}

vendredi 7 août 2009

Brèves... de testament

Vous l'aurez deviné... mes «Brèves... de testament» ont été inspirées par le «Testament d'un excentrique», de Jules Verne. Et, plus particulièrement, par trois passages. «Et voici ce à quoi Wiiliam J. Hypperbone avait réfléchi depuis sa résurrection, et le parti auquel il s'était arrêté -ce qui ne saurait étonner d'un pareil personnage.» Plus loin, notre faux-mort, qui a quitté le cimetière avant le jour du jugement dernier, précise son idée: :«Je vais ajouter un codicille à mon testament et introduire un septième personnage, qui sera William J. Hypperbone sous les initiales de X K Z». Et, enfin, cet aveu de l'excentrique: «(...) Puisque je ne me suis distingué par aucune excentricité jusqu'ici, au moins vais-je me monter excentrique sous le couvert de ma fausse mort.»

Il est vrai que l'excentrique, disons le faux-excentrique, ne peut prendre à son compte le fait qu'il ait été enterré vivant... Ce qui n'est pas banal. Son état cataleptique engendré par une congestion, le 1er avril (Oh! la la), ayant été confondu avec la mort réelle par les docteurs et corroborée par les fameux rayons du professeur Fréférick d'Elbing. Décidément, on ne peut plus se fier à personne...
Pince sans rire, Jules Verne ajoute qu'il est heureux que dans son testament notre milliardaire n'ait pas exprimer «dans son testament, la volonté d'être embaumé après sa mort (un lapsus?), car, assurément (...) il n'en serait pas revenu. Après cela, un homme si chanceux...»
«Il a l'air sinistre (m'écrit le Petit Robert), mais c'est un pince-sans-rire» Allons-y, à notre tour, sur un air rieur, sans en avoir l'air!

*Anecdotes notariales
Dans l'exercice de ses fonctions, le notaire -on le sait- est un homme sérieux, à l'apparence sévère, parlant d'une voix monocorde en toutes circonstances. Toutefois, rien n'interdit qu'il se pince, discrètement, lorsqu'il entend des mots déformés.
__ Monsieur le notaire, je voudrais ajouter un «crodicille» à mon testament... je voudrais signer un «bail antibiotique»... je voudrais signer un «chèque en bonne uniforme».
À la croque au sel. Codicille, crodicille, crocodicille, colibacille, cédille, cédicille, cécille, saintecécille, pourquoi pas faucille!

__ Un testateur, dans son codicille olographe, remercie Saint-Joseph pour sa maternelle protection et l'inplore de lui sonner la santé pour faire une belle mort et demande, ne voulant pas se retrouvé «refroidi» un bon matin, d'être incendié.
À la croque au sel. Voilà un testateur qui souffle le froid et le chaud. On ne sait pas si ce codicille laissa ses héritiers froids, ou s'ils prirent le feu... Ou si notre homme mourut en bonne santé sous la haute protection de la mère Joseph.

__ Dans un autre testament olographe, intitulé «Testament oléographe», le notaire a lu ceci: «Je recommande mon âne à Dieu.»
À la croque au sel. «Pas de chance, c'est complet. L'enclos est plein. Retournez d'où vous venez. Désolé!», lui dit Saint Pierre, le répartiteur en chef. Ninon était absente, ce jour-là. Autrement, elle aurait intercédé en sa faveur.

Des notaires auraient aussi avantage à relire ce qu'ils écrivent. Procédant à un inventaire, l'un de ceux-là écrivit: «Dans cette pièce se trouvent trois tableaux, une table, cinq chaises, dont celle sur laquelle je suis assis; le tout de peu de valeur.»
À la croque au sel. En somme, le tout... ne valait rien. Pauvre notaire ou notaire pauvre. Un plumitif, peut-être?

**Le fantôme de William J. Hypperbone
__ Faute d'héritier direct, un norvégien a couché ses amis sur son testament. Pour dissuader quiconque d'entraver ses dernières volontés, il menaça ceux qui oseraient... «Je jure solennellement, si cela est possible, de venir vous poursuivre dans les heures les plus sombres de la nuit.» Sa demi-sœur fit casser le testament, car les deux témoins qui l'avaient paraphé en ignoraient le contenu.
À la croque au sel. L'histoire ne dit pas si le fantôme est venu croquer le gros orteil de la belle-sœur ou lui faire des hou hou! durant la nuit.

**Le zèle des héritiers
__ À l'inverse, on trouve des héritiers respectueux, dans l'esprit comme dans la lettre, de la moindre volonté du défunt. Et cela, sans aucune menace. Au Monténégro, un sexagénaire s'était pris d'affection pour son téléphone portable. Dans son testament, il demanda à être enterré avec lui. La famille plaça donc le chouchou du défunt à ses côtés. Oups! La carte SIM n'était pas dans l'appareil. La famille a donc fait exhumer le cercueil pour remettre la carte dans l'appareil.
À la croque au sel. À quoi peut bien servir un cellulaire sans sa carte SIM. Je vous le demande! C'est un appareil mort...

** L'indifférence des légataires
__ Une londonienne âgée et fortunée a laissé à Tinker, son légataire, le droit d'habiter sa maison, lui allouant une somme importante pour assurer sa subsistance, et elle plaça, auprès de lui, des curateurs. En contrepartie, sa liberté fut restreinte. «Si Tinker abandonne la maison de façon permanente, les gestionnaires du fonds pourront mettre fin à la pension.» indique le testament.
À la croque au sel. Quelle vie de chien pour un chat de gouttière!

__ Dans son testament, dûment enregistré, un agriculteur indien formule un voeu suprême: «Quand ma vie sur Terre prendra fin, je désire donner mon corps aux animaux de la forêt de Phawngpui, pour qu'ils le dévorent au cours d'une grande fête.»
À la croque au sel. Bon appétit! Mais n'en prenez pas l'habitude...

** Un héritage qui tombe du ciel
__ Décédée, à l'âge de 100 ans, une coiffeuse américaine, veuve depuis 50 ans, est partie en douce. On découvrit son testament, elle laissait 35 millions de dollars à l'université de Miami pour des recherches sur le diabète et à un centre de recherche sur le cancer.
À la croque au sel. Ces deux legs évitèrent à la coiffeuse de glisser dans les oubliettes. Il y a lieu de croire qu'elle est demeurée bien vivante dans la mémoire de ces 2 institutions.

** Les testaments cachetés
__ Un notaire raconte, sous anonymat, qu'il a découvert 17 testaments, tous mauves, d'une dame de 60 ans. Elle désignait un seul légataire universel. Convoqué à l'étude du notaire, le chaudronnier gardait deux vagues souvenirs de la dame. Il lui avait parlé, il avait fort longtemps, lors d'un mariage alors qu'il avait 20 ans; et que, chaque dimanche, la dame se postait devant son appartement, au-dessus de celui du fleuriste, pour le saluer. «Elle vous aime depuis longtemps, lui dit le notaire, elle vous laisse 6 millions.» La connaissant si peu, le chaudronnier, jugeant qu'il serait amoral d'accepter, refusa l'héritage. Des cousins au 6e degré se sont arraché l'héritage. «Pas un seul ne m'a demandé où était enterrée cette dame.», déplora le notaire
À la croque au sel. Le chaudronnier retourna à ses chaudrons Gros-Jean comme devant, tandis que les jean-le-blanc planaient de joie.

__ Le jour de sa mort, une riche comtesse laissa un testament cacheté qui résumait ses dernières volontés en 3 phrases: «Je lègue mes 50 millions à une oeuvre de charité, ci-nommée... Je n'ai jamais cru à vos risettes. Vous êtes des crabes.»
À la croque au sel. Il n'y pas que les vivants qui ont le sens de l'humour Je présume que les crabes ont dû rire jaune.


L'héritage - Paroles de Félix Leclerc

L'engagé de la maison / reste collé avec l'horloge / Dans l'tic-tac de l'horloge / était roulé un million
Chapeau noir, / Les yeux dans l'eau, / Les mouchoirs, / Les gros sanglots, / Rage au coeur, / Couteaux tirés, / C'est la vieille qui a gagné!
___
Psitt! D'où vient le pince-sans-rire? Du jeu, je te pince sans rire, où l'on devait pincer quelqu'un avec des doigts barbouillés (1730). Le petit Robert. Un jeu d'enfant? Ou un jeu de main, jeu de vilain?
*Source: Les chroniques «Notaires et humour», de Me Jean Martineau, notaire, publiées dans Histoire - Québec.
** Mon texte a été inspiré de chroniques publiées dans marianne2.fr et classées dans les archives, ainsi que de l'article rédigé par Clara Dupont-Monod, intitulé «Notaires», 2001, également publié dans marianne2.fr.

Photo: Il Tritico de Verdi, The Metropolitian Opera. L'histoire de la musique.
Paperblog