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dimanche 30 août 2009

Le potentiel érotique - David Foenkinos

«Le potentiel érotique de ma femme», de David Foenkinos. Un livre drôle, à l'humour fin sans jamais forcer la note, aux petites phrases qui surprennent, aux expressions heureuses. L'écriture et l'histoire s'harmonisent pour former un tout: un roman digne de ce nom. La psychologie des personnages est cohérente. Un roman léger? Pas du tout. On ne trouve nulle part un meilleur portrait du collectionneur compulsif: d'un Hector.

J'ai lu «Le potentiel érotique», en 2004, et je me souviens encore d'Hector, l'inouï, l'inoubliable collecteur. C'est mon beauf! Mon seul beauf! Sa femme? Euh... Ah oui, c'est Brigitte. Les deux font la paire. Un couple appareillé sans pareil!
Je vois Brigitte sur son escabeau de bois: elle lave les vitres. Je vois Hector assis dans un fauteuil, en pâmoison devant les mollets de Brigitte. Quel potentiel érotique! Aussi Hector use-t-il de tactiques pour que Brigitte lave souvent les vitres... Hector «collectionne» Brigitte. Sa plus belle collection... à ce jour.

La pâmoison d'Hector: «L'évanescence captée, la sensualité attrapée, il aurait pu mourir ce jour-là puisque Thomas Mann avait écrit "Celui qui a contemplé la Beauté est déjà prédestiné à la mort." Brigitte lavant les vitres, c'était un peu son Mort à Venise à lui. Mais Hector ne savait qui était Thomas Mann, alors il pouvait survivre. L'inculture sauve bien des vies.» (p.76)

Avant Brigitte, Hector collectionnait quoi? Les piques apéritif, les badges de campagnes électorales, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d'escalier, les premières pages d'un roman, les étiquettes de melon, les œufs d'oiseaux, les moments avec toi, les cordes du pendu. Entre autres... Il y a des passages qui m'ont fait crouler de rire.

Avec l'aide de son frère Marcel, Hector essayait de se guérir, mais... Au moment où l'on pouvait penser que c'était chose faite, il a reçu en héritage 2 000 bouchons de champagne d'un monsieur qu'il ne connaissait ni d'Adam ni d'Ève.
Marcel, aussi, était un collecteur... de cheveux féminins. Ses pièces: «rousse millésime 77», «les blondes 83 et 84, les brunes éternelles de 88, les auburn d'il y a quelques jours.» Les parents? Des mangeurs de soupe...

Le livre commence ainsi: « Hector avait une tête de héros. On le sentait prêt à passer à l'acte, à braver tous les dangers de notre grosse humanité, à embraser les foules féminines, à organiser des vacances en famille, à discuter dans les ascenseurs avec des voisins, et, en cas de grande forme, à comprendre un film de David Lynch. Il serait une sorte de héros de notre temps, avec des mollets ronds. Mais voilà qu'il venait de décider de se suicider. On avait vu mieux comme héros, merci. Un certain goût pour le spectacle lui avait fait opter pour le métro. (...) C'est fou cette tête de héros. (...) Hector nous fit un malaise. Dans son œil, on ne voyait rien. Il fut découvert gisant dans les couloirs du métro, plus près de Châtelet-Les Halles que de la mort.(p.13-14)

Comment finira-t-il notre Hector, et le livre? En collecteur et en héros. «Les trois enfants (ses triplééés) furent placés côte à côte; ils semblaient identiques comme les trois pièces d'une collection. (...) Avec trois enfants d'un coup, il méritait au moins l'appellation de héros.» Point final.

Vous vous demandez pourquoi je vous parle d'un livre paru en 2004? Pour la simple et bonne raison que David Foenkinos vient de publier, chez Gallimard, un roman «La délicatesse», disponible le 4 septembre. Avant de me laisser tenter, je vais m'informer. Et je vous reviendrai sur ce sujet, très bientôt.

Bonne journée à tous et à toutes!
Paperblog