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dimanche 4 avril 2010

Joyeuses Pâques! C'est le printemps! Cendras - Ronsard - Lemesle - Mulinié - Lamartine - Sabatier - Barbara. Poésie.

Joyeuses Pâques! Le voilà, enfin, ce dimanche qui suit la première pleine lune du Printemps, le dimanche de Pâques. Pour certains, c'est une fête religieuse; d'autre fêtent simplement le Printemps. Des fleurs, du chocolat, une bonne table. Un brunch en famille, au menu des œufs, du jambon à l'érable, du pain de ménage: un vrai délice. Il n'y aucune raison d'en finir avec le jambon de Pâques: c'est le rituel des Québécois. Les Français, les Italiens, les Russes... ont leur propre façon de fêter Pâques. Gardons la nôtre, pardi!* Vive le jambon pascal!

C'est le printemps!
C'est le moment de s'ébaudir, de se réjouir, et de rire... avec Blaise Cendras; de dire bonjour, mon cœur... avec Pierre de Ronsard; de broder le printemps... avec Jean-Pierre Lemesle; d'écouter encore ce que neige dit, avec Bernard Mulinié; de cueillir l'amandier... avec Alphonse de Lamartine; de saisir ce qui fait d'un printemps la caresse... avec Robert Sabatier; de demander quand reviendras-tu?.... avec Barbara.

«Le printemps c'est joli pour se parler d'amour»
Barbara


Rire
Je ris
Je ris
Tu ris
Nous rions
Plus rien ne compte
Sauf ce rire que nous aimons
Il faut savoir être bête et content
Blaise Cendras

Bonjour mon cœur, bonjour…
Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie.
Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie,
Hé ! bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour,
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle,
Bonjour, ma douce rebelle.

Hé! faudra-t-il que quelqu'un me reproche
Que j'aie vers toi le cœur plus dur que roche
De t'avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi
Que le vulgaire appelle une largesse?
Plutôt périsse honneur, court, et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.
Pierre de Ronsard
Le second livre des amours (1555)


Ma ville par le chas d’une aiguille
J’ai glissé ma ville
par le chas d’une aiguille,
puis follement…….
je me suis mis à broder.

Sur ce parcours textile urbain, mais arboré,
j’ai rencontré le kiosquier qui m’a dit :
« en 5 colonnes :
les nouvelles rosnéennes
sont plutôt bonnes ».

Plus loin, une locomotive, un peu prétentieuse,
mais muée par des gens intelligents,
m’a proposé un tour sur son passé,
avant de prendre de la vitesse…
Par sa fenêtre il n’y avait plus de bois
sauf dans les fraises de mon pâtissier préféré.

C’est là que j’ai rencontré Mathilde, l’optimiste,
la princesse de ma rue, qui devant un nuage noir,
accroché au clocher de l’église, m’a dit :
« Pierrot ! : Demain, il fera beau ! »

Des mots à vous chavirer le cœur,
à faire passer votre ville
par le chas d’une aiguille,
pour broder du printemps.
Jean-Pierre Lemesle
Posny-sous-boy


Ville ? ville enfouie, moussue, mousse bleue
Ville ? ville enfouie, moussue, mousse bleue
plus d’attelages impatients de chevaux près des baraques mais
sur les places comme aujourd’hui des sculptures de neige


L’eau n’en finissait pas de descendre, mariée aux pluies d’avant printemps. Des accordéons s’étaient levés sur les vallées, chansons à la Cabane, à Pruns, à Versailles, au moulin de Nauze dans les étables aussi.
« Chante, Orphée, aucune bête ne fait cela » me disait tout bas l’amie


Écoute encore sur les mille chemins ce que neige dit
ils sont allés fouiller les trous aux bois de Dalbin et de Noyes
d’abondance elle avait laissé là sa plus vilaine robe la ville


Écoute encore ce que neige dit. Le monde serait-il plus beau?
Laisser venir la salive de la forêt, des mains de feu pour l’hirondelle, contre la débâcle le silence, la clarté. Sous les buissons le schiste et la source en sommeil.
Si cognait le forgeron et l’auberge repeinte, leurs maisons rassemblées, la naissance d’un rêve?
Qu’il faille alors élever des fontaines, détourner le brouillard, ne laisser de miettes qu’aux oiseaux….
Bernard Milinié
Pour la Communauté du Pays de Baraquevillois


La branche d’amandier

De l'amandier tige fleurie,
Symbole, hélas! de la beauté,
Comme toi, la fleur de la vie
Fleurit et tombe avant l'été.

Qu'on la néglige ou qu'on la cueille,
De nos fronts, des mains de l'Amour,
Elle s'échappe feuille à feuille,
Comme nos plaisirs jour à jour!

Savourons ces courtes délices;
Disputons-les même au zéphyr,
Épuisons les riants calices
De ces parfums qui vont mourir.

Souvent la beauté fugitive
Ressemble à la fleur du matin,
Qui, du front glacé du convive,
Tombe avant l'heure du festin.

Un jour tombe, un autre se lève;
Le printemps va s'évanouir;
Chaque fleur que le vent enlève
Nous dit: Hâtez-vous de jouir.

Et, puisqu'il faut qu'elles périssent,
Qu'elles périssent sans retour!
Que ces roses ne se flétrissent
Que sous les lèvres de l'amour!
Lamartine

Qui suis-je moi ?

Qui suis-je moi? Un autre? Non.
Désespéré, le même que naguère
et d’une étoile amoureux. Quelle guerre
que celle-là, et qui n’a pas de nom.

J’entends ta voix, mais c’est un autre son :
celui qui naît des amours éphémères
loin dans le temps. Comme un héros d’Homère
qui d’île en île en lui-même se fond.

Qui me parlait de lui qui te ressemble
sans que jamais Amour ne nous rassemble ?
Je reste seul. Que meure un souvenir !

Que disparaisse un regret de jeunesse
et que j’apprenne à ne pas revenir
sur ce qui fait d’un printemps la caresse !
Robert Sabatier


Dis, quand reviendras-tu?
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m'as dit cette fois c'est le dernier voyage,
Pour nos cœurs déchirés c'est le dernier naufrage,
Au printemps tu verras, je serai de retour,
Le printemps c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris.
Dis, quand reviendras tu ?
Dis, au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus.
Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
voir Paris si beau dans cette fin d'automne,
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne,
Ton image me hante et je te parle tout bas,
Et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi.
Dis, quand reviendras tu ?
Dis, au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus.
J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferais de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrais ma route, le monde m'émerveille,
J'irais me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,
Je n'ai pas la vertu des femmes de marin.
Dis, quand reviendras tu ?
Dis, au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus.
Paroles et musique de Barbara

Une invitation toute spéciale.
En ce dimanche de Pâques, je vous invite à lire sur Livr
anaute le poème peu connu de Blaise Cendras «Les Pâques à New York». Il saura vous toucher, j'en suis certaine.

Je vous souhaite de Joyeuses Pâques!

___
*Psitt! Commentaire en contre-pied du "reportage" de Silvia Galipeau, «Pour en finir avec le jambon de Pâques», sur Cyberpresse, samedi 3 avril 2010. Pour lire le dit reportage et saliver devant des photos... appétissantes, sans jambon...
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