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jeudi 29 octobre 2009

Pour Halloween / La Maison Usher - Edgar Allan Poe

Pour Halloween / La Maison Usher - Edgar Allan Poe. Voici 2 autres suggestions pour Halloween 20009. La nouvelle «La Chute de la Maison Usher» de Allan Edgar Poe, dans la traduction de Baudelaire. Saviez-vous que la famille Usher a existé? Les «deux protagonistes, Roderick et Madeline, seraient des portraits de James et Agnes Usher, nés, l'un à Boston (1807), comme Allan Edgar Poe (1809); l'autre à Québec (1809), tous deux alliés à la famille de la famille maternelle de Poe». [Note, dans La Pléiade]. Eh oui! Madeline, alias Agnes, serait une Québécoise!

Comme complément à cette courte nouvelle, 20 pages, et pour accentuer le malaise que crée cette horrible histoire -croyez-moi, je ne cherche pas à vous effrayer- qui se termine dans une apothéose à vous rendre insomniaque, il n'y a rien de mieux que d'écouter un CD audio. J'y reviendrai. Le livre, d'abord.

Lire «La chute de la Maison Usher»

Il n'y a pas de maisons hantées, de maisons habitées par des esprits malicieux, habitées par les esprits d'outre tombe, il n'y en a aucune autre, je vous l'assure, qui vous causera autant de frayeur ou de malaise. Vous garderez de la lecture de «La chute de la Maison Usher» un souvenir impérissable, et une impression durable. Edgar Allan Poe est maître en la matière. Il sait mettre au nu les peurs primitives qui se tapissent au plus profond de notre inconscient.

«Écrivain absolu, maître de l'horreur, démoralisateur professionnel,
astrophysicien annonçant l'apocalypse,
Edgar Alla Poe est plus que jamais notre contemporain»
Philippe Sollers

Bienvenue dans «La Maison Usher»!


Je lis le début:
Pendant toute la journée d'automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans le ciel, j'avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre et, enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, mais, au premier coup d'oeil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d'insupportable tristesse pénétra mon âme. (...) Je regardai le tableau placé devant moi et, rien qu'à voir la la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, les murs qui avaient froid, les fenêtres semblables à des yeux distraits, quelques bouquets de jonc virougeux, quelques troncs d'arbres blancs et dépéris, j'éprouvais cet entier affaissement d'âme (...) C'était une glace au coeur, un abattement, un malaise, une irrémédiable tristesse de pensée qu'aucun aiguillon de l'imagination ne pouvait raviver ni pousser au grand. Qu'était-ce donc -je m'arrêtai pour y penser- qu'était-ce donc ce que je ne sais quoi qui m'évervait ainsi en contemplant la Maison Usher?

«un je ne sais quoi qui m'énervait...»... Nous avons tous ressenti, à un moment donné, une pareille impression, un malaise flou qui fait hésiter... et souvent regretter de ne pas s'y être fier... «Ah! j'aurais donc dû suivre ma première impression!» Trop tard!
Mais que diantre, allait-il faire dans cette galère? Que diantre allait-il faire dans cette Maison Usher?

Sur Internet, on raconte que Philip Winthrop se rend à la Maison Usher rejoindre sa fiancée Madeline dont le frère, Roderick, s'oppose à leur mariage, sans distinguer la nouvelle de Poe et le synopsis de films. C'est du cinéma!
Nuance! L' histoire d'amour a été introduite, par exemple, dans le film de Vincent Prince, qui est une adaptation de «La chute de la Maison Usher». Mais, elle n'est pas dans le texte de Edgar Allan Poe, loin, loin de là... À preuve:

C'était néanmoins dans cet habitacle de mélancolie que je me proposais de séjourner pendant quelques semaines. Son propriétaire, Roderick Usher, avait été l'un de mes bons camarades d'enfance; mais plusieurs années s'étaient écoulées depuis notre dernière entrevue. Une lettre cependant m'était parvenue récemment dans une partie lointaine du pays, une lettre de lui, dont la tournure follement pressante n'admettait pas d'autre réponse que ma présence même.

L'apparition de lady Madeline:
Pendant qu'il parlait, lady Madeline -c'est ainsi qu'elle se nommait- passa dans une partie reculée de la chambre, et disparut sans avoir pris garde à ma présence. Je la regardai avec un immense étonnement, où se mêlait quelque terreur; mais il sembla impossible de me rendre compte de mes sentiments. Une sensation de stupeur m'oppressait, pendant que mes yeux suivaient ses pas qui s'éloignaient.

Au cours d'une nuit d'orage:
Une insupportable terreur pénétra tout mon être; et à la longue une angoisse sans motif, un vrai cauchemar, vint s'asseoir sur mon cœur.

Ce passage annonce la scène d'horreur qui vous fera frémir... et qui rejoint à sa manière «Dracula» de Bram Stoker et le film éponyme de Francis Ford Coppola [comme je vous le signalais, dans mon billet précédent].

Écouter «La chute de la Maison Usher»
Les éditions «Autrement dit», entre autres, propose de télécharger un bon choix d'audios. On en trouve aussi sur Numilog et autres sites sur Internet.
L'extrait audio de «La Chute de la Maison Usher» vient de Numilog, lu par Alain Carré, de sa voix chaude et (trop?) rassurante: à écouter en cliquant ici.

Pour ma part, j'ai écouté une audio «épeurante». L'environnement sonore -voix, bruitage, musique- ajoute de l'horreur à l'horreur du texte de la »Maison Usher». Le texte est livré dans la langue.. de Poe. Évidemment, une première lecture en français aide à la compréhension. «The Fall of the House of Usher, The Pit and the Pendulum and other Tales», lu par William Roberts, Naxos Audio Books.

Le texte de Poe dans la langue... de Baudelaire est de toute beauté, c'est un texte de poète... qui rend justice à Edgar Allan Poe.

Bonne journée! Merci de me lire!
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[] La citation est tirée de l'article «Coup de Poe», par Philippe Sollers, sur BibliObs.
[] Les extraits de «La Chute de la Maison Usher»: La Pléiade. La nouvelle p. 337 à p.357; La note: Notes et variantes, p.1088. Je vous signale que vous pouvez lire la nouvelle sur Wikisource.
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