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dimanche 6 décembre 2009

Poétique de l'espace - Gaston Bachelard - Éluard - Wahl - Lafon - Laroche - Guillaume - Rilke - Seghers - Supervielle

Pour Gaston Bachelard, dans «La poétique de l'espace», il y a un sens à dire qu'on «lit une maison», qu'on «lit une chambre», puisque chambre et maison sont des diagrammes de psychologie qui guident les écrivains et les poètes dans l'analyse de l'intimité. Lisons donc ensemble «des maisons et chambres écrites par de grands écrivains»: Paul Éluard, Jean Wahl, André Lafon, Jean Laroche, Louis Guillaume, Rilke, Pierre Seghers, Jules Supervielle.

Surprise et enchantement vous attendent dans un coin de votre maison ou chambre... imaginaire, à la lecture des citations que je tire du chapitre 2 titré «Maison et Univers.» L'espace saisi par l'imagination ne peut laisser indifférent. Vous verrez...

Quand les cimes de notre ciel se rejoindront
Ma maison aura un toit
Paul Éluard, Dignes de vivre

Et l'ancienne maison
Je sens sa rousse tiédeur
Vient des sens à l'esprit
Jean Wahl, Poèmes

Je rêve d'un logis, maison basse à fenêtres
Hautes, aux trois degrés usés, plats et verdis
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Logis pauvre et secret à l'air d'antique estampe
Qui ne vit qu'en moi-même, où je rentre parfois
M'asseoir pour oublier le jour gris et la pluie
André Lafon, Poésie, Le rêve d'un logis


Une maison dressée au cœur
Ma cathédrale de silence
Chaque matin reprise en rêve
Et chaque soir abandonnée
Une maison couverte d'aube
Ouverte au vent de ma jeunesse
Jean Laroche, Mémoires d'été

Longtemps je t'ai construite, ô maison!
À chaque souvenir je transportais des pierres
Du rivage au sommet de tes murs
Et je voyais, chaume couvé par les saisons
Ton toit changeant comme la mer
Danser sur le fond des nuages
Auxquels il mêlait ses fumées
Maison de vent demeure qu'un souffle effaçait
Louis Guillaume, Noir comme la mer


O nostalgie des lieux qui n'étaient point
Assez aimés à l'heure passagère
Que je voudrais leur rendre de loin
Les geste oublié, l'action supplémentaire
Rilke, Vergers

Une maison où je vais seul en l'appelant
Un nom que le silence et les murs me renvoient
Une étrange maison qui se tient dans ma voix
Et qu'habite le vent

Je l'invente, mes mains dessinent un nuage
Un bateau de grand ciel au-dessus des forêts
Une brume qui se dissipe et disparaît
Comme au jeu des images
Pierre Seghers

Tour ce qui fait les bois, les rivières ou l'air
A place entre ces murs qui croient fermer une chambre

Accourez, cavaliers qui traversez les mers

Je n'ai qu'un toit du ciel, vous aurez de la place

Le corps de la montagne hésite à ma fenêtre:
«Commet peut-on entrer si l'on est la montagne,
Si l'on est en hauteur, avec roches, cailloux,
Un morceau de la Terre, altéré par le Ciel?
Jules Supervielle, Les amis inconnus

Bon dimanche!
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