Pour fêter mon retour après une brève absence, voici du 3 pour 1. Trois auteurs: Polastron, «Livres en feu»; Blavier, «Les fous littéraires»; Wikipédia, «Fou littéraire». Un bibliographe: Charles Brunet. On lit sur Wiki que «l'étude des fous littéraires commence en 1835 avec une bibliographie établie par Charles Nodier et se poursuit en 1880 avec Gustave Brunet. Dans les années 1930, Raymond Queneau continue ce projet (...)*» Charles Brunet?
Voyons ce qu'en dit Polastron: «On notera en passant que la fiabilité limitée de ces études (recensement de titres) s'accompagne parfois d'un esprit franchement ignorant et rétrograde chez certains des compilateurs engagés avec obstination dans l'entreprise. Ainsi Brunet (Gustave Brunet), dans un de ses ouvrages, classe-t-il parmi les fous littéraires «Socrate, Walt Whitman, Michelet et, naturellement, Gérard de Nerval et le marquis de Sade». Quid?
Polastron ajoute: «Ce "naturellement" ne manqua pas d'offusquer Raymond Queneau dans la préface de sa beaucoup plus pénétrante étude sur les fous littéraires (...) » Queneau vit rouge. Queneau prit feu!
Voyons ce qu'en dit Blavier: «Il revenait à un Belge, érudit officiel mais à l'esprit ouvert et méthodique, de jeter les fondements de cette bibliographie encore à faire (dixit Charles Nodier). L'histoire littéraire des fous d'Octave Delepierre parut à Londres en 1880, à très petit nombre, succédant à quelques articles publiés en revue.
Ce travail est de loin supérieur à celui allégué de Gustave Brunet (sous le pseudonyme de Philomneste Junior), Les fous littéraires. Essai bibliographique sur la littérature excentrique, les illluminés, visionnaires, Bruxelles, 1880.»
Les auteurs que Brunet recense sont surtout allemands «car il dépouille dans tous les sens du mot (...) les sept volumes d'Adelung». Brunet écrit, en langue de bois, les «avoir consultés avec profit» (Blavier).
C'est ainsi qu'il attrape, dans ses filets, de grands et véritables écrivains, et ne sait pas les reconnaître. Il mérite, sans aucun doute, d'être qualifié, pour cette grossière erreur, d'«esprit franchement ignorant et rétrograde» (Polastron).
Pour nous dépatouiller, allons rendre visite à l'I.I.R.E.F.L -L'Institut International de Recherches et d'Explorations sur les Fous Littéraires. Les auteurs allégués d'études sur les fous littéraires sont cités, dans l'ordre: Charles Nodier, Octave Delepierre, Raymond Queneau, André Blavier.
Et «notre» Charles Brunet? On le cite dans les bibliographies, on le commente. Mais, visiblement, il n'est pas placé à la hauteur de Nodier, Delepierre, Queneau, Blavier.
Pour fermer la boucle, revenons à Wikipédia qui classe, dans l'ordre, Nodier, Brunet, Queneau. Ce n'est pas sérieux! Cette «fantaisie» étale toute la méconnaissance, pour ne pas dire, l'ignorance de l'auteur de l'article -à tout le moins, son imprudence. Il est regrettable que les lecteurs soient ainsi induits en erreur. Cet article est une ébauche... Je dirais, plutôt, une pré-ébauche. Victor Hugo n'a pas fini de s'arracher les cheveux!
Par ailleurs, dans l'actualité, on apprend que Wikipédia teste un logiciel pour durcir ses règles de publication touchant des personnes en vie. Et les autres? Pourrait-on, impunément, entacher la mémoire de personnes décédées? Et la vérification et la validation des connaissances pour éviter de répandre des erreurs, des faussetés, des a peu près comme... qu'en est-il? Une encyclopédie aussi démocratique, participative, disponible dans beaucoup de langues, utile, pleine de qualités, se doit de veiller au grain... Qui sème à tout vent...
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Citations tirées:Voyons ce qu'en dit Polastron: «On notera en passant que la fiabilité limitée de ces études (recensement de titres) s'accompagne parfois d'un esprit franchement ignorant et rétrograde chez certains des compilateurs engagés avec obstination dans l'entreprise. Ainsi Brunet (Gustave Brunet), dans un de ses ouvrages, classe-t-il parmi les fous littéraires «Socrate, Walt Whitman, Michelet et, naturellement, Gérard de Nerval et le marquis de Sade». Quid?
Polastron ajoute: «Ce "naturellement" ne manqua pas d'offusquer Raymond Queneau dans la préface de sa beaucoup plus pénétrante étude sur les fous littéraires (...) » Queneau vit rouge. Queneau prit feu!
Voyons ce qu'en dit Blavier: «Il revenait à un Belge, érudit officiel mais à l'esprit ouvert et méthodique, de jeter les fondements de cette bibliographie encore à faire (dixit Charles Nodier). L'histoire littéraire des fous d'Octave Delepierre parut à Londres en 1880, à très petit nombre, succédant à quelques articles publiés en revue.
Ce travail est de loin supérieur à celui allégué de Gustave Brunet (sous le pseudonyme de Philomneste Junior), Les fous littéraires. Essai bibliographique sur la littérature excentrique, les illluminés, visionnaires, Bruxelles, 1880.»
Les auteurs que Brunet recense sont surtout allemands «car il dépouille dans tous les sens du mot (...) les sept volumes d'Adelung». Brunet écrit, en langue de bois, les «avoir consultés avec profit» (Blavier).
C'est ainsi qu'il attrape, dans ses filets, de grands et véritables écrivains, et ne sait pas les reconnaître. Il mérite, sans aucun doute, d'être qualifié, pour cette grossière erreur, d'«esprit franchement ignorant et rétrograde» (Polastron).
Pour nous dépatouiller, allons rendre visite à l'I.I.R.E.F.L -L'Institut International de Recherches et d'Explorations sur les Fous Littéraires. Les auteurs allégués d'études sur les fous littéraires sont cités, dans l'ordre: Charles Nodier, Octave Delepierre, Raymond Queneau, André Blavier.
Et «notre» Charles Brunet? On le cite dans les bibliographies, on le commente. Mais, visiblement, il n'est pas placé à la hauteur de Nodier, Delepierre, Queneau, Blavier.
Pour fermer la boucle, revenons à Wikipédia qui classe, dans l'ordre, Nodier, Brunet, Queneau. Ce n'est pas sérieux! Cette «fantaisie» étale toute la méconnaissance, pour ne pas dire, l'ignorance de l'auteur de l'article -à tout le moins, son imprudence. Il est regrettable que les lecteurs soient ainsi induits en erreur. Cet article est une ébauche... Je dirais, plutôt, une pré-ébauche. Victor Hugo n'a pas fini de s'arracher les cheveux!
Par ailleurs, dans l'actualité, on apprend que Wikipédia teste un logiciel pour durcir ses règles de publication touchant des personnes en vie. Et les autres? Pourrait-on, impunément, entacher la mémoire de personnes décédées? Et la vérification et la validation des connaissances pour éviter de répandre des erreurs, des faussetés, des a peu près comme... qu'en est-il? Une encyclopédie aussi démocratique, participative, disponible dans beaucoup de langues, utile, pleine de qualités, se doit de veiller au grain... Qui sème à tout vent...
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- des pages 367 et 368 de «Livres en feu», de Polastron, 2009. À consulter sur «Google Books»;
- de la page 42 de «Les fous littéraires», de André Blavier, Éditions des Cendres, 2000.
Site internet consulté: I.I.R.E.F.L, à la page: http://fous-litteraires.over-blog.com/article-29657449.html
Photographie de Polastron. Crédit Arnaud Février. Sur http://www.polastron.com/03_biographie/page_bio.html