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jeudi 3 septembre 2009

Le livre des êtres imaginaires - Borges

Le 24 août, c'était le 100 ème anniversaire de la naissance de l'immense écrivain, Jorge Luis Borges. Cela m'a échappé... Je fais amende honorable... Pour célébrer Borgès, nous aborderons, ensemble, la lecture de son «Le livre des êtres imaginaires». Borges a écrit ce livre avec la collaboration de Margarita Guerrero. J'ai acheté ce livre à l'aveuglette, attirée par le titre et le nom de Borges, naturellement. Je vous le dis tout de go: ce livre est une mine d'or! Un livre de référence sur l'imaginaire, cette folle du logis qui habite en chacun de nous, à tout le moins, la nuit...

En guise d'introduction, je citerai simplement des extraits tirés de la Préface.

Des extraits de la Préface
En fait, il y a deux préfaces. L'une datée de 1967; l'autre, datée de 1954, est la Préface de la première édition. Pour ce billet, j'ai choisi la plus récente. Mais vous aurez plaisir à lire la plus ancienne. Borges et Guerrero y comparent les réactions d'un enfant lors de sa première visite au jardin zoologique (le réel) au jardin zoologique des mythologies. «Celui qui parcourra notre manuel constatera que la zoologie des songes est plus pauvre que la zoologie de Dieu.»

«Le titre de ce livre pourrait justifier l'inclusion du prince Hamlet, du point, de la ligne, (...). En somme, presque de l'univers. Nous nous en sommes tenus, cependant, à ce que, de façon immédiate, suggère l'impression "êtres imaginaires", nous avons compilé un manuel des étranges entités que la fantaisie des hommes a engendrées au fil du temps et à travers l'espace.
Nous ignorons le sens du dragon, comme nous ignorons le sens de l'univers, mais il y a dans son image quelque chose qui s'accorde avec l'imagination des hommes, et ainsi le dragon apparaît à des époques et sous des latitudes différents.
(...)
Pas plus que les autres miscellanées, que les inépuisables volumes de Robert Burton ou de Pline, Le livre des êtres imaginaires n'a pas été conçu pour une lecture suivie. Nous aimerions que le lecteur curieux le fréquente comme celui qui joue avec les formes changeantes que révèle un Kaléidoscope. (...). » (p. 7 et p. 8)

«Le livre des êtres imaginaires» est composé de textes courts (1 page ou deux) et même très courts (moins d'une page). Peu de textes sont plus longs, «m'enfin» ... moins courts. Combien d'êtres imaginaires logent dans ce livre? J'en ai comptés 160. Incontestablement, ce livre cadre nettement dans la Collection «L'imaginaire» de Gallimard.

Quelques titres?
La ménagerie des écrivains: Un animal rêvé par Kafka; Un croisement, de Kafka; L'Odradek, de Kafka; Un animal rêvé par C.S. Lewis; Un reptile rêvé par C.S. Lewis, L'animal rêvé par Poe.

Les animaux aux noms familiers: L'Âne...; Le Cerf...; L'Éléphant...; Le Coq...; Les Lémures; Le Lièvre...; Le Singe...; La Panthère; Le Pélican, etc.

Les deux êtres imaginaires dans «Nom de la Rose», de Umberto Eco: Le Basilic et l'Unicorne.

Les êtres aux noms exotiques: A Bao A Qou; Abtu et Anet; Bahamont; Crocottes et Leucrocotes; Fastitocalon; Haniel, Kafziel, Azriel, Aniel; Les Péritios; Youwarkee, etc.

Sauf quelques exceptions, la présentation des «êtres imaginaires» n'est pas accompagnée de commentaires. Il appartient à chacun de nous d'en faire. Ce qui ne manquera pas... Pour peupler notre imagination, nous ferons connaissance avec quelques-uns de ces êtres imaginaires, au gré des billets. Commençons doucement avec Le Singe de l'encre. Nous avons tout le temps pour nous effrayer.

Le Singe de l'encre

Cet animal abonde dans les régions du nord; il a quatre ou cinq pouces de long; il est doué d'un instinct curieux; ses yeux sont comme les cornalines, et son poil est noir de jais, soyeux et flexible, suave comme un oreiller. Il est très amateur d'encre de Chine, et quand quelqu'un écrit, il s'assied, une main sur l'autre et les jambes croisées, en attendant qu'il finisse puis il boit le reste de l'encre. Après, il revient s'asseoir à croupetons, et il reste tranquille.
Wang A-Hai (1791).

Dessinateur, peintre, vous comprenez maintenant pourquoi votre encrier est toujours vide.
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Lire le texte «Disputes au bord de la tombe», sur le blogue de Pierre Assouline, où j'ai pris la très belle photo de Borges.
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