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mardi 22 juin 2010

Hommage à José Saramago. 1922-2010.

Samedi, le 19 juin 2010, José Saramago est décédé, à l'âge de 87 ans,sur l’île espagnole de Lanzarote (aux Canaries), où il résidait depuis 1992, son livre L’Évangile selon Jésus-Christ ayant été censuré et sévèrement attaqué par l’Église qui l’accusait de «porter atteinte au patrimoine religieux des Portugais». L'obtention du prix Nobel de littérature en 1998 -attribué pour la première fois à un auteur de langue portugaise-, lui a valu une reconnaissance immense et historique. De nombreux Portugais s‘identifient à cet écrivain dont l’itinéraire est emblématique.

«L'écrivain des possibles n'est plus. José Saramago habitait le temps pour en détourner le cours, suspendait la mort et privait l'homme de ses sens pour mieux lui jeter au visage sa petitesse et l'infinitude de ses faiblesses. Il laisse un testament prophétique, une allégorie anthropologique fantasque et grave.» [evene.fr]

Romancier, essayiste, poète et blogueur, José Saramago s’est élevé contre toutes les injustices sociales et politiques. Contestataire, anticonformiste, il était la voix des opprimés et des faibles. C'était un homme debout, n'ayant peur de rien ni de personne: un homme libre, un homme de partage.

«José Saramago eut un destin hors du commun. Né en 1922 à Azinhaga, un petit village du Ribatejo situé à une centaine de kilomètres de Lisbonne, fils de paysans pauvres, il quitte l’école très tôt pour travailler, enchaînant divers métiers, de serrurier à traducteur. Autodidacte, passionné par les livres, il publiera son premier roman, Terra do pecado (Terre de péché), en 1947. Mais c’est en 1976 avec Levantado do Châo (non traduit en français, littéralement : « soulevé de [la] terre ») qu’il entre véritablement en littérature, et avec Memorial do covento (Le Dieu Manchot, 1982, publié en France en 1987) qu’il acquiert une véritable notoriété littéraire internationale.» [Le Monde diplomatique]

Adulé des uns, honni des autres, José Saramago est un immense écrivain.
«Ses fables, sombres, pessimistes, intransigeantes, il les habille d'une langue à nulle autre pareille, raffinée, déliée, affranchie des règles de ponctuation ordinaires et truffée d'interventions diaboliquement caustique.» [evene.fr]

Pour sa part, Odile Tremblay, du Journal Le devoir écrit:
«Polémiste dans sa vie, il eut une vison de complexité dans son œuvre, revisitant des grands mythes de l'humanité, essayiste, romancier, poète, auteur dramatique, à la fois pessimiste et utopiste, ludique auteur ayant établi son propre type de ponctuation.

Il partait généralement d'une proposition insolite pour aborder ses idées politiques, ses déceptions historiques, sa désolation devant une humanité à son avis indigne de la raison qui lui échoit.»

Dans un autre blogue, je reviendrai sur son œuvre. Je termine le présent billet en vous donnant à lire quelques citations relevées dans les articles lus ces derniers jours.

[] «S'il y a une épitaphe qui me conviendrait, ce serait: "Ci-gît M. Untel, un homme indigné", confiait José Saramago au Devoir en 2005.»

[] «Ce que je cherche à exprimer, c'est l'indignation sur l'état du monde, c'est la misère, la détresse où vivent des millions de personnes. Une partie énorme de l'humanité vit dans une apocalypse permanente de la naissance à la mort. C'est ça le progrès ? C'est ça la civilisation?»

[] «Ce que je cherche à exprimer, c'est l'indignation sur l'état du monde, c'est la misère, la détresse où vivent des millions de personnes. Une partie énorme de l'humanité vit dans une apocalypse permanente de la naissance à la mort. C'est ça le progrès ? C'est ça la civilisation?» [Interview accordée à "La République des livres", janvier 2010.]

[] «Dans un sens, on peut dire que lettre après lettre, mot après mot, page après page, livre après livre, j'ai successivement implanté à l'homme que j'étais les personnages que j'ai créés. Je crois que sans eux, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui ; sans eux, peut-être que ma vie n'aurait jamais été autre chose qu'une ébauche imprécise, une promesse qui comme beaucoup d'autres serait restée une promesse, l'existence de quelqu'un qui aurait peut-être été mais qui finalement n'aurait pu être.» [Extrait du discours prononcé lors de la réception du prix Nobel de la littérature en 1998.]

Bonne journée! À bientôt...
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