Robert Lepage, le Moulin à paroles,2009 |
Elle court, elle court... non pas la maladie d'amour, mais la nouvelle lancée sur Le Monde: Robert Lepage fait passer Wagner à l'ère numérique. Eh oui! Le metteur en scène québécois prépare une «Tétralogie» de haute technologie au Metropolitan Opera de New York. En effet, la première de L'Or du Rhin, le prologue du cycle, aura lieu le 27 septembre, tandis que La Walkyrie sera donnée en avril-mai 2011 et les deux derniers volets (Siegfried et Le Crépuscule des dieux) au cours de la saison suivante.
Robert Lepage, on le devine à défaut de le savoir, n'est pas un novice en la matière. Il est renommé pour la haute technicité et le langage multimédia de ses spectacles. Mais qu'il travaille pour le théâtre ou l'opéra, pour le chanteur Peter Gabriel la troupe du Cirque du Soleil, le metteur en scène, et créateur hors-pair, a des credo:
Il veut... «Raconter des histoires avec le langage de la modernité.»
Mais... «Il ne faut jamais oublier que l'origine du théâtre, c'est un récit autour d'un feu,
et la découverte d'ombres chinoises sur les murs d'une caverne.
C'est aussi simple et aussi beau que cela.»
Robert Lepage a mis en place et rodé son dispositif dans les locaux de sa compagnie, Ex Machina, installée dans la ville de Québec, avant de transférer à New York les répétitions avec doublures et cascadeurs. Il précise que...
«Certains chanteurs assureront eux-mêmes les cascades.
Mais il y aura aussi des acrobates, de sorte que ceci,
je l'espère, contribuera au mystère foisonnant du spectacle.»
«Tout sera techniquement réglé avant l'arrivée des chanteurs.
Mais leur corporalité, leur musicalité vont habiter poétiquement ces processus.
Je ne vais pas les livrer à eux-mêmes, loin de là, mais je veux me laisser surprendre,
laisser s'exprimer cette part décisive d'incarnation, d'invention»
«Les recherches en informatique ont permis de développer un équivalent visuel à la transformation du son en temps réel que pratiquent les laboratoires de recherche musicale. Désormais, les machines nous permettent de laisser libre cours à une part de hasard, d'invention spontanée. Ainsi, les mouvements, les silences et la densité sonore des chanteurs, qui ne sont jamais tout à fait les mêmes d'une représentation à l'autre, influeront-ils en direct sur les images projetées...»
«Le vivant reste donc le moteur principal du jeu électronique...»
Cette Tétralogie est une très lourde affaire, dans tous les sens du terme: pour ce festival d'environ quinze heures de musique, Lepage a imaginé une structure scénique qui a exigé que le Met renforce in extremis une partie de son plateau afin d'accueillir l'énorme machinerie qui le commande par le biais d'une forêt d'ordinateurs, écrit Renaud Machar. Qu'à cela ne tienne, le Met n'a pas lésiné, il a accordé une «rallonge» budgétaire pour couvrir les coûts additionnels qu'entraîne l'installation de la machinerie (chère, ma chère).
Cette Tétralogie aura pour seul décor un dispositif d'une très haute technologie: constitué de lattes, il peut, au gré de la mise en scène, se muer en architectures diverses (rempart, escalier, plan incliné, forêt, vrille, tapis volant, etc.) sur lesquelles les personnages évoluent de manière irréelle. La «peau» de ce monstre en constante métamorphose est «tatouée» par des projections lumineuses électroniques.
«La préparation et l'automation ont donné beaucoup de fil à retordre à mes collaborateurs»
Mais... «Il n'est pas question d'en faire une affaire technologique mais poétique.»
Source: Robert Lepage fait passer Wagner à l'ère numérique, article du journal Le Monde, par Renaud Machar,qui termine son texte par cette phrase, qui est à noter: «Nul doute que la caverne de Fafner le dragon ne ressemblera à aucune autre, et qu'on n'y verra que du feu.»
De cet article, j'ai surtout tiré des citations de Robert Le page. Pour le lire au complet, cliquer ici.