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dimanche 19 décembre 2010

La constellation du lynx - Louis Hamelin

La constellation du lynx, de Louis Hamelin: un roman à lire, impérativement. À moins que vous teniez à passer à côté d'un grand roman. Je ne suis pas la seule à le dire...
Je vous donne à lire ici des témoignages. Ils sont tous suffisamment éloquents pour vous convaincre, si vous ne l'êtes pas déjà. S'ajoutent quelques citations tirées du roman, ou d'entrevues.

«Des fois, Sam, j'ai l'impression que la lumière des faits nous parvient de très loin, comme celle des étoiles mortes.
Et que nous nageons en plein arbitraire quand nous essayons de relier les points pour obtenir une figure plausible. 
Peut-être que les explications que nous cherchons ne sont jamais que des approximations, des esquisses chargées de sens,
comme les constellations: nous dessinons des chiens et des chaudrons là ou règne la glace éternelle des soleils éteints.»
La constellation du lynx, de Louis Hamelin

En 2001, à la mort de son ancien professeur, l'éditeur-poète Chevalier Branlequeue, l'écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de ce dernier sur la crise d'octobre 1970.

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«La Constellation du Lynx est une formidable réussite littéraire, un livre magnifiquement construit, passionnant d’un bout à l’autre, encore plus riche que son matériau historique —et Louis Hamelin s’est hissé, à force de patience, de travail acharné et de talent, au statut des grands écrivains contemporains, tous pays confondus.
[…]
Mais c’est en obéissant à une voix intérieure impérieuse que Louis Hamelin a soumis les trous de l’Histoire aux exigences de son récit, en opposant à la fiction officielle des événements d’octobre 70 sa fiction personnelle, beaucoup plus convaincante, vaste, passionnante et réelle.
En changeant les noms des protagonistes pour se donner une marge de manœuvre, avec une liberté narrative stupéfiante, en maîtrisant parfaitement les chevaux fougueux de son écriture foisonnante, Louis Hamelin couvre toute la seconde moitié du vingtième siècle.
[…]
Mais son coup de maître a été de créer le personnage de Sam Nihilo, écrivain en quête de vérité sur le fond de l’Histoire. Cet alter ego a permis à Louis Hamelin...
[...]
Un historien se serait limité aux faits; un essayiste aurait mis de l’avant sa propre vision de l’Histoire. Mais Louis Hamelin est un romancier et il englobe l’historien et l’essayiste et en ajoutant un amour démesuré pour ces personnages inspirés du réel, même les plus vils et les plus détestables.
«On peut avoir besoin de l’imagination romanesque pour saisir une partie de la réalité», dit Sam Nihilo. Oui, c’est ce que le roman permet, dans le meilleur des cas. Et c’est, aujourd’hui, le meilleur des cas: une œuvre puissante.

Merci, Louis Hamelin, pour ce grand roman qui a ravi le lecteur que je suis, et qui stimule l’auteur que je m’obstine à devenir.»
Source: Jean Barbe, Le roman dont il est le héraut, sur Canoe.ca

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«Une telle entreprise avait de quoi décourager le plus chevronné des romanciers. […]. Au terme d'une dizaine d'années de travail, Louis Hamelin nous donne ce qui est, autant qu'un roman, une enquête. […]. Qui dit enquête dit enquêteur, rôle qui revient, dans La Constellation du lynx, à l'écrivain Samuel Nihilo, alter ego de l'auteur (et l'anagramme de son nom). Reliant un à un les points de ce qui formera une image troublante de justesse, Nihilo avance dans une véritable forêt, au sens figuré le plus souvent, mais aussi au sens propre - très enraciné dans le territoire québécois, ce roman est également, on l'a peu dit depuis sa parution, un chant d'amour à la faune et à la flore d'ici. On pourra remettre en question la langue très humoristique d'Hamelin, laquelle, si elle a le mérite de colorer par l'humour une matière puissamment dramatique, donne à l'ensemble un aspect rigolard (!!!) qui ne sied pas à toutes les scènes, le résultat n'en force pas moins le respect, marquant notre capacité, enfin, à investir par l'art un segment de notre histoire longtemps limité à une chamaille d'historiens et de commentateurs politiques.»
Tristan Malavoy-Racine, Louis Hamelin, La Constellations du lynx, sur Voir.ca

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« [...]
Mais pourquoi avoir appelé ainsi Pierre Laporte -Paul Lavoie-, changé le nom de Robert Bourassa, premier ministre du Québec à l'époque, en celui d'Albert Vézina et fait de même avec de nombreux autres personnages réels, en particulier les militants du Front de libération du Québec? (demande Michel Lapierre)

«Mon livre n'est pas un essai. Je me suis servi de l'art romanesque pour creuser la réalité historique», m'explique Hamelin (à Michel Lapierre).

«La lumière des faits nous parvient de très loin, comme celle des étoiles mortes»  (dit l'écrivain Samuel Nihilo)
La constellation du lynx, de Louis Hamelin 
[…]
Jamais dans la littérature québécoise les rapports entre les humains (ces «animaux culturés», me signale Hamelin) n'auront si bien exprimé l'ambiance révolutionnaire mondiale de 1970, de Percé à la Californie de la contre-culture, du Paris soixante-huitard aux camps des fedayins palestiniens. Mais, près de Montréal, rive sud, dans une maison, à côté de celle où se trouve le ministre Lavoie, otage du FLQ, des agents veillent en secret, depuis longtemps, au triomphe de l'ordre établi.
Michel Lapierre, Louis Hamelin et les étoiles d'Octobre, sur Le Devoir.com


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Louis Hamelin a été hanté longtemps par le fantôme de Pierre Laporte, le ministre enlevé et assassiné par le Front de libération du Québec (FLQ) en octobre 1970. Obsédé par ce cadavre ensanglanté, à jamais muet sur les circonstances exactes du drame, le romancier a conçu, il y a huit ans, le projet fou de réécrire l'histoire de la crise d'Octobre. Après une minutieuse enquête, il croit avoir compris ce qui s'est réellement passé cet automne-là dans le bungalow de la Rive-Sud où le politicien a trouvé la mort. Dans un ambitieux roman, La constellation du Lynx, il pénètre au plus sombre du mystère, recréant les derniers moments de l'otage, jusqu'à son souffle ultime.
L'auteur de 51 ans a toujours rêvé d'écrire « un grand roman à l'américaine » qui s'attaque à un sujet politique majeur. Écrivain marquant des dernières décennies au Québec, lauréat du Prix du Gouverneur général pour La rage, en 1989, il est connu pour son regard caustique sur ses contemporains et pour ses puissantes évocations des paysages des Amé­riques. […].
[...]
Quarante ans plus tard, la pire crise politique de l'histoire du pays demeure un « traumatisme national jamais élucidé, dit l'écrivain ; c'est notre affaire Kennedy à nous ».
Premier grand roman sur le sujet, La constellation du Lynx a failli prendre la forme d'un essai historique. L'auteur est persuadé que sa reconstitution des faits est plus crédible que la version officielle, qu'il juge bourrée de trous et d'invraisemblances. Les machinations du pouvoir et des forces de l'ordre ont joué, selon lui, un rôle beaucoup plus important dans cette affaire que ne le reconnaissent les ex-felquistes ou les autorités. Et Pierre Laporte est à ses yeux un héros oublié.
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LOUIS HAMELIN avait 11 ans durant la crise d'Octobre. Il habitait alors en Gaspésie, et il se rappelle surtout l'avis de recherche paru dans les journaux, où l'on offrait 150 000 dollars pour la capture des felquistes - avis de recherche qui orne aujourd'hui son bureau. Il a grandi à Laval, a vécu à Vancouver et à Montréal avant de s'installer dans les forêts de l'Abitibi, où les poules qu'il élevait se sont fait manger par les lynx. Il vit aujourd'hui à Sherbrooke. Cet automne, il enseignera à l'Université d'Ottawa et il sera père pour la première fois. Octobre est son mois préféré.
Noémi Mercier, La bombe Hamelin, sur L'actualite.com

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«[…]
Il y a 40 ans, en octobre, l’action violente du Front de libération du Québec atteignait son apogée.
[…]
L’écrivain se souvient encore de l’expression de surprise de ses parents à la vue de l’armée et des mitraillettes, puis de cette musique funèbre entendue à la radio un matin d’octobre 1970 quand le corps de Pierre Laporte a été retrouvé. Il n’a jamais pu oublier non plus les visages des gars de la Cellule Chénier qui tapissaient les murs des bâtiments qu’il observait du coin de l’œil lorsqu’il n’avait qu’une dizaine d’années à peine. Pour combler les silences et les mystères qui habitent encore ces moments marquants, il a décidé d’écrire cette œuvre majeure et certainement incontournable de l’histoire du Québec.
«Plus personne n’osera parler de ces événements sans se référer à La Constellation du lynx», disait l’auteur et réalisateur Jacques Godbout qui est aussi membre du comité éditorial des Éditions du Boréal, où paraît ce roman de 600 pages.
Tout y est, et plus encore puisque, en plus de se référer aux affaires telles qu’elles se sont produites dans les faits, Hamelin en a ajouté, défrichant quelques terreaux riches d’informations jamais ou très peu souvent révélées au grand public.
La grande aventure hamelinesque
Il aura passé huit ans à écrire et à mener ses recherches en farfouillant dans des archives, en réalisant des entrevues ou en défrichant des ouvrages… D’écrivain, il est devenu enquêteur, soulevant des pierres sous lesquelles se cachaient des vérités encore chaudes qu’il a ressuscitées avec le talent de l’orfèvre des mots.
C’est aussi à un véritable voyage à travers des contrées et des époques que nous convie Hamelin. Cette fresque habilement menée, limpide tout en étant très touffue, fait découvrir Samuel Nihilo, un écrivain qui décide en 2001 de poursuivre les recherches sur la crise d’Octobre qu’avait commencées son défunt professeur. Manigances, manœuvres douteuses, personnages captivants l’amèneront à comprendre notamment le rôle joué en 1970 par les services secrets et l’escouade antiterroriste…
«J’ai décidé d’embrasser large, commente Hamelin. Il y a plein d’univers qui s’entrecroisent. Je voulais aussi faire parler les silences. Je pense que la version officielle de l’affaire telle qu’elle nous a été présentée est souvent réductrice.»
[…]
«Je voulais me donner du temps, et ça prenait un sujet à la hauteur de ces envies. J’ai l’impression de l’avoir trouvé puisqu’il y a la crise, bien sûr, mais aussi tout ce qui la préparait. Ce n’est pas vrai qu’en 1970, tout le monde est tombé sur le dos en apprenant ça. J’ai l’impression d’ouvrir la porte à de nouvelles compréhensions», précise-t-il (Louis Hamelin).
À voir son sourire de satisfaction en tenant entre ses mains cette brique se situant à mi-chemin entre le polar et le roman historique, on peut en conclure que son aventure au cœur de ces zones sombres s’avère victorieuse, pour lui certes, mais peut-être aussi pour tout un pan de notre histoire.»
Claudia Larochelle, La Constellation du lynx, Entre polar et roman historique, sur Ruefrontenac.com 

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«Je voulais donner vie à cette histoire réduite à deux thèses desséchées, lui donner un souffle épique. Parce qu'elle est passionnante.» Louis Hamelin est intarissable et incollable quand il s'agit de la crise d'Octobre.
[…]
Car trous il y a, affirme l'écrivain, qui les a comblés en livrant son interprétation des faits. «Je propose une solution romanesque, mais je ne prétends pas détenir la vérité», dit-il, estimant que la littérature était la meilleure voie pour expliquer les zones d'ombre des événements et de leurs acteurs.
[…]
La force de La constellation du Lynx réside dans l'ambiguïté entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, entre le roman à clés et la saga romanesque pure.
[…]
De l'Abitibi à Montréal, de la Gaspésie au Mexique, Louis Hamelin a écrit un roman polyphonique qui ne comporte aucun temps mort. Felquistes, indics, militaires, policiers, mafieux, éminences grises, les voix et les points de vue se multiplient et se répondent d'une époque à l'autre, dans une écriture parfois lyrique, parfois ironique, toujours vivante et haletante.
«Même s'il y a plusieurs voix, je crois aussi qu'il y a un ton, une jubilation dans l'écriture», avance Louis Hamelin, qui a parfois été dépassé par l'ampleur de la tâche et admet que sa santé mentale a failli y passer. «Disons qu'on finit par développer un rapport obsessif... J'ai fait et refait des plans, réécrit des sections, alors que certaines scènes étaient là depuis le départ. Ensuite, il fallait tout agencer, et ça a été une partie importante de mon travail.» Ce n'est que dans la dernière année que le «ciment» a vraiment pris, et le plus dur restait encore à faire: entrer dans la maison avec les ravisseurs et leur otage, faire face à ce qui s'y est passé. «J'ai gardé le plus gros pour la fin.»

Malgré les vertiges, l'écrivain qui a maintenant 50 ans n'a pas abandonné: son but a toujours été d'écrire «un grand roman qui brasse», qui concerne la société dans laquelle il vit, et il savait qu'il tenait le bon filon. «Mes modèles, c'est Don DeLillo, Norman Mailer, qui a été un grand commentateur de la société américaine. Ça a toujours été mon idéal, mais pour ça, il faut prendre le temps. Ça ne s'improvise pas.» Il se dit content du résultat, sûrement le livre dont il est le plus fier. Ses projets: probablement un autre recueil de nouvelles, puis, de nouveau, un roman. Une autre décennie de travail en perspective? «Je ne pense pas pouvoir refaire ça, mais quand on s'embarque, on ne sait pas jusqu'où ça nous entraînera.»
Josée Lapointe, La crise d'Octobre selon Louis Hamelin, La Presse, lu sur Cyberpresse.ca

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Commentaires sur Radio-Canda
« C'est tellement fouillé, tellement recherché. Un roman fascinant, très bien écrit, que je recommande.»
Claude Bernatchez,  Radio-Canada Québec / Première heure

« Louis Hamelin a un immense talent d’écriture. Sur le plan littéraire, c’est l’une des grandes plumes du Québec. Il y a des chapitres très puissants dans ce roman-là. Il y a des scènes absolument bouleversantes. C’est magistralement rendu. Les dialogues sont forts. Un roman très intense, ambitieux, mais c’est une lecture envoûtante. »
Andrée Poulin, Radio-Canada/Divines tentations

« C’est un très bon roman. Un livre qui s’appuie sur une recherche considérable. Ce qui m’a vraiment impressionné : c’est l’écriture, le style. Il a atteint un niveau impressionnant. Il y a beaucoup d’humour malgré le sujet sombre. »
Tommy Allen, Radio-Canada/Des matins en or

« C’est un phénomène du point de vue littéraire, un phénomène aussi à cause des thèses que l’auteur défend. Une fiction très proche de la réalité. Un livre très intéressant. »
Frédéric Laflamme, Radio-Canada/Chez nous le matin

« Une nouvelle étape dans notre compréhension et dans notre appréhension de ce qu'a été Octobre 70.»
Catherine Perrin, Télévision de Radio-Canada / Six dans la cité

«C'est un choc. La crise d'Octobre revue et corrigée par Louis Hamelin, un événement à ne pas manquer. Pour moi, c'est vraiment un chef-d'oeuvre.»
Lorraine Pintal, Radio-Canada 95,1 FM / Vous m'en lirez tant

« On prend énormément de plaisir à lire et à se perdre dans ce récit-là.»
Nathalie Petrowski, Télévision de Radio-Canada / Six dans la cité

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Commentaires lus sur Internet

Dans les commentaires des lecteurs et lectrices «ordinaires», le mot qui revient le plus souvent, pour ne pas dire constamment, est l'un des plus beaux mots: Merci!

«Merci.
"Seul l'artifice d'un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage", J. Semprun.
Samuel Tremblay, Le Devoir (article de Michel Lapierre)

Parfois, le commentaire se limite à ce seul mot.
Vous permettrez que j'y ajoute le mien. Merci, à vous, Louis Hamelin!

Photo: Olivier Hanigan
Photo: Alain Roberge

D'ici les prochains jours, je vous donnerai à lire des extraits.

À bientôt.
Bonne lecture!
Paperblog