Le Tour de Foglia et chroniques françaises, publié en 2004*, n'a pas pris une tache de rouille. Lance Armstrong roule encore... Pierre Foglia parle de Lance et des autres, disparus du Tour ou à tout jamais. Au profane, il donne la France du Tour, des routes et des ciels, des paysages. Au cyclo averti, il donne du braquet**. «Et aux deux, dit-il, je donne des histoires d'hommes qui vont au bout de leurs forces, de leur courage, de leur talent. (...) leurs petites morts sur les routes nous distraient un instant de la nôtre écrite au ciel.»
Nul ne peut servir deux maîtres à la fois! Sauf... Pierre Foglia. Bien que profane, j'ai lu son livre en entier, en y prenant plaisir. Foglia a le tour... d'éveiller et de soutenir l'intérêt. Il nous surprend au détour... nous attriste parfois... nous fait sourire ou rire, souvent. Bref, l'auteur est un fin observateur, et il raconte bien. On sent qu'il aime le vélo et les coureurs -même s'il leur chauffe les mollets- et la France.
Lisez comme c'est beau:
À Saint-Valéry. « Magnifique parking, désert à cette heure matinale, tourné vers la mer, son asphalte bleuissant lavé de frais par les embruns matinaux.»
Thonon-les-Bains (Suisse). «Je crois encore que ce qu'on appelle culture personnelle est avant tout paysage. Tous les chemins, les ciels, les cours d'école plantées de tilleuls, les toits d'ardoise, les facteurs qui passent à bicyclette, les façades où s'agrippent le lierre, tous ces lieux, ces odeurs, un mirabellier au fond du jardin, l'or pâle des fruits, tous ces arbres qui nous habitent depuis l'enfance et qui nous manque soudain.»
Ce sont deux exemples parmi tant d'autres, l'écriture est belle et vive, l'émotion y affleure.
Et ces noms de lieux qui sont, en soi, des poèmes ou des contes: Bergères-les-Vertus, Prunellia, Malminou... Congouillette-les-Mouchettes... qui termine le livre.
Imaginez la scène. Pierre Foglia rencontre, dans la salle de presse, Mme Jacqueline Sadoux, une Française qui a enseigné au Québec, puis est retournée en France. «Dites-moi encore d'où vous êtes? - Congouillette-les-Mouchettes, lui répond la dame. - Madame, permettez-moi de vous nommer, sur-le-champ, présidente de mon fan-club. Je pose deux conditions: que vous en soyez l'unique membre et, surtout, que vous ne déménagiez jamais.» Ce qu'il est frondeur, tout de même! Le facteur à bicyclette d'Audun-le-Tiche, lui, n'y comprendrait rien...
Certains passages m'ont fait rire aux larmes: les perles relevées dans la presse française, l'anecdote sur les myrtilles et les bleuets -accompagnées de commentaires vifs- sont mes préférés, en plus de ses fous rires.
___
*Composé de chroniques remaniées sur le Tour de France de 1992 à 2003. Ce livre est toujours actuel. Les passages sur la dope, entre autres, pourraient dater d'hier. Comme Lance Amstrong...
** Psitt! Voici de quoi vous faire une belle jambe et vous arrondir le mollet. Le braquet: c'est un «rapport de multiplication (entre le plateau et le pignon) réglant le développement d'une bicyclette.» Vous ne pigez pas... moi non plus. Le dérailleur pourrait aider: il «permet de changer le braquet.» Le petit comme le grand. C'est pas Foglia qui le dit, c'est le Petit Robert.
En bref, le braquet est une sorte d'exerciseur, et le dérailleur, c'est le gars d'à côté.
Nul ne peut servir deux maîtres à la fois! Sauf... Pierre Foglia. Bien que profane, j'ai lu son livre en entier, en y prenant plaisir. Foglia a le tour... d'éveiller et de soutenir l'intérêt. Il nous surprend au détour... nous attriste parfois... nous fait sourire ou rire, souvent. Bref, l'auteur est un fin observateur, et il raconte bien. On sent qu'il aime le vélo et les coureurs -même s'il leur chauffe les mollets- et la France.
Lisez comme c'est beau:
À Saint-Valéry. « Magnifique parking, désert à cette heure matinale, tourné vers la mer, son asphalte bleuissant lavé de frais par les embruns matinaux.»
Thonon-les-Bains (Suisse). «Je crois encore que ce qu'on appelle culture personnelle est avant tout paysage. Tous les chemins, les ciels, les cours d'école plantées de tilleuls, les toits d'ardoise, les facteurs qui passent à bicyclette, les façades où s'agrippent le lierre, tous ces lieux, ces odeurs, un mirabellier au fond du jardin, l'or pâle des fruits, tous ces arbres qui nous habitent depuis l'enfance et qui nous manque soudain.»
Ce sont deux exemples parmi tant d'autres, l'écriture est belle et vive, l'émotion y affleure.
Et ces noms de lieux qui sont, en soi, des poèmes ou des contes: Bergères-les-Vertus, Prunellia, Malminou... Congouillette-les-Mouchettes... qui termine le livre.
Imaginez la scène. Pierre Foglia rencontre, dans la salle de presse, Mme Jacqueline Sadoux, une Française qui a enseigné au Québec, puis est retournée en France. «Dites-moi encore d'où vous êtes? - Congouillette-les-Mouchettes, lui répond la dame. - Madame, permettez-moi de vous nommer, sur-le-champ, présidente de mon fan-club. Je pose deux conditions: que vous en soyez l'unique membre et, surtout, que vous ne déménagiez jamais.» Ce qu'il est frondeur, tout de même! Le facteur à bicyclette d'Audun-le-Tiche, lui, n'y comprendrait rien...
Certains passages m'ont fait rire aux larmes: les perles relevées dans la presse française, l'anecdote sur les myrtilles et les bleuets -accompagnées de commentaires vifs- sont mes préférés, en plus de ses fous rires.
___
*Composé de chroniques remaniées sur le Tour de France de 1992 à 2003. Ce livre est toujours actuel. Les passages sur la dope, entre autres, pourraient dater d'hier. Comme Lance Amstrong...
** Psitt! Voici de quoi vous faire une belle jambe et vous arrondir le mollet. Le braquet: c'est un «rapport de multiplication (entre le plateau et le pignon) réglant le développement d'une bicyclette.» Vous ne pigez pas... moi non plus. Le dérailleur pourrait aider: il «permet de changer le braquet.» Le petit comme le grand. C'est pas Foglia qui le dit, c'est le Petit Robert.
En bref, le braquet est une sorte d'exerciseur, et le dérailleur, c'est le gars d'à côté.