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samedi 5 septembre 2009

Les Très Riches Heures du duc de Berry - Cazelles / Eco

«Les Très Riches Heures du duc de Berry», texte de Raymond Cazelles, préface de Umberto Eco, publié chez Seghers en 1988, est l'un des «trésors» de ma bibliothèque. 239 pages de Beauté, textes et folios. Des illustrations magnifiques. Ce livre d'art comprend plus que «Le Calendrier». On y trouve les folios accompagnés de textes courts qui témoignent d'un long savoir mis à la portée de tous.

Un contenu riche
Le Calendrier (connu, parfois galvaudé) est l'un des sujets parmi les 18... Par exemple: l'Évangiliaire; Les Oraisons à la Vierge; L'Homme Anatomique (peinture inspirée par des ouvrages médicaux antérieurs); Le Plan de Rome (une curieuse miniature), etc.

Une préface généreuse
«J'avais un peu plus de vingt ans quand j'ai rencontré pour la première fois les Très riches heures (...) qui ne contenaient, bien sûr, que les miniatures du mois.
Je dis «bien sûr» car le destin de l'amateur spécialisé est de rencontrer toujours ce manuscrit sous la forme de ces douze célèbres représentations.»

C'est un cliché, écrit Umberto Eco, comme on connaît Beethoven par sa «Sonate au Clair de Lune», on pense connaître Les Très riches Heures par «Le Calendrier». On suppose, de facto, que l'on connaît l'œuvre.

Plusieurs lectures
Eco nous propose plusieurs lectures des Très Riches Heures ne se limitant pas à l'aspect esthétique, mais sans le négliger.
Par exemple, on peut voir les miniatures et peintures comme un «documentaire cinématographie» qui renseignement sur les travaux saisonniers, les vêtements (des paysans et des nobles), la table (comment on dresse une table, ...), etc.
À cet égard, Le Calendrier est un «document irremplaçable».

Eco propose une «chasse au merveilleux». Il donne comme exemple la créature satyresque et velue dans la miniature de l'Ave Maria Stella.

Eco signale d'autres thèmes. «Je pense à la richesse des références astrologiques, qui sont assez précises et présupposent une familiarité. Elles se trouvent dans les semi-circonférences (...), mais aussi dans l'Homme Anatomique qui évoque les représentations des rapports entre miro et macrocosme des magiciens de la Renaissance.

La conclusion de Umberto Eco
«Les Très riches Heures est un objet extraordinaire parce que, œuvre ouverte*, elle encourage mille différents itinéraires de l'imagination. Que le lecteur les ouvre au hasard, qu'il choisisse sa porte d'entrée. Et qu'il parcourt seul cet Hortus Deliciarum»

Toujours, on retrouve toujours chez lui, le respect du lecteur: «Proposer d'autres clés de lecture pourrait être irrespectueux pour le lecteur.»

* * *

Comme je dis dans l'introduction de ce billet, Les Très Riches Heures» du duc de Berry, est l'un des «trésors» de ma bibliothèque. Inutile de vouloir l'emprunter! Le consulter sur place, avec précaution, alors? Hum... Noui...
La fourmi n'est pas prêteuse / C'est là son moindre défaut

L'édition que j'ai en main est épuisée. Une tournée sur Internet m'indique qu'il y a d'autres éditions. Mais aucune n'arrive à la hauteur de «mon» livre (le livre à Bibi), 239 pages, le texte de Cazelles, et la préface de Eco. Hélas...

Pour vous consoler et passer un bon moment, je vous propose d'écouter Vladimir Horowitz interpréter la «Sonate au Clair de Lune», de Beethoven.


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*Psitt! «Les Très Riches Heures» est une œuvre ouverte«, écrit Eco. Ce qui m'a fait sourire... Ici, il faut le dire, Umberto Eco se prononce de lui-même, et sur l'œuvre d'un autre.
Rappel. Dans mon billet du 15 août 2009 (oui, cette page existe), portant sur son «Apostille» au «Nom de la rose», je relevais sa réponse à une question qu'il jugeait oiseuse: «... ton œuvre est-elle une œuvre ouverte ou pas». Sa réponse: «Mais est-ce que je sais, moi! C'est votre affaire, pas la mienne!»
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