}

lundi 4 janvier 2010

Albert Camus - Philosophe / Sherman - Onfray - Guérin - Sartre - Dantzig / Des Racines et des Ailes - tv5

Le 4 janvier 1960, Albert Camus -né à Mondavi, en Algérie, en 1913- mourait dans un accident de voiture, à 47 ans.«Des décombres, maculée de boue, on extrait la serviette d'Albert Camus. A l'intérieur, donc, les 144 feuillets du «Premier Homme». Ce chef-d'œuvre, sur sa mère, sur son Algérie natale, ne paraîtra que bien plus tard, en 1994. Pour tous les amoureux de Camus, le choc provoqué par ce dernier livre sera immense. Avec lui, l'écrivain accède encore un peu plus à l'immortalité.»(1) Alain Finkelkraut consacre, dans son récent livre «Un cœur intelligent», un chapitre au «Premier Homme».

Camus, un philosophe de notre temps
Prix Nobel de littérature en 1957

David Sherman
.(2) Longtemps dénigré par l'intelligentsia française, Camus connaît aujourd'hui une véritable «reconnaissance» selon le mot de David Sherman. Souleymane Bachir Diagne souscrit à ce point de vue. «L'effondrement des certitudes idéologiques fait que Camus n'est plus persona non grata et mérite d'être redécouvert comme l'écrit Sherman "un philosophe de notre temps ".
Depuis la chute du mur de Berlin, l'heure est en effet, écrit Sherman, à l'engagement au profit de valeurs «éthico-politiques cosmopolites telles que le dialogue entre les cultures et les droits de l'homme», état d'esprit qui rencontre exactement l'attitude de Camus. Il souligne aussi un autre aspect très actuel de la position de l'écrivain français, son refus de l'esprit de système au profit d'une observation attentive du monde réel.

Michel Onfray. Il du même constat: «Nous sommes sortis de l'ère idéologique. Aujourd'hui, l'Histoire a donné raison à Camus. Il devient ce qu'il était: un grand lucide... (...) Camus a critiqué très puissamment le capitalisme, la déshumanisation de toute politique à droite comme à gauche. La justice sans la liberté, c'est la dictature; la liberté sans la justice, c'est la loi du plus fort: il voulait la justice et la liberté, ce qui faisait de lui un libertaire... » Michel Onfray se réclame de Camus dans «La Pensée de Midi»

Roger Guérin. «Il y a bien un recours massif au Camus citoyen. (…) Les courants modernistes démocratiques se sont mis à le citer. (…) Au fond, ce qui séduit chez Camus, c'est une attitude, où l'homme et l'œuvre s'accordent, et qui permet à chacun d'y trouver quelque chose à saluer. La figure du franc-tireur est bien pratique. Mais rien ne résiste mieux aux caprices de l'Histoire qu'un humanisme vissé au corps. Celui de Camus l'a mené à s'insurger contre les moyens utilisés à Hiroshima, à être un pionnier de l'idée européenne », ou encore à écrire « Ni victimes ni bourreaux » dès 1946, (…) un grand texte sur la mondialisation, avec l'idée qu'il faut un "nouvel ordre international", puisqu'"il n'y a plus d'îles et les frontières sont vaines". Et en effet, les frontières n'ont arrêté ni le nuage de Tchernobyl, ni H1N1, ni la crise des subprimes. Son mondialisme est un altermondialisme »
«Oui, mais attention, Camus, ce n'est pas l'humanitarisme médiatique à la "Bernard-Henri-Lévy". Il est à BHL ce qu'Edith Piaf est à Vanessa Paradis », martèle Guérin, qui met en garde contre toutes sortes de récupérations.

Jean-Paul Sartre et les siens
«Il reste une vieille garde sartrienne(…), dit Roger Guérin. Naturellement, il se trouve toujours un Charles Dantzig pour dénoncer « le triomphe de la pensée moyenne », ou trouver qu'il arrive à Camus d'être « si scolaire qu'on dirait un écrivain pour étudiants de français langue étrangère ». Mais avec la fin des idéologies, proclamée au risque d'ignorer celles qui sévissent désormais, on lui fait si volontiers jouer le rôle du philosophe pour phase terminale qu'«il est très difficile d'être anti-camusien aujourd'hui...», résume Guérin.
Camus a gagné. Par K.-O., dans le chaos.
La pensée »modeste» qu'il revendiquait reste un vaccin contre tous les dogmes.
Roger Guérin


Une œuvre d'homme n'est rien d'autre
que ce long cheminement pour retrouver dans les détours de l'art
les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert.
Albert Camus


Il ne peut y avoir des plus belles invitations à lire, et relire, son œuvre. À tout le moins, ses principaux ouvrages. Des lectures essentielles en cette «Année internationale du rapprochements des cultures», en faveur de la Paix. J'y reviendrai, comptez sur moi...

En terminant, je vous invite à voir l'émission prestigieuse «Des Racines et des Ailes», sur tv5, lundi le 4 janvier 2010.
À Venise!

«Des racines et des ailes» installe son plateau à Venise, place Saint-Marc, dans le palais des Doges, un lieu unique au monde. Il nous racontera la passionnante histoire des doges de l'ancienne république de Venise qui domina la Méditerranée pendant plusieurs siècles, jusqu'à sa chute en 1797 et sa conquête par Napoléon.
Venise, «la Sérénissime», ville des arts, des artistes, des musées. Belle ville, ville du Beau! Entre autres, Dans un de ses reportages, «Des racines et des ailes nous fera visiter visitera le nouveau, et splendide, musée Pinault situé à la Pointe de la Douane, face à la Place Saint-Marc. (ci-contre)
Venise, c’est aussi un lieu de vie. Nous irons donc à la découverte des villas de la «terra ferma». Ces somptueuses demeures qui furent édifiées par les grandes familles vénitiennes à la fin du XVe siècle: de véritables joyaux méconnus et peu, ou même pas, accessibles.

Bonne journée!
___
Source principale: «Camus, le nouveau philosophe», par Grégoire Leménager et Baptiste Touverey, sur BibliObs.
(1) «Les dernières heures d'Albert Camus», par Jérôme Dupuis, L'Expresse.fr. Un article touchant.
(2) «Camus», David Sherman, Wiley Blackwell, 2009. Disponible en anglais seulement.
«Camus, le retour en grâce», Bachir Diagne, Revue critique du livre de David Sherman, sur Wikio.
Paperblog