce, malgré ses incohérences et des opinions et commentaires à l'emporte-pièce. Malgré ses partis-pris et antipathies contre des écrivains. Le livre en valait la peine, et le prix.
Lorsqu'un soir naviguant au hasard, ramant dans le sens du courant, bien assisse au fond de ma chaloupe Verchères, j'eus la l'idée d'accoster sur les rives de BiblioObs, je rencontrai un autre Dantzig*. Quatre ans plus tard, il venait de publier une autre brique, Encyclopédie capricieuse du tout et du rien. Ce que j'en ai lu sur internet me laissait perplexe: des listes, des, listes et encore des listes. Charles Dantzig tête de listes, titrait Le Monde; Dantzig de la Mirandole, pour BibliObs. Des listes loufoques, on en trouve sur internet: craquant!** Poursuivant mon investigation, j'ai conclu que ce deuxième ouvrage souffrait de listérite.

On pteut établir un parallèle entre Dantzig et Sijie. Celui-ci a publié en 2003, Le complexe de Di. Muo, un chinois expatrié en France retourne en Chine. Il se met en tête de sauver la mystérieuse Volcan de la Vieille Lune, son premier amour, emprisonnée pour avoir publié des photos interdites. Pour réussir, il lui faut amadouer le juge Di en lui trouvant une perle rare: une vierge. S'intronisant psychanalyste, le premier et le seul en Chine, «mixant» Freud et Lacan, il parcourt la Chine -une partie!- en bicyclette. Sur son parcours, il rencontre des gens qu'il séduit par ses interprétations de leurs rêves.
Ce roman m'a fait rire et sourire: bref, il m'a fait passer un bon moment. Il m'a fourni des histoires drôles à raconter à mes amis. Amusant, imaginatif, loufoque. Complètement dingue!

Mais voilà que Dai Sijie nous arrive avec un roman de la même eau. Un, c'est bien; deux, c'est trop. Cette fois, c'est Guylaine Massoutre qui m'a mis la puce à l'oreille-celle qui gratouille, mais ne pique pas- dans son article, Cirque chinois (Le Devoir, des 20 et 21 juin 2009).
L'acrobatie aérienne de Confucius. Au début du XVle siècle règne, dans l'Empire du Milieu, un souverain excentrique et paranoïaque, entouré de quatre sosies, des copies conformes que personne ne peut distinguer, sauf lui-même, quoique... D'où son surnom, la Quinte Souveraine. Sa Majesté éprouve une peur obsessionnelle de la mort, raffole des prostituées et des animaux. L'acrobatie... est bien celle que l'on devine. La Quinte sera ravie par le butin rapporté par ses soldats victorieux: un couple de rhinocéros, un éléphant et une «créature muette, noire de la tête aux pieds à l'exception du blanc des yeux, une espèce jamais repérée». Danger à l'horizon... Un conspiration s'ourdit.

Une histoire déjantée, pleine de trucs et d'astuces, de pirouettes et mettez-en-il-y-a-encore-de-la-place sortis de son coffre de magicien sans fond. Une histoire parsemée de références à des écrivains -cette fois, Rabelais et Hamlet sont à l'honneur. Une histoire livrée avec les mêmes qualités d'écriture. Bref, l'auteur nous sert du réchauffé...
Dans le cas de Dantzig, il valait mieux choisir le Dictionnaire égoïste de la littérature française.
Dans le cas de Sijie, les deux livres s'équivalent: c'est du pareil au même, sauf le prix du livre.
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* Comme je l'écrivais, mutatis mutandis, sur ce blogue le 18 janvier 2009, dans le billet Cachez vos lunettes! Voilà Dantzig!
**McSweeney's Book of lists. Vous pouvez contribuer...
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