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samedi 31 janvier 2009

Aux champs avec Maupassant

Dans le dernier film Aux champs, le drame –car, c'en est un- se déroule à la campagne où l'ignorance crasse et la pauvreté la plus abjecte règnent en maître. Pour survivre, parents et enfants sont obligés de travailler ‹‹comme des bêtes››, comme le dit Charlot Tuvache dont la famille vit en harmonie avec les Vallin, leurs proches voisins. Mais… voilà que le Hasard vient semer la discorde. Un couple riche sans enfant, passant par là, offre aux Tuvache d'adopter leur bambin, Charlot, contre le versement d'une rente. Ils refusent net. Marie s'offusque et les met à la porte avec rudesse en vociférant. C'est leur droit! Par contre, les Vallin acceptent l'offre du couple et lui confient leur Jeannot. Madeleine se marche sur le cœur, se sacrifie pour assurer une meilleure vie à son p'tiot et sortir sa famille de la misère. C'est bien leur droit!

Cependant, Marie s'en mêle et condamne les Vallin, sans appel, et se pose en malfaisante justicière –c'est la source du drame. Elle persécute Madeleine, monte les femmes contre elle, lui fait une réputation de mère coupable et indigne. Bref, elle lui gaspille la vie. Marie est inflexible, elle préfère même laisser mourir son fils que d'accepter l'argent de Madeleine. La rancœur, la cruauté, la dureté de cœur de Marie atteint un paroxysme qui m'a chavirée. La souffrance de la douce Madeleine, rendue avec sobriété, fait peine à voir.

Quelque quinze ans plus tard, Jeannot devenu Jean Vallin Hubières vient visiter ses parents. Jean est un beau jeune homme, instruit et riche, un ‹‹monsieur›› aimable. Le village l'accueille avec joie et le fête. Les Vallin, endimanchés, sont au septième ciel. De surcroît, Jean annonce ses fiançailles avec ‹mademoiselle››, la fille d'un comte. Charlot Tuvache -resté Charlot- le prend de travers car il se dit que, c'est lui, lui, qui devrait être à la place de Jean si… Il retourne alors son dépit, son envie, son mal-être contre ses parents et, surtout, contre sa mère. Il lui lance à la figure les pires reproches, des paroles dures, blessantes et lui dit qu'il quitte la maison pour toujours. Le cœur de pierre de Marie se fracasse comme un cœur de verre. Elle perd le seul fils qui lui reste, elle perd sa raison de vivre, et de haïr. Sa vie s'écroule.

Le récit de Charlot, accusé d'avoir tué sa mère -du moins de l'avoir poussée au suicide- est émouvant. Les images de Marie avançant dans l'eau du ruisseau pour s'y noyer, entendant, dans sa tête, le chant des lavandières condamnant en termes durs et ironiques Madeleine, sont proprement insoutenables. L'image finale du film, celle du fils meurtri, enchaîné, accusé, peut-être, demain, condamné à la potence, m'a laissée dans un état de tristesse. Je mets au défi quiconque de rester insensible en voyant ce drame. Si vous avez manqué l'émission, courez voir la reprise! Vous m'en reparlez… [Rediffusion : lundi, le 2 février 2009, à 23h30].

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