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samedi 31 janvier 2009

Aux champs avec Maupassant

Dans le dernier film Aux champs, le drame –car, c'en est un- se déroule à la campagne où l'ignorance crasse et la pauvreté la plus abjecte règnent en maître. Pour survivre, parents et enfants sont obligés de travailler ‹‹comme des bêtes››, comme le dit Charlot Tuvache dont la famille vit en harmonie avec les Vallin, leurs proches voisins. Mais… voilà que le Hasard vient semer la discorde. Un couple riche sans enfant, passant par là, offre aux Tuvache d'adopter leur bambin, Charlot, contre le versement d'une rente. Ils refusent net. Marie s'offusque et les met à la porte avec rudesse en vociférant. C'est leur droit! Par contre, les Vallin acceptent l'offre du couple et lui confient leur Jeannot. Madeleine se marche sur le cœur, se sacrifie pour assurer une meilleure vie à son p'tiot et sortir sa famille de la misère. C'est bien leur droit!

Cependant, Marie s'en mêle et condamne les Vallin, sans appel, et se pose en malfaisante justicière –c'est la source du drame. Elle persécute Madeleine, monte les femmes contre elle, lui fait une réputation de mère coupable et indigne. Bref, elle lui gaspille la vie. Marie est inflexible, elle préfère même laisser mourir son fils que d'accepter l'argent de Madeleine. La rancœur, la cruauté, la dureté de cœur de Marie atteint un paroxysme qui m'a chavirée. La souffrance de la douce Madeleine, rendue avec sobriété, fait peine à voir.

Quelque quinze ans plus tard, Jeannot devenu Jean Vallin Hubières vient visiter ses parents. Jean est un beau jeune homme, instruit et riche, un ‹‹monsieur›› aimable. Le village l'accueille avec joie et le fête. Les Vallin, endimanchés, sont au septième ciel. De surcroît, Jean annonce ses fiançailles avec ‹mademoiselle››, la fille d'un comte. Charlot Tuvache -resté Charlot- le prend de travers car il se dit que, c'est lui, lui, qui devrait être à la place de Jean si… Il retourne alors son dépit, son envie, son mal-être contre ses parents et, surtout, contre sa mère. Il lui lance à la figure les pires reproches, des paroles dures, blessantes et lui dit qu'il quitte la maison pour toujours. Le cœur de pierre de Marie se fracasse comme un cœur de verre. Elle perd le seul fils qui lui reste, elle perd sa raison de vivre, et de haïr. Sa vie s'écroule.

Le récit de Charlot, accusé d'avoir tué sa mère -du moins de l'avoir poussée au suicide- est émouvant. Les images de Marie avançant dans l'eau du ruisseau pour s'y noyer, entendant, dans sa tête, le chant des lavandières condamnant en termes durs et ironiques Madeleine, sont proprement insoutenables. L'image finale du film, celle du fils meurtri, enchaîné, accusé, peut-être, demain, condamné à la potence, m'a laissée dans un état de tristesse. Je mets au défi quiconque de rester insensible en voyant ce drame. Si vous avez manqué l'émission, courez voir la reprise! Vous m'en reparlez… [Rediffusion : lundi, le 2 février 2009, à 23h30].

vendredi 30 janvier 2009

Les avez-vous vus ?

V vous vus… quoi? Eh ben! Les quatre films de la série Chez Maupassant (billet du 30 janvier 2009.) Parole donnée, parole tenue! Je vous en reparle. Dans deux de ces films, il n'y a rien de pathétique. Dans La Chambre 11, Clarisse Amandon se déguise en petite bonne pour tromper son époux naïf. Elle se fait prendre, mais l'incident demeure sans suite fâcheuse. Chut, ils appartiennent à la bonne société! Tout au contraire, Monsieur le Président n'en saura rien, obtiendra une promotion, déménagera dans une grande ville où Madame pourra continuer, tout à son aise, son double jeu. La vie suivra son cours, et la potence aussi!

Dans Le Rosier de madame Husson, la bigote et mangeuse de balustre s'est mise dans la tête de doter sa petite ville d'une rosière. A son grand dam, aucune jeune fille ne correspondant au critère de pureté, elle se rabat sur le demeuré Isodore, chaste et modeste, à n'en pas douter. La ville se distinguera de ses voisines: elle aura un rosier plutôt qu'une rosière! Sauf... qu'ayant pris goût au vin, au cours du banquet donné en son honneur, la ‹‹fierté de Gisors›› s'enfuira à Paris grâce à sa bourse de 500 francs, se soûlera, se débauchera. Il reviendra dans un état lamentable. Ainsi, ce pauvre innocent déjouera les plans de madame Husson qu'il tournera en dérision. Julien Cottereau campe un Isidore remarquable. Avant lui, Fernandel et Bourvil avaient joué ce rôle avec brio. À mon avis, ça prend de grands acteurs pour bien rendre le rôle d'un simple d'esprit!

Dans Ce cochon de Morin, la méchanceté et la hargne sont à l'œuvre. On n'est plus dans le même registre. Le naïf et imaginatif Morin se fait avoir par une fausse vertueuse, pour lui avoir volé un baiser –passionné, il est vrai- dans le train. Son arrestation cause un scandale dans sa petite ville. Il en est humilié: on grogne sur son passage, on l'ostracise, on le traite de cochon. Son ami journaliste, expert en séduction et donneur de ‹‹bons›› conseils, le sauvera du déshonneur en plaidant sa cause auprès de l'oncle de l'orpheline qui, finalement, retirera sa plainte. Dans un jeu de séduction plein de finesse, la blanche colombe finira par se montrer sous son vrai jour. La bonne société finira par oublier, mais pas sa femme qui, elle, n'aura cesse de l'appeller cochon de Morin. Et, c'est bien ce qui est pénible! Elle lui tiendra rancœur, et le houspillera jusqu'à son dernier souffle. Il se vengera, le pauvre, en mourant le jour de son anniversaire. Vengeance dérisoire d'un faible dominé par sa mégère !

Je peaufine mon texte sur le quatrième téléfilm, de loin mon préféré, et je vous reviens. À demain!

mardi 27 janvier 2009

Le passeur gourmand

Dans le journal Le Monde du 25 de ce mois, Alain Constant signe un article au titre évocateur : ‹‹François Busnel, le passeur gourmand.›› Or quelques jours auparavant, je vous signalais justement cette émission littéraire formidable: La Grande Librairie (billet du 25 janvier 2009). C'est, tout de même, étonnant ce qu'on peut découvrir par soi-même sur internet, si on sait chercher et élaguer ! Grand et habile lecteur, souriant, aimable, calme, attentif, François Busnel sait écouter –qualité rare, s'il en est une-, sait interroger sans bousculer mais sans complaisance. En plus, il anime l'émission en direct et sans oreillette, nous apprend Alain Constant. Décidément, il a une gueule d'atmosphère*, ce Busnel, et une belle gueule !*

Voici, tiré du même article, le témoignage éloquent de Bernard Pivot: ‹‹Busnel pose les bonnes questions. En revenant aux fondamentaux (sic), sans mélanger les genres, une vraie émission littéraire.›› Alain Constant termine par une formule percutante :‹‹Paroles d'un maître.›› En voilà assez, je pense, pour vous convaincre de regarder, quand bon vous semble, La Grande Librairie, cette émission accessible en vidéo, agrémentée par les dessins et mots spirituels de Jules.

Réf. : Le Monde, version électronique, 2009.01.25, p.9

*‹‹[…] la réplique d'Arletty dans Hôtel du Nord de Prévert et Carné : « Atmosphère, atmosphère !... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? »)›› Le Petit Robert électronique.

lundi 26 janvier 2009

Jour de Fête

Non, mon billet ne traite pas du film Jour de Fête de Jacques Tati, que je revois durant les Fêtes, année après année, sans me lasser. J'y retrouve avec plaisir l'ineffable Tati en facteur, tout aussi déglingué que son vélo. Un chef d'œuvre en noir et blanc de 1949. La version restaurée et en couleurs datent de 1995.Voyez, ou revoyez, de belles images du film et lisez des informations extrêmement intéressantes à l'adresse suivante:

Merci à l'auteur de cette page où j'ai tiré cette image du DVD.

http://pagesperso-orange.fr/topsurf/films/jourdefete.htm


Aujourd'hui, 26 janvier 2009, je veux vous signaler la célébration de la Fête du Printemps, ou Chunjie, qui marque l'arrivée du Nouvel An lunaire, année du buffle. C'est jour de fête pour des milliards d'Asiatiques, le plus fort pourcentage de la population mondiale (voir : populationdata.net). De joyeuses célébrations qui dureront une semaine ! Vivat !

mercredi 21 janvier 2009

Michel Quint en deux temps

La ligne de démarcation est Effroyables Jardins, paru chez Joëlle Losfeld, en 2000. Avant ce roman, Michel Quint était un auteur de polars et de pièces de théâtre, talentueux mais connu que par les seuls initiés. Puis, vint ce court (63 pages), et douloureux, récit que les libraires de France ont fait connaître. Le bouche à oreille a fait son œuvre… Depuis ce temps, Michel Quint est un romancier célèbre.

Et Max, me direz-vous? Ce roman est un double dialogue. Celui de Jean Moulin, ce héros de la Résistance française alias Jacques Martel, alias Max. Et celui d'une étudiante fictive, nommée Agathe. L'histoire, basée sur un rappel de faits authentiques, se situe à Lyon en janvier 1943, quelques mois avant l'arrestation de Jean Moulin. Michel Quint sait raconter des moments douloureux de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale à partir d'histoires de personnages attachants, sans juger. Il sait faire ressortir l'humanité ‹‹contre toute espérance››

Cela dit, je suis convaincue qu'il vaut la peine de lire Max, et je vous invite à le faire. Vous hésitez… je comprends –surtout si vous n'avez pas lu Effroyables Jardins. Donc, je le lis et j'en ferai un compte rendu.

Disponible chez Gallimard Montréal, et dans d'autres librairies, 31.95$. http://www.gallimardmontreal.com/books/view/199792

mardi 20 janvier 2009

La Grande Librairie

En ce mémorable 20 janvier 2009, je ne saurais passer sous silence l'assermentation de Barack Hussein Obama, le 44ième Président des États-Unis d'Amérique. En ce jour, un vent d'espoir se lève sur ce pays et le monde. Un vent de changement qui annonce un monde meilleur. Puissent les augures vous être favorables, Mr President !

Le visionnement du Café littéraire (voir le billet du 15 janvier 2009), a tourné court. Hélas ! Mon enregistrement a flanché au début de l'entrevue de Michel Quint. Ma déception fut de courte durée, car j'ai repéré sur France5 une émission littéraire ‹‹For me, for me, formidable››, comme le dit la chanson du grand Bécaud, La Grande Librairie, animée par François Busnel, que l'on peut voir en vidéo, à son gré. En fouillant dans les Archives, j'ai trouvé l'émission du 4 décembre 2008, et… vous le devinez, Michel Quint est l'un des invités. Je visionne l'émission et vous reparle demain. Voir le site de l'émission:

http://www.france5.fr/la-grande-librairie/index.php?page=article&numsite=1403&id_article=7316&id_rubrique=1406


dimanche 18 janvier 2009

Cachez vos lunettes ! Voilà Dantzig !

Hier soir, je naviguais au hasard, ramant dans le sens du courant, bien assise au fond de ma chaloupe Verchères. J'eus la ‹‹funeste›› idée d'accoster sur les rives de BibliObs. ‹‹Quoi ? Un autre Dantzig !››En effet, Charles Dantzig [de son vrai nom Grégoire Leménager, patronyme qui lui sied fort mal] vient de publier une deuxième brique.

Le précédent, Dictionnaire égoïste de la littérature française, publié chez Grasset en 2005 compte 908 pages. J'ouvre ce livre au hasard, un vieux truc…, et je tombe sur ‹‹Donc, il faut que, parce que : Le donc, avec son air franc, peut-être la plus spécieuse conjonction de la langue française. Un écrivain écrit une assertion, pose donc, et tire une conclusion. Or (conjonction), il ne peut y avoir aucun rapport avec son assertion et sa conclusion. Peu importe, il écrit donc ! Nous sommes entraînés. Bientôt convaincus. Autant dire esclaves. […]›› Puis, l'auteur décortique une phrase de Jouvet, dit son horreur des conjonctions imposantes, mentionne Shakespeare, Yourcenar, Morand. Et tout cela, dit-il en substance, c'est la faute des Français qui veulent avoir raison.

Eh bien dis donc ! Or donc, voici que… dans mon billet du 14 janvier 2009, ainsi titré, j'abordais, sous l'angle de l'humour, syllogisme, paradoxe, et jugement circulaire qui nous envahissent, bien souvent à notre insu. Il faut donc rester vigilant parce quecomme de raison… sinonvous voyez ce que je veux dire. Quel grand art est celui de ne pas finir ses phrases ! J'y reviendrai un de ces quatre.

À la lettre A, de ce Dictionnaire égoïste, on trouve : Action [c'est l'introduction au livre] ; Adjectifs, adverbes ; Admirateurs ; Adolphe ; Âge des écrits, etc. Le procédé est le même pour chacune des lettres de l'alphabet, mot qui, curieusement, n'y est pas commenté.

Voyons maintenant la dernière entrée du Dictionnaire égoïste, zoo. Je lis : ‹‹Eh bien, les enfants, c'est l'heure de la fermeture. Mon troupeau d'écrivains s'en va rentrer à l'étable, et mes lionnes d'idées rôder dans la savane. […]. L'infanterie d'écrivains, que l'auteur voyait passer devant lui, dans son introduction, s'est radicalement métamorphosée en troupeau… C'est grossier !

Dans le Dantzig, on trouve de tout, et son contraire : grossièreté et finesse, propos justes et jugements à l'emporte-pièce, cohérence et contradictions. Mais jamais de banalités, d'emprunts. C'est un livre original, brillant, drôle, satirique. Un livre unique signé par un érudit qui nous cause maintes émotions, car il choque autant qu'il enchante. Un livre unique, vous dis-je, qui devrait loger dans toute bibliothèque, privée ou publique [demandez-le, exigez-le]. Il vaut la peine de se le procurer, si ce n'est déjà fait, et de le consulter avec ouverture, et grande liberté d'esprit.

Voilà que vient de paraître, quatre ans plus tard, Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, 798 pages. Pour l'heure, ce que j'en ai lu sur internet me laisse perplexe. Des listes, des listes, et encore des listes. Dans BibliObs, on l'appelle ‹‹ Dantzig de la Mirandole›› ; dans Le Monde, ‹‹Charles Dantzig tête de listes›› Didier Jacob nous renvoie au ‹‹McSweeney's Book of lists››: Une suite de listes, aux intitulés loufoques, mis (sic) en ligne par les internautes. Délirant et génial­­­­, dit-il. Ça vaut le coup d'œil !

Ce nouveau Dantzig souffrirait-il de listérite ? Pour ma part, je vais attendre de le feuilleter en librairie avant de l'acheter. C'est sûrement plus prudent.

Dictionnaire égoïste de la littérature française, Grasset, 2005, 908 pages. Chez Gallimard Montréal , 49,95$, et dans d'autres librairies. http://www.gallimardmontreal.com/books/view/55780

Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, Grasset 2009, 792 pages.

http://bibliobs.nouvelobs.com/ du 15/01/2009

http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/01/08/encyclopedie-capricieuse-du-tout-et-du-rien-de-charles-dantzig_1139175_3260.html

http://www.mcsweeneys.net/links/lists/ [On peut y ajouter sa liste ! Allez ! Soyons inventifs !]

jeudi 15 janvier 2009

Ce soir, je vous invite au Café littéraire

Je vous invite à voir (ou à enregistrer) l'émission bimensuelle Café littéraire diffusée à tv5, les jeudis, à 23h30. Émission animée par Daniel Picouly, tout sourire.

‹Le principe, lit-on sur le site de l'émission, est de raconter, une heure et demie durant, une belle histoire autour d'un livre, de son actualité et de ses auteurs dans une ambiance à la fois chaleureuse, détendue et instructive.› Vous en jugerez par vous-même ! Mais à mon avis, la promesse est tenue avec brio.

Aujourd'hui, au sommaire de ce numéro [comme disent joliment les Français] consacré à Pascal Sevran:‹Philippe BESSON, « La trahison de Thomas Spencer » (Robert Laffont/Julliard), Renaud CAMUS « Le royaume de Sorbarde » (Fayard), Azouz BEGAG, « La fosse aux ours » (Fayard), parleront de Pascal Sevran. Avec une entrevue enregistrée de Laurent BALANDRAS, auteur de « Pascal Sevran, le maître chanteur : l'homme à qui la chanson ne doit rien » (Tournon). Michel QUINT, « Max » (Perrin) Nan AUROUSSEAU, « Le ciel sur la tête » (Stock); André BERCOFF, « Précis de décomposition française » (Albin Michel).›

Je ne saurais assez vous dire combien j'ai hâte d'entendre parler du dernier livre de Michel Quint. Si vous avez lu Effroyables jardins, je suis certaine que vous partagez mon impatience.

mercredi 14 janvier 2009

Or donc, voici que…

On connaît tous le célèbre syllogisme d'Aristote, à la logique implacable : ‹Tous les hommes sont mortels. Or, Socrate est un homme. Donc, Socrate est mortel.› Mais saviez-vous que Eugène Ionesco, accompagné de la Cantatrice chauve, tenant en laisse son Rhinocéros, tourna et retourna ce syllogisme dans sa tête. Pour passer le temps En attendant Godot. C'est ainsi, paraît-il, que le pataphysicien pondit son non moins célèbre syllogisme : ‹Tous les chats sont mortels. Or, Socrate est mortel. Donc, Socrate est un chat.›­* La Cantatrice s'esclaffa bien haut, le Rhinocéros barrit, et Ionesco sourit, fier d'ajouter une absurdité à son répertoire.

Le gruyère, quant à lui, délicieux, sait se montrer amusant… Plus il y a de gruyère, plus il y a de trous. Plus il y a de trous, moins il y a de gruyère. Donc, plus il y a de gruyère, moins il y a de gruyère. Et vlan ! Nous tombons dans le paradoxe. Au fait, vous rappelez-vous l'annonce de la saucisse Hygrade ? Elle serinait : ‹Plus de gens en mangent, plus elle est fraîche. Plus elle est fraîche, plus de gens en mangent.› Eh oui! Quand le jugement fout le camp (titre de l'essai de Jacques Grand'Maison), on résonne sous l'enseigne de la saucisse! Y a-t-il de quoi en faire un plat? Un bon plat?

Source: Au bonheur des mots, Claude Gagnière, Robert Lafont, 1989, 743p. à la p.694.

mardi 13 janvier 2009

Contes et nouvelles de Maupassant

À la suite de Gilles Archambault [Le Devoir, 20 décembre 2008], je vous signale la parution de l'édition complète des Contes et nouvelles de Guy de Maupassant, chez Omnibus, 928p. Je vous donne à lire la quatrième de couverture. On ne saurait dire mieux.

"M. de Maupassant est certainement un des plus francs conteurs de ce pays, où l'on fit des contes, et des si bons. Sa langue forte, simple, naturelle, a un goût de terroir qui nous la fait aimer chèrement. Il possède les trois grandes qualités de l'écrivain français, d'abord la clarté, puis encore la clarté et enfin la clarté... (...) Il est plus varié dans ses types, plus riches dans ses sujets qu'aucun autre conteur de ce temps. On ne trouve gère d'imbéciles ni de coquins qui ne soient bons pour lui et qu'il ne mette en passant dans son sac. Il est le grand peintre de la grimace humaine. Il peint sans haine et sans amour, sans pitié et sans colère, les paysans avares, les matelots ivres, les filles perdues, les petits employés abêtis par le bureau et tous les humbles en qui l'humilité est sans beauté comme sans vertu. Tous ces grotesques et tous ces malheureux, il nous les montre si distinctement, que nous croyons les voir devant nos yeux et que nous les trouvons plus réels que la réalité même. Il les fait vivre, mais il ne les juge pas."

Certains ont des réserves plus ou moins justifiées; d'autres trouvent ses contes et ses nouvelles de peu d'intérêt, d'une mièvrerie à faire mourir : un style ordinaire, des personnages sans profondeur, et quoi encore. Bref, des textes sans portée. Ah! Grand dieu (des routes), s'ils eussent été Maupassant, ce qu'ils auraient écrit… Soupirons en chœur, et avec cœur, sur ce que nous avons manqué. Peut-être qu'un autre Maupassant, tel un Phoenix, surgira des cendres du prénommé Guy!

lundi 12 janvier 2009

Voir, et aimer, Maupassant

Je vous invite à voir la série d'émissions Chez Maupassant, au canal tv5. Vous ne le regretterez pas, je vous l'assure !

La semaine passée, j'ai vu La Chambre 11. La distinguée madame Clarisse Amandon, épouse du non moins distingué M. le Premier Président Amandon, s'épivarde, déguisée en petite bonne, sous le nom de Marguerite, dans un petit hôtel de rien du tout !C'était d'une finesse, d'une ironie, d'une drôlerie… De belles images de… 1884, de bons acteurs. L'histoire comme vous l'avez imaginée...

Cette semaine, mardi 13 janvier, à 21h00 : Le rosier de Madame Husson ; le 20, Ce cochon de Morin ; le 27, Aux champs.Voyez pour voir… et on s'en reparle.

Consulter: Maupassant par les textes. Site de l'association des amis de Guy de Maupassant. http:// Maupassant.free.fr/

http://www.tv5.ca/emissions/chez-maupassant-100192940.html

dimanche 11 janvier 2009

Combo d’humour !

Voici un combo de trois! Vous voyez l'astuce sous la puce, aux oreilles!

Il y a trois choses vraies : Dieu, la sottise humaine et le rire. Puisque les deux premiers dépassent notre entendement, nous devons nous arranger au mieux avec la troisième. [John F. Kennedy]*

À l'éternelle triple question, toujours demeurée sans réponse : 1. Qui sommes-nous? 2. D'où venons-nous? 3. Où allons-nous? Je réponds : En ce qui me concerne personnellement : Je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne. [Pierre Dac]*

Vous êtes un idiot en trois lettres… et je vous dis zut en cinq. [Maurice Chapelan]*

Source: Au bonheur des mots, Claude Gagnière, Robert Lafont, 7430, aux pp. 712 et 714

Des frères Grimm à NeigeNoire

Les Européens ont eu le privilège de l'original, Contes d'enfants et du foyer, signés par les inséparables et sympathiques frères Grimm, écrivains et philologues allemands. Dès 1806, ils collectent les contes traditionnels allemands racontés aux enfants, les notant avec une précision scientifique.Dans un premier temps, ils transcrivent mot à mot ces vieilles histoires racontées dans leur entourage ou dans les classes populaires ou rapportées par leurs collaborateurs. Puis, ils synthétisent les différentes versions d'un même conte et expurgent ce qui leur semble trop cru. Et enfin, ils rédigent les contes dans un style fascinant où se mêlent poésie, beauté et cruauté. Publiés en deux parties, en 1812 et 1815, les Contes d'enfants et du foyer ont été suivis par un volume de notes et de variantes, en 1822. Un travail de moines.

Les Américains ont droit à une première adaptation, en 1916. Le prolifique Searle Dawley, réalise un film d'une heure, film muet en noir et blanc, Blanche-Neige (que j'aimerais bien voir !). Puis, en 1937, Walt Disney lance un premier long métrage d'animation, Blanche-Neige et les Sept nains, propulsant les studios Disney et le conte des frères Grimm. Un film couleur, plein d'innovations techniques et artistiques. C'est un succès international !

Eh bien, c'est au tour des Québécois d'avoir leur adaptation du conte, en 2007, NeigeNoire et les sept chiens ! grâce à Victor-Lévy Beaulieu, un de nos grands écrivains.

Ainsi, Blanche-Neige est, à l'origine, une histoire racontée aux frères Grimm par une vieille paysanne allemande (que j'imagine édentée, allez savoir pourquoi) qui, elle, la tenait de ses ancêtres. De fil en aiguille, ce conte est arrivé dans la campagne d'ici, avec les sept chiens du vieux de la vieille bien de chez nous. Et ce, 195 ans après le conte des frères Grimmm, et 70 ans après le film d'animation de Disney. Il nous appartient d'en faire un classique qui s'ajoutera aux deux autres.

samedi 10 janvier 2009

Neigenoire et les sept chiens

Vous avez reconnu NeigeNoire… Voici ma critique du livre où habite cette fillette de papier, mais si vivante, si émouvante, qu'on la croirait de chair et d'os. On l'adopte, on l'aime!

NeigeNoire et les sept chiens

Victor-Lévy Beaulieu. Illustrations Mylène Henry
Les Éditions Trois-Pistoles
Couverture à rabats - papier glacé
2007 - 114 pages - 29,95$

Des plaisirs pour l'œil! Des douceurs pour les doigts !

Un bonheur de lecture !

Feuilleter ce livre, c'est comme visiter un magasin de bonbons. Du papier glacé tout doux. Des pages de toutes les couleurs –roses, mauves, turquoise, rouges… Du texte en noir, en blanc, orangé, violet, rouge… Une pagination folichonne. Et quelle typographie! «chair de poule», «m'effraya ». «...les yeux aussi petits que des trous de souris » : en tout petits caractères. Le mot «boulette» prend la forme d'une boulette. Tous les éléments forment, pourtant, un ensemble harmonieux au service du texte et des émotions qu'il suscite, tout comme les superbes illustrations de Mylène Hardy. Je vous invite à visiter sa galerie d'art, cela vous en donnera une juste idée de son talent créateur. htt://www.mylenehenry.com/

Des plaisirs pour l'œil ! Des douceurs pour les doigts !

Le titre, Neigenoire et les sept chiens, vous fera penser à Hubert Aquin**, bien qu'il n'y ait aucun rapport entre les deux livres. Votre enfant (ou l'enfant à qui vous l'offrirez) sera surpris: la neige est blanche, dira-t-il, et le conte qu'il connaît, c'est «Blanche Neige et les sept nains». Il découvrira vite que Neigenoire est une petite Québécoise aux cheveux crêpus, belle comme un cœur. Elle vit à la campagne, et son père travaille chez Purolator. Les amis qui l'aideront à se sortir des griffes de la méchante tante Gertrude, une vraie sorcière jalouse de sa beauté, seront les sept chiens dotés du don de la parole. Leur préféré sera, probablement, Numéro-Deux, un poète, rêveur et joueur de tours.

L'histoire se déroule sur un rythme époustouflant, mais elle finira bien… heureusement. Le texte est rempli de références subtiles. Certaines s'adressent à votre enfant, et d'autres sont pour vous.

Un bonheur de lecture ! Un conte hors de l'ordinaire.

** NEIGE NOIRE – ainsi titré sur la couverture – roman de Hubert Aquin, Les Éditions La Presse, Alain Stanké, directeur, 1974. (Il se vendait $5.50… en 1974!)

vendredi 9 janvier 2009

En hommage aux fillettes du Costa Rica

Hier, un tremblement de terre a durement frappé le Costa Rica. Le séisme, avec un épicentre d'une magnitude de 6,1 à l'échelle de Ritchter, a entraîné des glissements de terre, provoqué des dégâts, et surtout fait de trop nombreuses victimes dont des fillettes.
Cet événement tragique m'a fait penser à cette fillette, personnage centrale d'un livre, venue justement du Costa Rica rejoindre son père, un Québécois pure laine, qui y passait ses vacances d'hiver. Sa mère étant morte là-bas, la fillette vient vivre au Québec où elle vit une aventure racontée avec verve par un grand auteur.
Vous devinez de qui je parle? Cette fillette de papier vous la connaissez?
On s'en reparle demain!

mercredi 7 janvier 2009

2009 est l'année internationale de l'astronomie

Nous passons donc de l'année internationale de la pomme de terre, familièrement nommée patate, à l'année du ciel, des étoiles, des astres, des planètes, et quoi encore.
Vous voyez le lien entre patate et ciel? Moi, si. Il faut avoir le ventre plein pour contempler le ciel.
Passons donc d'un monde sans faim (utopique...) à un monde sans fin...
***
« Par l'astronomie, la science humaine sort de la terre, embrasse l'univers » (Renan - cf.: Le Petit Robert)

Mes meilleurs voeux!

À l'aube de cette année, je vous présente mes meilleurs voeux pour 2009!
Que cette nouvelle année vous apporte de la joie, de la santé, et mille bonheurs de lecture!
Paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté... c'est à souhaiter, et à espérer...Voir ma carte:
http:/www.vodeo.tv/voeux2009/visualisation.php?id

jeudi 1 janvier 2009

Boris Vian, au théâtre, avec L'écume des jours

Boris Vian: parolier, amateur éclairé de jazz, trompettiste, chroniqueur de jazz, directeur artistique (chez Philipps, puis Fontana). Il s'adonnait au dessin et à la peinture. Il inventait des meubles et des instruments de musique bizarroïdes, et les fabriquait. Créatif, doué d'une imagination débordante, plein d'humour et de fantaisie, bref il était bourré de talents, et tout lui réussissait. Il aimait la vie... La Morta, la troisième des Parques*, celle qui coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de chaque mortel, coupa le sien à 40 ans; elle l'avait à l'oeil depuis l'âge de douze ans. Menant une vie bien remplie, il nous laisse une oeuvre originale, et nombreuse.
Boris Vian était écrivain, romans, nouvelles, poèmes, pièces de théâtre: c'est connu. Mais, saviez-vous que vous pouvions voir du Boris Viau, au théâtre, sans vous déplacer? Qui plus est, le roman culte L'Ecume des jours... Cet «hymne à la jeunesse, à l'amour et à la fantaisie est représenté sur les planches dans une version allemande sous titré (sic) en français.» Une gracieuseté de Arte.tv et Festival Premières. Un peu plus d'une heure, 01:17:02, de pur enchantement. Un, deux, trois! Rideau!
___
*La première des Parques, Nona –jeune et belle- tient le fil de la destinée de chaque vie humaine. La deuxième, Decima –sage et sévère- met le fil sur le fuseau. Toutes deux tissent la trame de la destinée de chacun. (j'en parlai dans mon billet du 3 février 2009, ici sur Littéranaute)
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