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dimanche 7 février 2010

Le silence. Shakespeare - de Beauvoir - Hugo - de Gourmont - Yourcenar / Louisa Paulin - Albert Samain. Poésie

Le silence. Il se définit par l'absence... de bruit, de parole, de son (en musique). Le silence est donc ce qui n'est pas... Paradoxes: le silence peut être éloquent; la parole, mutisme. Les uns le recherchent; les autres le fuient. Il gêne parfois: un ange passe. Le silence est d'or, dit-on; la parole est d'argent. Il arrive qu'on l'exige: Silence! Shakespeare, de Beauvoir, Hugo, de Gourmont, Yourcenar expriment le silence dans tous ses états. À ces voix s'ajoutent celles des poètes Louisa Paulin et Albert Samain. Une poétesse occitane et un poète symboliste français qui disent le silence et l'amour!

William Shakespeare:«Le silence est l'interprète le plus éloquent de la joie.»
Simone de Beauvoir: «La parole ne représente parfois qu'une manière, plus adroite que le silence, de se taire.»
Victor Hugo: «Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites. Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.»

Rémy de Gourmont: «Dans l'état de civilisation, tous les organes des sens sont plus ou moins protégés contre les contacts brutaux du monde extérieur, tous, un seul excepté, -l'oreille. [...] Contre elle, on dirait que tout est permis. Contre elle on a mis en liberté tous les bruits, qui comme autant de furieux dogues, montent à l'assaut de sa tranquillité. Les pianos, les autos, les gramophones et les cris humains emplissent les rues et les maisons, où le point d'orgue est donné par des tuyauteries qui ont pour but d'amener l'eau, mais surtout de faire de la musique. Il n'y a plus de silence. Les hommes, qui le détestent, ont fini par le tuer. Pour inexplicable que soit cette haine, elle est. Même quand il est seul, l'homme fait du bruit. Il chante. C'est une hantise. Mais peut-être que s'il demeurait silencieux, il s'entendrait penser et qu'il aurait honte. [...] Sacrum silentium, disait le vieux moine de jadis, ô silence sacré, où es-tu? Et dire que si tout le monde était comme moi, on entendrait voler les mouches!» [en 1921!]

Marguerite Yourcenar: «Le silence ne compense pas seulement pour l'impuissance des paroles humaines, il compense aussi, pour les musiciens médiocres, la pauvreté des accords. Il m'a toujours semblé que la musique ne devrait être que du silence, et le mystère du silence qui chercherait à s'exprimer. Voyez par exemple une fontaine. L'eau muette emplit les conduits, en déborde, et la perle qui en tombe est sonore. Il m'a toujours semblé que la musique ne devrait être que le trop plein d'un grand silence.»

Louisa Paulin: Lettre à Théophile Briant

«Il est difficile d’aimer et il est difficile de le
dire. Pour aimer il faut vaincre deux
égoïsmes, le sien et celui de l’autre. Pour le
dire, il faut vaincre le silence, le silence tout
puissant.»

Louisa Paulin: La chanson du silence

«Viens, nous entendrons, ce soir, la Chanson du silence,
la chanson qui commence,
quand s'achève, la nuit, le chant du rossignol
la chanson qu'on entend à la douce croissance de l'herbe,
la chanson de l'eau vive
qui se repose, un moment, au reflet d'un rameau
la chanson de la branche
qui frissonne et qui danse
délivrée du poids amoureux d'un oiseau
la secrète chanson berçant l'ombre bleuâtre
du lis défaillant de promesse printanière,
qui attend, pour fleurir, un signe de l'azur.»


Albert Samain: Silence !...
Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux;
Laisse mon cœur sur tes genoux.

Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.

La parole a des notes d'or;
Le silence est plus doux encor,
Quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.

Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...

Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.

La lampe douce se consume;
L'âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.

Oh! s'en aller sans nul retour,
Oh! s'en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d'amour!

Oh! s'en aller sans violence,
S'évanouir sans qu'on y pense
D'une suprême défaillance...

Silence !... Silence !... Silence !...

Ah! L'amour, toujours l'amour...
Dimanche prochain, le 14 février, je vous offrirai un «Spécial Saint-Valentin».

Je vous souhaite un bon et beau dimanche!

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