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mercredi 30 septembre 2009

À l'affiche... sur Livranaute / Survenant

À l'affiche... sur Livranaute / Survenant. Je vous invite, chaleureusement, à lire mon billet intitulé: Qui êtes-vous... Survenant? En voici un extrait: «Survenant», personnage du roman «Le Survenant» de Germaine Guèvremont, n'est pas un «quêteux»: on s'entend sur ce point. Je l'ai démontré dans mon précédent billet, et je suis certaine que vous en êtes convaincus. Mais «zencore» qui est-il? Nous verrons que Survenant est un homme moderne. Il est bien ce «Grand-dieu-des-routes», comme le désignent, justement, les gens de Chenal-du-Moine. Examinons donc, de plus près, ce qu'il en est.

Qui êtes-vous, Survenant?
«Je suis... un bourlingueur, un homme de chantier et un coureur des bois, un homme aux allures d'Indien. Et puis... Nervermagne! Je me raconte sur Livranaute, venez me rencontrer... J'vous attends!»

Et, moi aussi... À tout de suite, donc !

mardi 29 septembre 2009

Le Chat de Cheshire - Les chats de Kilkenny / Borges

Le Chat de Cheshire et Les Chats de Kilkenny. Ces histoires de chats sont tirées de «Le livre des être imaginaires» de Jorge Luis Borges, avec la collaboration de Margarita Guerrero, publié chez Gallimard, coll. L'imaginaire. À quelques reprises, je vous ai parlé de ce livre qu'on déguste à petites bouchées. J'y reviens aujourd'hui avec plaisir, et j'espère pour le vôtre également.

Le Chat de Cheshire
«Il existe en anglais l'expression «grin like a Cheshire cat», «sourire sardoniquement comme un Chat de Cheshire». On a proposé diverses explications.
__ La première serait que dans le Cheshire on vendait des fromages en forme de chat qui rit.»

Ce qui n'est pas sans nous rappeler notre adorable «Vache qui rit», avec ses énormes boucles d'oreille. On voit le lien logique entre la vache et le fromage.
Mais le chat et le fromage...? Hypothèse: Le chat mange le fromage qu'il a volé à la souris, et le fromage qu'il a volé à la souris était fait à partir du lait de la vache qui rit... Oui. Comme dirait Satie.

__ «Une autre (explication), que le Cheshire est un comté palatin ou earldom et cette distinction nobiliaire aurait provoqué l'hilarité des chats.»

Oh my Darling! Voilà un trait d'humour tout britannique. Enfin, l'Angleterre s'y connaît en «distinction nobiliaire». Peut-être, qu'il n'y a pas que les chats qui pouffent de rire...

__ «Une autre (explication) encore, qu'au temps de Richard III, il y eut un garde un forestier, Caterling, qui souriait férocement quand il se battait avec des braconniers.»
L'histoire ne dit pas s'il mangeait du fromage!

__ «Dans le roman onirique de «Alice au Pays des Merveilles», publié en 1865, Lewis Caroll octroya au Chat de Cheshire le don de disparaître progressivement jusqu'à ne laisser que son sourire, sans dents et sans bouche.»
Si je comprends bien, il filait à l'anglaise...

Les Chats de Kilkenny
«Des Chats de Kilkenny on dit qu'ils se battirent furieusement et s'entre-dévorèrent jusqu'à ne laisser d'eux que leurs queues. Ce conte date du XVIIIe siècle.»
D'où l'expresion «to fight like Kilkenny Cats» ou «se battre comme des Chats de Kilkenny».

En Irlande, Kilkenny (en irlandais «Cill Chaining») est une ville médiévale fondée autour du monastère de saint Canice.
Homophone: canisse qui signifie un assemblage de cannes de Provence (ou d'ailleurs...) pour former des claies.
Au Québec, canisse désigne une espèce de seau à lait. Dans ce cas, le lien entre canisse, lait, fromage, le chat qui rit, ou la vache qui rit, devient possible...

lundi 28 septembre 2009

Le diable, l'astronome et la naine rouge - Claude Bertout / Sophie Lucide

«Le diable, l'astronome et la naine rouge», de Claude Bertout et Sophie Lucide, Éditions Le Pommier. J'ai été mise au parfum en écoutant à l'émission «Les Années lumière», à la SRC, l'entrevue de Hugues de Roussan avec Claude Bertout. Un romancier spatial? Il n'en fallait pas davantage pour que je parte à la recherche d'informations, pour en savoir plus... «Jeannette veut savoir»: comme j'aime à le dire, avec affection et respect, en pensant à Jeannette Bertrand. Voici donc les résultats de mon «enquête».

«Le diable, l'astronome et la naine rouge»
Le jour même où il est licencié, Hubert Klein rencontre un mystérieux nain, chasseur de têtes, nommé Barberaz. Celui-ci lui offre un poste auprès d'un industriel machiavélique, qui dit s'appeler Mick. Mission: partir à la recherche de nouvelles terres habitables dans la Voix lactée. Il accepte.
Mais, que diable, va-t-il aller faire dans cette galère?


Suivez la recette, et vous obtiendrez un roman d'aventures à la Jules Verne:
1. Réunissez une prostituée russe adepte de la chansonnette, un nain membre de la prestigieuse et mystérieuse «Confrérie des nains chasseurs de têtes», un ado friand d'étoiles, une poétesse un brin neurasthénique, un astronome en tête de la recherche sur les traces de vie sur les planètes extra-solaires, une jeune orpheline rebelle, un magnat machiavélique intéressé par la téléportation quantique et un DRH (Directeur des ressources humaines) à l'esprit aussi borné que ses costumes sont bien taillés.
2. Plantez un décor propice à l'aventure: les terrasses de d'Observatoire de Paris, la Cordillère des Andes, le Chili,un monastère arménien, une mine d'uranium...
3. Faites vivre aux personnages des péripéties rocambolesques -au sens noble du terme- au fil d'une intrigue détonante.

4. Épicez le tout d'une pincée d'astronomie.

C'est quoi, ce livre: un ovni littéraire?
C'est un roman dans lequel la fiction et l'astronomie s'imbriquent dans une histoire déjantée. Plus est, il est aussi question d'astrologie et d'alchimie. Claude Bertout avoue avoir marché sur la corde raide... C'est un roman audacieux destiné à vulgariser l'astronomie, en 480 pages. Trop de pages? Trop de notes, Mozart?
«Le roman, dit l'éditeur, dont vous vous dites après en voir (sic) dévoré 200 pages d'une traite: "Ouuufff! il m'en reste encore autant!» Ouf!

Qui êtes-vous... Claude Bertout et Sophie Lucide

Un homme sérieux, qui aime rire -vous verrez. Il est directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique, en France). Il est aussi rédacteur en chef de la revue européenne Astronomy & Astrophysics. Claude Bertout est membre de l'Institut d'astrophysique de Paris.
Auteur de plusieurs livres de vulgarisation, il a voulu élargir son lectorat et s'adresser à un public plus vaste, d'où son association avec Sophie Lucide.

Sophie Lucide est blogueuse et animatrice d'un site de création littéraire. Elle ne connaissait rien en astronomie avant d'écrire le livre avec Claude Bertout... C'était avant...
Cette association, hors-du-commun, a donné lieu à un livre, hors-norme, qui s'adresse à tous et à toutes: à vous, à moi... et aussi bien aux amateurs d'astronomie. Même les collègues de Claude Bertout l'ont lu avec plaisir.

Des extraits de
«Le diable, l'astronome et la naine rouge»
Les auteurs ont déposé des extraits des chapitres 2 et 8, sur le site «goodreads». Pour lire ces extraits, cliquez ici.

L'entrevue de Hugues de Roussan avec Claude Bertout: à entendre absolument
Vous aurez grand plaisir à entendre Claude Bertout parler de son livre: un homme drôle, spirituel dont le rire est contagieux. Écoutez-le raconter ce qu'il en est de «La malédiction de l'astronome», et comment il entend vaincre ce syndrome. Un diable d'homme, ma foi! Suivez ce lien....

Pour briller... écoutez «Les Années lumières», en direct ou en rediffusion.
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__«Le diable, l'astronome et la naine rouge». Le livre est disponible chez Gallimard Montréal (en stock), pour des informations, cliquez ici.
__ Pour visiter les Éditions Le Pommier, à la page du livre (et de la recette), cliquez ici.

dimanche 27 septembre 2009

Extraits - Netherland /Joseph O'Neill

Extraits - «Netherland», de Joseph O'Neill. Lire le roman en version française ou version originale? Vous l'aurez deviné: j'ai choisi la langue de l'auteur. Le texte traduit en France n'arrive pas à rendre la réalité américaine -qui est aussi la nôtre. Il n'arrive à faire chanter la langue de l'auteur. Il défigure des mots. Au moyen de courts extraits en américain et en français, je vais brièvement illustrer mon point de vue. Mes commentaires seront très brefs. Vous pourrez ainsi vous faire votre opinion. D'autres courts extraits suivront: courts... car le copyright n'en permet pas plus. À la fin, je vous donnerai de bonnes adresses.

Auparavant, un mot sur les principaux personnages: Le narrateur est Hans van den Broek, originaire de Hollande, il a quitté son pays pour aller travailler à Londres. Sa femme, Rachel est Anglaise. Ils ont un fils, Jake.
Après le 11/09/2001, Rachel retourne à Londres avec leur fils. Hans reste sur place, il rencontre Chuck Ramkissoon, originaire de Trinitad, un «homme d'affaires» ambitieux, rêveur, énigmatique avec qui il se liera d'amitié. Chuck qui anime une équipe de cricket, sera retrouvé noyé, les mains ligotées.

«Rachel wants to take their son back to London and her family. He'll be safer there, far from George Bush and the United States, a country she has begun to think of as "ideologicall diseased."» Et v'lan!

Extrait 1
«The afternoon before I left London for New York -- Rachel had flown out six weeks previously -- I was in my cubicule at work, boxing up my possessions, when a senior vice-president at the bank, an Englishman in his fifties, came to wish me well.»
«La vieille de mon départ de Londres pour New York - Rachel m'avait précédé de six semaines-, dans l'après-midi, je me trouverais au travail, à mon bureau, je rassemblais mes affaires, lorsqu'un des grands vice-présidents de la banque, un Anglais d'une cinquantaine d'années, vint me souhaiter bonne chance.»
Cubicule: on voit, tout de suite, une grande salle remplie de bureaux entourés de paravents; on sait qu'il s'agit d'un employé au bas de l'échelon hiérarchique.

Extrait 2
«"We won't be gone for very long," I said, playing down my good fortune.»
«Nous n'y resterons pas longtemps», dis-je en la jouant profil bas sur ma bonne fortune.»
Oh, my God! «Méchant» «low profil»...

Un peu plus loin: «The S.V.P., smiling, said (...)» ; «Il ajouta en souriant (...). The Senior Vice-President...

Extrait 3
« Who knows what lay behind his story about shopping for balsamic vinegar? He made it sound like an elixir, the poor bastard.»
« Qui sait ce qui se cache derrière son histoire d'aller acheter du vinaigre balsamique. Il en parlait comme d'un élixir, le pauvre crétin.»
Bastard: un mot dur, qui sonne dur, et qui colle au «vécu» de Chuck. Pauvre crétin...

Extrait 4:
«Sometimes to walk in shaded parts of Manhattan is to be inserted into a Magritte: the street is night while the sky is day.»
«Parfois, marcher dans les parties ombrageuses de Manhattan, c'est un peu comme être inséré dans un Magritte: la rue est plongé dans le noir tandis que le ciel est de plein jour».
Ombrageuses? On confond «ombrageux» et «ombragé».
Ombrageux, c'est un trait de (mauvais) caractère d'un animal ou d'un humain. Ombragé, qui donne de l'ombre. C'est élémentaire, mon cher Watson...
Suis-je ombrageuse? Joseph O'Neill ne dit pas: «c'est un peu comme...», il dit carrément: «is to be inserted into». Dans la rue, c'est la nuit; dans le ciel, c'est le jour. Un phrase courte, rapide, sonnante, et significative... Hans est coincé dans un société où tout marche à l'envers. La nuit/Le jour. Le noir/Le blanc. Le noir vêtu de vêtu de blanc, pour se sentir noir.
Oh, my Darling! Massacrer une si belle phrase...

Extrait 5:
«The was no movement in my marriage, either; but, flying on Google's satellite function, night after night I surreptitiously traveled to England. Starting with a hybrid map of the United States, I moved the navigation box across the north Atlantic and began my fall from the stratosphere (...).

Extrait 6:
«(...) an old friend of Rachel's named Matt, makes some remarks about Tony Blair and his catastrophic association with George W. Bush, whom Matt describes as the embodiment of a distinctly American strain of stupidity and fear.»
«He is referring to the numbers of Iraqi dead (...).

Extrait 7:
What happens, however, is that I'm the one who drifts - to another sundown, to New York, to my mother.»
Le livre de Joseph O'Neill se termine sur deux belles pages où Hans évoque le souvenir de sa mère. C'est touchant!

De bonnes adresses:
__ Pour lire un long extrait, dans sa version originale, suivez ce lien...
__ Pour lire un long extrait, dans la version française, suivez ce lien...

__L'article de Maurren Corrigan, «"Netherland Flirts With Greatness Of "Gatsby"», est assez court, mais intéressant. Pour le lire, cliquez ici.

Bonne lecture! À bientôt!

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Source des extraits:
Les extraits que j'ai cités proviennent de l'édition Pantheon E Books.
Les extraits en français proviennent des Éditions de L'olivier

samedi 26 septembre 2009

La Morta - Nelly Arcan

La Morta. Nelly Arcan. Il était une fois... Plus justement, il est trois Parques. La première, Nona -jeune et belle- tient le fil de la destinée de chaque vie humaine. La deuxième, Decima -sage et sévère- met le fil sur le fuseau. Toutes deux tissent la trame de la destinée de chacun. La troisième, Morta - implacable et âgée- coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de chaque mortel. Ces infatigables sœurs filandières que rien ne peut infléchir ont été des déesses Grecques avant d'être des Romaines. Elles avaient alors pour nom les trois Moires: Clotho, Lachesis et Atropos. Elles sont là encore aujourd'hui, quel que soit le nom qu'on leur donne.

Nelly Arcan n'attendra pas que la Morta vienne couper le fil de sa vie, à sa manière et à son heure.
Le 24 septembre 2009, elle a coupé, elle-même, ce fil qui sépare la vie du trépas.
Qu'elle repose en paix. Requiescat in pace.

Le meilleur hommage à lui rendre, c'est de lire ou relire ses romans:
«Putain», Seuil, septembre 2001;
«Folle», Seul, Septembre 2004;
«À ciel ouvert», Seuil, août 2007.
Nelly Arcan a collaboré au recueil «Nouvelles mythologies», sous la direction de Jérôme Garcin, publié au Seuil en 2007.

À paraître, en novembre 2009, à titre posthume: Paradis clef en main, aux Éditions Coup de tête.

Si vous désirez lire des textes sur Internet, je vous propose:
«Lettre à Isabelle», de Nicolas Ritoux. Journaliste, rédacteur, scripteur, il est l'ancien copain de Nelly Arcan. Il lui adresse une lettre publique. La lettre touchante et percutante d'un homme qui éprouve de la peine. À lire sur son blogue.

«Le Seuil nous apprend. La mort de Nelly Arcan à 35 ans.» par BibliObs.com. «En trois livres, elle avait su imposer une des voix les plus singulières et les plus radicales d'outre-atlantique.» Pour lire l'article, cliquez ici.

«Mourir la plume à la main», de Odile Tremblay, Le Devoir, les 26 et 27 septembre 2009. «Tant d'écrivains ont choisi le suicide. Poids de la lucidité? De la liberté? D'une vérité fuyante à traduire? Mystère des sensibilités brisées par une décevante réalité...». La conclusion est émouvante. À lire absolument: veuillez cliquer ici.
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Ne manquez pas mon prochain billet. J'y présenterai, comme convenu, des extraits de «Netherland» de Joseph O'Neill.

vendredi 25 septembre 2009

Netherland - Joseph O'Neill / Actualité littéraire

«Netherland», de Joseph O'Neill. Ce roman publié aux USA, chez Pantheon Books, en 2008, vient de paraître aux Éditions de l'Olivier, traduit par Anne Wicke. Propulsé par la déclaration de Barack Obama: «At the end of our conversation, when I asked him if he was reading anything good, he said had become sick enough of briefing books to begin reading a novel in the evenings -"Netherland, by Joseph O'Neil», écrit David Leonhardt*.

Et cette autre déclaration de Barak Obama à Newsweek: «It's fascinating ... a wonderful book.» On s'intéressa donc au roman qui intéressait le Président. Les ventes montèrent en flèche. S'agirait-il d'un engouement passager? Ou d'un livre qui marquera la litérature d'une pierre blanche? Vous pensez bien que j'ai ma «petite idée»... Tout de même, poursuivons...

«Netherland», de Joseph O'Neill nous arrive donc, en français, précédé par un concert de louanges, encensé par la critique américaine, comparé à Gatsby le Magnifique -The Great Gatsby- de F. Scott Fitzgerald (1925) reconnu, aujourd'hui, comme un chef d'œuvre. Certaines critiques dithyrambiques portent le livre aux nues, en négligeant d'en parler directement: une prouesse de haute envolée! Rarement, pour ne pas dire jamais, je n'ai vu tant de propos «impressionnistes» autour d'un roman, même des «résumés» ne sont pas fiables. J'en arrive à me demander si tous ceux et celles qui en parlent ont lu le roman. Je suis sortie de ma virée sur Internet «l'âme en peine», emmêlée dans le fatras de la Toile. Quoi faire alors?

J'ai choisi d'aller faire une incursion du côté de la critique new-yorkaise: la plus près des évènements du 11-Septembre 2001, la plus concernée, celle qui sait.... Pour, ensuite, voler en rase-mottes, et raser les pâquerettes. Comme dit la (ma...) chanson «L'important, c'est... le livre».

Netherland: vu par la critique de New York
Dwight Garner (NYTBR)** écrit: «the wittiest, angriest, most exacting and most desolate work of fiction we've yet about life in New York and London after the World Trade Center fell.»
James Wood (the New Yorker): «One of the most remarkable postcolonial books I have ever read». Il ajoute que Netherland «has been consistently misread as a 9/11 novel, wich stints what is most remarkable about it: that it is a postcolonial re-writing of The Great Gatsby.»
Ces 2 critiques représentent l'ensemble de la critique new-yorkaise. Ces deux courtes citations font nettement ressortir les idées-clés du roman, et parviennent à dissiper la confusion et le brouhaha autour du livre.

-- «work of fiction». Le livre est une œuvre de fiction: il faut le lire comme tel... Ce n'est pas un récit, ce n'est pas un essai: c'est un roman. Même s'il relate ou mentionne des faits réels ou réalistes.
-- «about life... after...». Il porte sur la vie à New York et à Londres après le 11/09/01. «Alors que le monde entier ne croit plus en rien (...)», la quatrième de couverture. Hein? Le monde entier... en rien... ? Quelle boursouflure?
-- «remarkable postcolonial book». Mais aussi sur le racisme larvé qui rampe insidieusement. «You want a taste of how it feels to be a black man in this country? Put on the white clothes of the cricketer. Put on white to feel black». [Pantheon E Books, p. 22].
-- «consistently misread» James Wood, qui sait lire, constate que le livre est mal lu... «consistently misread as a 9/11 novel».

Une fois, le terrain de la lecture ainsi débroussaillé, on comprend pourquoi Netherland peut être comparé à Gatsby le Magnifique. Qu'en dit l'auteur, Joseph O'Neill?

À la question posée par Le Nouvel Observateur: «On voit sans cesse se côtoyer, dans «Netherland», la brutalité des États-Unis et les rêves de ses habitants. Cela rappelle un peu «Gatsby le magnfiique»...
...Joseph O'Neill a répondu: «(...) j'ai réalisé [en cours d'écriture] avec une certaine horreur que je suivais les de Scott Fitzgerald. Bien sûr, ce sont des empreintes énormes! J'ai une grande dette envers Fitzgerald, mais je n'ai évidemment pas essayé de réécrire un chef d'œuvre.» «Un entretien avec l'auteur de «Netherland».

Cet entretien fait suite à l'article «Joseph O'Neill, l'élu d'Obama», de Philippe Boulet-Gercourt, sur BibliObs, dont je cite le dernier paragraphe:
«Michoko Kakutani, la papesse littéraire du "New Yorker, y voit une "méditation sonore sur le rêve américain" dans laquelle «Manhattan est une peinture de Magritte". Mais il faudra attendre juin 2009 [le livre est sorti en mai 2008] pour que le livre connaisse la célébrité: un lecteur a fait savoir qu'il lit "Netherland" et se régale. Il s'appelle Barack Obama
Nous voilà revenus à la case départ... on dirait bien!

«Sometimes to walk in shaded parts of Manhattan is to be inserted into a Magritte: the street is night while the sky is day».

«Parfois, marcher dans les parties ombrageuses de Manhattan, c'est un peu comme être inséré dans un Magritte: la rue est plongé dans la nuit tandis que le ciel est de plein jour»

Je vous reviens demain avec des extraits de «Netherland», en américain ou en français? Avez-vous une préférence?
J'ai la mienne, bien sûr... Je vous dirai laquelle, et pourquoi... cela va de soi.

Bonne journée! À demain!
___
* David Leonhardt est chroniqueur économique au «The Times» et rédacteur au «Times Magazine». Citation tirée de l'article «After the Great Recession». À lire ici...
** NYTBR, New York Times Book Review. Dwight Garner est rédacteur en chef. Citation tirée de «The Ashes». Pour lire l'article, cliquez ici.
*** Citation tirée de «Beyond a Boundery», de James Wood, The New Yorker. L'article est ici...

jeudi 24 septembre 2009

La Vie moderne - Raymond Depardon / Claudine Nougaret

«La Vie moderne», de Raymond Depardon. Production et prise de son Claudine Nougaret. Ce film est le dernier d'une trilogie formée par: L'Approche, Le Quotidien, et La Vie moderne. Présenté au Festival de Cannes, il vient de remporter, dans la section «Un certain regard», le prestigieux Prix Louis-Delluc, décerné depuis 1937. «Les Bas-fonds» de Jean Renoir est le premier lauréat du Prix Louis-Delluc.* «La Vie moderne» sera bientôt sur nos écrans, de même qu'en DVD. La trilogie devrait être disponible en coffret.

Ce que je pense du film
On parcourt les routes des Cévennes, cahoteuses et onduleuses, assis dans l'auto avec Raymond Depardon et Claudine Nougaret, en écoutant la Pavane de Gabriel Fauré. On a le temps d'admirer le paysage d'une beauté grandiose, et de voir la lumière naturelle qui se dégage des Cévennes. Une lumière claire, sans filtre grisâtre. On sait, d'emblée, que l'air est aussi pur que les espaces montagneux sont vastes.

Invisible, on entre dans la cuisine des paysans attablés. On écoute leurs réponses aux questions posées par Raymond Depardon. Des paroles rares, et mesurées, livrées avec une simplicité et un naturel désarmants. Tout de suite, on s'attache à ces êtres criants de vérité qui «nous» reçoivent dans leur cuisine. On écoute leur silence, sans malaise: c'est le temps qui s'écoule dans le sablier. On s'aperçoit, à la question suivante, que Raymond Depardon en a capté le sens. Parfois, il insiste, quelque peu, pour avoir une réponse. Mais, sans pour autant, les bousculer: c'est là une attitude patiente et respectueuse.

On a le temps d'observer leurs expressions, leurs mimiques qui en disent long. On jette un coup d'œil discret autour -par exemple, on remarque un crucifix-, mais sans que la caméra fouine dans la pièce. On entend le tic tac de l'horloge, et autres bruits familiers de la maison... plutôt silencieuse. Claudine Nougaret nous a épargné les cocoricos, les glouglous... Ni la prise de son ni la caméra ne sont envahissantes: on se sent pas leur présence, et les paysans n'ont plus. Une petite exception, de courte durée: une vieille dame, aux cheveux blancs comme neige, offre des biscottes à Claudine Nougaret, il est 7 heures... On tombe sur le charme.

Les problèmes abordés sont sérieux: difficultés économiques, solitude, isolement, absence de relève, les jeunes qui fuient la campagne, la vieillesse... Il est étonnant qu'en si peu de paroles, on a tout appris, tout compris... J'en arrive à penser qu'au commencement était le silence, puis vint le verbe, et les paroles tombèrent en gouttes perlées, rares et précieuses. C'était dans le Temps d'avant le Temps. Je dirais l'Avant-Temps. Aujourd'hui, on est pressé, on parle vite et fort. On ne s'entend plus parler...

Sauf, bien sûr, chez les paysans des Cévennes... Ce sont, entre autres, les deux frères Raymond et Marcel Privat, de plus de 80 ans, et leur neveu Alain et sa nouvelle, et rebelle, épouse (venue du Pas-de-Calais), Cécile. La fille de celle-ci, âgée de 15 ans, compte reprendre la ferme plus tard. C'est Paul Argaud, vaguement protestant, qui regarde à la télévision la messe célébrée à l'occasion du décès de l'Abbé Pierre -qu'il aimait bien. Ce sont aussi de jeunes couples avec leurs jeunes enfants. L'un d'eux, un garçonnet, dira que, plus tard, il veut faire le même métier que papa, qu'il ne veut pas aller à la ville. Il y a de l'espoir, comme le constate Raymond Depardon.

Je ne pense que du bien de ce film. De ce film nous fait du bien. Je parie qu'il peut apporter de la sérénité dans votre vie, car il est à l'image de la vie... Quand on pense que tout est fini, rien n'est fini: tout peut recommencer... autrement.
Par conséquent, je vous conseille sans réserve, le film «La Vie moderne», de Raymond Depardon. Vous verrez, il mérite amplement, le Prix Louis-Delluc.

Pour compléter mes propos
Je juge indispensable de préciser le sens donné au titre du film: cela permettra d'éviter des méprises. La Vie moderne. Moderne? C'est le cinéaste lui-même qui s'en chargera.

Une courte séquence de la bande-annonce vous donnera «une petite idée» du film. Ma préférée aurait été celle des frères Raymond et Marcel Privat (la prochaine fois, on me demandera -sûrement- mon avis...).
Entendre Raymond (83 ans, le plus jeune des 2 frères) qui doit devenir berger (Marcel n'est plus capable d'aller garder les brebis - ce qu'il a fait toute sa vie), entendre Raymond dire, avec ardeur «Il ne faut pas aimer son métier, il faut être passionné», voilà de quoi vous couper le souffle.

Enfin, qui de mieux que Raymond Depardon, qui se désigne comme «l'homme-caméra», pour parler du tournage de son film, et de bien d'autres choses qui concernent son film? Je vous propose une entrevue des plus intéressantes.

La Vie moderne. Moderne?

Que veut dire ce titre? Certains y voient une douce ironie. Vraiment? D'abord, il faut savoir que c'est Claudine Nougaret qui l'a choisi. Lisez ce qu'en dit Raymond Depardon:
__«Elle (Claudine Nougaret) ne voulait pas que le film tende vers quelque chose de nostalgique, de négatif. Pour la première fois (par rapport aux 2 précédents films de la trilogie), dans La Vie moderne, on décèle de l'espoir.»
__ «Sur bien des aspects, notamment écologiques, ils sont en avance sur les gens de la ville. Eux, ils préservent la planète, mais on ne le sait pas parce qu'on ne s'intéresse plus à eux... Et sans doute qu'ils tiendront plus longtemps que nous. Ce film est résolument tourné vers l'avenir. (...)»
__ «Je trouve que, finalement, ils sont très proches de nous. (...) Plus que je ne le pensais. C'est pour cela que La Vie moderne est bien ancrée dans le présent. (...). Ce n'est pas «un monde qui disparaît» ou «un monde à part», c'est un monde qui n'est pas si éloigné du nôtre. Ils n'attendent plus rien de personne. Ils savent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Comme nous.»

La bande-annonce du film: «La Vie moderne», de Raymond Depardon


Pour voir l'entrevue de Élise Chassaing avec Raymond Depardon, sur Arte Culture, à l'occasion du Festival de Cannes, cliquez ici.
___
* Je vous suggère d'aller faire un tour sur Wikipédia pour constater l'excellence incontestable des films et cinéastes qui ont reçu le Prix Louis-Delluc, une récompense cinématographique française annuelle. Suivez le lien...

mardi 22 septembre 2009

Automne - Poésie / Miron - Lapointe - Vigneault -Tremblay

Automne - Poésie / Miron - Lapointe - Vigneault - Tremblay. Aujourd'hui, c'est l'équinoxe d'automne. Rangez vos violons longs de l'automne monotone, sauf...*. Cachez vos pelles: laissez le vent éparpiller les feuilles d'automne (qui) se ramassent à la pelle. Souriez! Aujourd'hui débute le Vendémiaire, Décade 2, du Primidi: un signe de chance, pas de doute! C'est la saison des vendanges: «C'est l'automne, la saison où, sous un soleil refroidi, chacun recueille ce qu'il a semé.», Maurice Barrès, la «Colline inspirée.»**. C'est l'automne! C'est jour de poésie!

Le 22 septembre...
C'est le 1er jour de la République française, c'était en 1792... L'An 1 de la République, selon le calendrier républicain (1792-1806).
Le président des USA, Abraham Lincoln décrète la libération de tous les esclaves aux États-Unis, c'était en 1862... (à compter du 1er janvier 1863).

C'est l'équinoxe d'automne
... aujourd'hui même, le 22 septembre 2009, à 16h20 (HNE). Équinoxe: le jour et la nuit ont une durée égale. D'automne... dans l'hémisphère Nord.
Dans l'hémisphère Sud, c'est l'équinoxe... du printemps. Là, dessous, l'automne est en mars.

Trois poèmes sur l'automne
/ Trois grands poètes québécois

«Été Indien», Gaston Miron
Au bord du tapis volant des autoroutes
dans le cours de l'automne alchimique
nous faisons l'amour d'aussi loin que longtemps
avec des conséquences hors du monde
puis nous avons quitté nos corps d'apesanteur
cet amour au noir dans une vie à l'autre
je vis depuis une blessure à tête de phare
par delà le tintement des choses éteintes
[Poèmes épars, l'Hexagone, p.55]

«Personnage 1», Paul-Marie Lapointe
avant l'hiver
qui occupe en septembre un étang mince
au bas du paysage
comme un chien couché au pied de la nuit de cobalt
les aurores boréales fascinent les citronniers
amère agonie des chaleurs

au premier plan
mais à la profondeur de l'angoisse
un personnage
debout
un homme aux épaules vides
la tête nettement détachée du corps
figure l'été passé
la fin du temps
[«L'espace de vivre», l'Hexagone, p.26]

«L'automne...», Gilles Vigneault
I
L'automne ne sait rien
De sa saison
Il est temps de neiger
Jaune et violet
Vert et or
Ocre et rouge
Le vent se charge du reste

II
Les oiseaux s'en vont
Tomber dans le ciel
Des fruits à l'envers
D'où sont ces racines
Qui les accompagnent?

III
Par discrétion
On ne regarde plus les arbres
Que de biais
En évitant de voir les branches

IV
Timbales sur le lac
Au petit jour
La Camarde des plumes
Bat le tambour

V
Mille feux
pour séduire la neige
[«L'armoire des jours», Nouvelles Éditions de l'Arc, p.110, p.111]

«Les oies...», Gilles Vigneault
Les
Oies.
Têtues,
bavardes
et ponctuelles.
Les voici repartir
vers leurs quartiers d'hiver.
Sur les vieux chemins de septembre,
les oies...
[«Les chemins de pieds», Nouvelles Éditions de l'Arc, p.147]


Terminons sur une note de Musique
...

«Jeux de Solstices» de Gilles Tremblay,
compositeur et poète, un grand artiste

«Cette pièce qui porte en exergue une citation d'Héraclite d'Éphèse: "accord de tensions inverses, comme dans l'arc et la lyre", fait partie d'un cycle d'oeuvres inspirées des opposions et progressions inverses qui caractérisent la division du temps terrestre: jour/nuit, été/hiver, printemps/automne.»
La SMCQ, Société de musique contemporaine du Québec, rendra hommage à Gilles Tremblay au cours de la saison 2009/10. Les citations sont tirées de la brochure publiée, en encart dans les journaux, par la SMCQ, à l'occasion de cet événement. Un événement important dont je vous reparlerai.

... et une citatio
n
«Je souhaiterais que tous les gens puissent percevoir les sons de la vie comme si c'était de la musique:
car cela en est et on ne le sait pas.»
Gilles Tremblay (1966)

Prêtez l'oreille aux sons de l'automne! C'est la musique de votre vie...
___
* Sauf... «Les sanglots longs de l'automne blessent mon cœur d'une langueur monotone.» Ce ver de Verlaine a servi de signal au débarquement en Normandie. «Souvenons-nous des sanglots longs du Débarquement». Je vous invite à lire mon billet. [oui, la page existe].
** Citation tirée du «Grand Robert de la langue française».

lundi 21 septembre 2009

FIL - Festival international de littérature / Festin de mots

FIL - Festival international de littérature. Le FIL présente un «Festin des mots» où des «écrivains, des artistes de toutes disciplines, d'ici et d'ailleurs, mettront tout leur talent, leur intelligence et leur sensibilité au service de la littérature»,dit Michelle Corbeil, directrice générale et artistique, dans son texte de présentation. Le Fil propose des lectures, des spectacles des rencontres qui, dira-t-elle, donneront «envie de lire un peu plus, toujours beaucoup et aussi passionnément que tous ces «fous de littérature» que vous croiserez au cours de cette fête abondante de mots à entendre, à savourer, à faire rêver». Que voilà, une vraie déclaration d'amour!

Près de 200 écrivains et artistes participent à ce 15e
Festival international de littérature (FIL). D'une année à l'autre, la qualité et l'originalité de sa programmation ne se démentent pas. Les médias en soulignent l'excellence, et le public participe en grand nombre. Le Fil est un événement culturel phare au Québec qui rayonne dans toute la francophonie.

Le Fil nous convie au «Festin de Babette»... sauf que les gens d'ici et ceux venus d'ailleurs sont friands du «Festin de mots». Pour vous induire en tentation... je vous en donne un aperçu.

Lectures, par des comédiens, de: Marguerite Yourcenar, Victor Klemperer, Flannery O'Connor, Rainer Maria Rilke, Albert Camus, Philippe Dijan, Nathalie Sarraute, Catherine Mavrikakis. «Carte blanche» à Dany Laferrière réserve des surprises.

Spectacles
«Cabaret Césaire», spectacle autour du «Cahier du retour au pays natal» de Aimé Césaire;
«Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent», de Loui Mauffette, mettant en scène des «passeurs de poésie». Il vise, en toute simplicité, à «théâtraliser la poésie, la décomplexer un peu, la décoincer beaucoup.»
«Musica Noctruna / La nuit sera longue», spectacle d'un trio inusité, littérature, danse et cirque.
Pour toute la famille: «Un cadeau pour Sophie», de Gilles Vigneault, littérature et chanson en un spectacle jeunesse.

Hommage à Gabrielle Roy (1909-1983)
Pour célébrer le centenaire de sa naissance, le Fil propose un spectacle littéraire avec Marie-Thérèse Fortin, une création: «La détresse et l'enchantement». Tout au long du Festival d'autres activités s'ajouteront à cet hommage: expositions, rencontre littéraire, cinéma et lecture de textes aux Midis littéraires, etc.

Lisez l'Europe
Jakob Arjourni d'Allemagne, Geneviève Brisac (France), Najat El Hachmi (Espagne), Peter H. Fogtdal (Danemark), Robert Pazzi (Italie). Des lectures; des rencontres croisées avec des écrivains du Québec; des projections de film et discussions.
«Chacun à leur façon , les écrivains invités témoignent de leur appartenance à cette Europe plurielle et multiculturelle, traversée depuis toujours d'échanges et de métissages»

Rendez-vous poétiques
«Les 5 à souhaits, Apéros poétiques», dans une ambiance jazzée, la parole est donnée aux poètes;
«Erlenmeyer», un collectif à géométrie variable présente une performance littéraire;
«Amériquoises», fait entendre la voix de femmes d'Amérique méconnues, des poètes traduites par Michel Garneau, lui-même poète. Ce spectacle littéraire est une création de Christine Germain.

Une invitation généreuse
Comme vous le constatez, la table est bien garnie: chacun peut y trouver des mets à son goût. Alors, ne soyez pas en reste... allez festoyer.
Petite note en cette période où plusieurs doivent se serrer la ceinture.
Beaucoup d'activités du FIL et en marge du Fil sont offertes en entrée libre (certaines, avec laissez-passer). Pour les autres, les prix d'entrées sont modiques, de 7$ à 20$, en général. Pour certains spectacles, il faut débourser un peu plus. Peu coûtent 30$ et plus.

La littérature pour tous, et avant tout!


Pour consulter le programme, cliquez ici.
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Psitt! Haro sur la «brillante fonctionnaire (qui avait répondu à Michelle Corbeil, l'âme du FIL, en quête d'appui financier ): "Montréal est déjà la ville du jazz, la ville du rire et la ville de la chanson francophone. La dernière chose dont cette ville a besoin, c'est de la littérature."
Psitt! Psitt! L'ironie du sort vient de faire un pied de nez à la «brillante fonctionnaire». L'impoli, va! Gilbert Rozon, maître d'oeuvre du «Festival juste pour rire» vient de mettre la table, à prix fort, pour Fabrice Lucchini. Sans doute, juste pour rire... Farceur, va!
Source des Psitt! Nathalie Petrowsky, «Le prix des mots», La Presse (Cyberpresse), samedi 19 septembre 2009.

dimanche 20 septembre 2009

Rhinocéros- Eugène Ionesco / Actualité

«Rhinocéros», de Eugène Ionesco. Dans l'actualité. La pièce, «Rhinocéros», de Eugène Ionesco est jouée partout dans le monde, aujourd'hui comme hier. Son succès ne se dément pas. Et pour cause, c'est une pièce intemporelle et universelle. Ce qui surprend c'est que: «En Iran, "Rhinocéros" écrase tout sur son passage. Une adaptation de la pièce d'Eugène Ionesco a été le spectacle le plus vu à Téhéran l'an passé. (...) 25 674 billets ont été écoulés. Pour se faire idée de ce que représente ce succès, il faut savoir que le deuxième spectacle le plus populaire ne totalise que 4 801 entrées et le troisième 390», écrivait Baptiste Touvery, dans son article «Ionesco cartonne en Iran», sur BibliObs. Pierre Assouline en glissait un mot: «"Rhinocéros" triomphe en Iran» (République des livres). Que les principaux comédiens soient des stars de cinéma, ça n'y change rien: c'est partout pareil... (par exemple, un cas célèbre, Michèle Morgan).

Jamais un sans trois... Du même coup, j'apprenais que la BNF (Bibliothèque Nationale de France)*, en partenariat avec Ina, Le Magazine littéraire, France 5, présentera bientôt une exposition consacrée à l'oeuvre de Eugène Ionesco. Pour marquer le centenaire de la naissance du Fondateur du «théâtre de l'absurde» et le don de ses archives par sa fille à la BNF. Ce qui me fait penser au «fâmeux» Rhinocéros bleu de la station du Louvre (!), qui galope sur Internet, et me laisse perplexe...
Quoi qu'il en soit, le «Rhinocéros» est dans le texte: c'est là qu'il charge...

Le «Rhinocéros», de Eugène Ionesco.
Le propos. Dans une ville, une étrange maladie se répand: la «rhinocérite». Elle transformera, peu à peu, les habitants en rhinocéros, sauf Béranger.

Extrait tiré du début - Dialogue entre Jean et Béranger:
J. Vous êtes dans un triste état, mon ami.
B. Dans un triste état, vous trouvez?
J. Je ne suis pas aveugle. Vous tombez de fatigue, vous avez encore perdu la nuit, vous bâillez, vous êtes mort de sommeil...
B. J'ai un peu mal aux cheveux...
J. Vous puez l'alcool!
B. J'ai un petit peu la gueule de bois, c'est vrai!
J. Tous les dimanches matins, c'est pareil, sans compter les jours de la semaine.
B. Ah non , semaine c'est moins fréquent, à cause du brueau...
J. Et votre cravate où est-elle? Vous l'avez perdue dans vos ébats!
B. mettant la main à son cou __ Tiens, c'est vrai, c'est drôle, qu'est-ce que j'ai bien pu en faire?
J. sortant une cravate de la poche de son veston __ Tenez, mettez celle-ci.
B. Oh, merci, vous êtes bien obligeant (il noue la cravate à son cou).
J. pendant que Bérenger nous sa cravate au petit bonheur __ Vous êtes tout décoiffé! B. passe les doigts dans ses cheveux
B. Tenez, voici un peigne! Il sort un peigne de l'autre poche de son veston.
J. Merci! il se peigne vaguement.

Et le même manège continue: pas rasé... vêtements chiffonnés, chemise sale, souliers pas cirés, poussière blanche sur les épaules . Quand Bérenger se regarde dans le miroir (pas rasé!) et tire la langue et dit:« J'ai la langue bien chargée», Jean lui annonce une cirrhose: «Ce n'est pas étonnant! La cirrhose vous menace, mon ami.»

La rhinocérite
Toute la ville attrapera la rhinocérite, une étrange maladie... qui illustre la montée du nazisme, du fascisme, du stalinisme, du totalitarisme, de l'endoctrinement, de la fanatisation.
Béranger, l'alcoolique le non-conformiste, le résistant -si je puis dire ainsi- n'en sera pas atteint. Il est en marge de la société.

Ionesco dira de sa pièce: «Bien qu'elle soit une farce, elle est surtout une tragédie... Nous assistons à la transformation mentale de toute une communauté. (...)
Un homme assiste impuissant à la transformation de son monde contre laquelle il ne peut rien,. Il ne sait plus s'il a raison ou non, il débat sans espoir, il est le dernier de son espèce. Il est perdu.»

Dans la ville, les petits fonctionnaires -de service- se métamorphosent en rhinocéros. Protégés par leur carapace, (leur uniforme...), ils détruisent tout ce qui ne leur ressemble pas. Sauf Bérenger représentant la minorité... d'irréductibles.

Place au théâtre! Un... deux... trois.... Rideau!

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Psitt! Au fait, avez-vous déjà rencontré un Rhinocéros, un grand ou un petit, près de chez-nous? Dans votre milieu de travail, ou ailleurs...? Prenez garde, il n'existe pas de vaccin... contre la rhinocérite.

samedi 19 septembre 2009

Umberto Eco - Vertige de la liste / Le Louvre

Umberto Eco - Vertige de la liste / Le Louvre. Umberto Eco sera le Grand invité du Louvre (en novembre et décembre 2009). Le Louvre lui ayant donné carte blanche, il propose «Vertige de la liste», c'est le titre qu'il a imaginé pour la programmation pluridisciplinaire à travers l'histoire de l'art, la littérature, la musique, articulée sous le thème de la liste.

«Liste de courses, de couleurs, de lieux, de noms, d'objets, de lettres, de chiffres, de titres, de plantes, de mots. «La liste des listes est infinie et, cependant, toujours semblable à travers les siècles, car correspondant au besoin d'énumérer, de citer, de compter, de classer, de répéter, de mémoriser... De nombreux artistes prennent en effet la liste comme processus et comme thème fondateur de leur démarche (...)»*.
Vertige? Assurément... non pas la peur de tomber dans le vide, mais une impression de trop-plein qui donne le tournis.

Que dit la présentation du Louvre?
«Une liste c'est l'énumération des choses essentielles ou futiles, c'est l'arrangement aléatoire ou structuré d'éléments cohérents ou disparates, c'est un classement toujours provisoire, c'est l'organisation incongrue ou harmonieuse d'objets réels, virtuels, imaginaires ou symboliques, c'est l'entassement volontaire ou hasardeux d'ensembles homogènes, c'est l'accumulation de définitions nécessaires ou chimériques, c'est l'aboutissement dialectique du dialogue utopique entre le rêve et la raison. C'est le vertige qui nous prend devant l'agencement impossible du monde.»
« (..) Une liste dit ce qu'elle dit et rien d'autre. (...).» [phrase tirée d'un long paragraphe]**.
Vertige? Tournis? La programmation parviendra à dissiper cette impression, quoique...

Un aperçu de la programmation
Conférence d'ouverture par Umberto Eco sur le thème «Vertige de la Liste»;
Cycle de conférences, concerts, musique filmée, projection, vidéo, exposition «Mille e tre»;
Un colloque, «Œuvres ouvertes»: Umberto Eco et la scène italienne des années 1960.

Sur le thème Littérature: l'œuvre de Georges Perec (avec l'OuLiPo et Carole Bouquet);
des lectures sonores (textes réunis par Umberto Eco;
le spectacle «Listing Cérémonie», avec la collaboration artistique de Umberto Eco.

Vertige? Tournis? Non, ça va. Ça ira... ça ira... quoique..

Enfin, je signale deux publications:
__ Édition/Création, «Vertige de la liste» par Umberto Eco.
__ «Les habitants du Louvre». Une liste de toutes les personnes qui travaillent au Louvre (environ 2000!), une liste des noms de tous les artistes exposés au Louvre, de l'antiquité au début du XIXème siècle.
Va pour la première publication. Quant à la deuxième... un volume composé de deux listes? Longues... mais des listes. Non, ça ne va pas. [d'où mon quoique...]
De telles listes se publient sur Internet, consultables dans le monde entier. Une liste, c'est une liste. Ça ne vaut pas plus...
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Louvre...

Charles Dantzig
Ce qui me ramène au livre, «Encyclopédie capricieuse du tout et du rien», de Charles Dantzig (2009, 798p.). Des listes, des listes, et encore des listes. Un vrai cas de listérite.

Wikipédia / McSweeney
Ce qui me ramène aussi à deux publications de listes gratuites sur Internet. Il y en une myriade d'autres, ici j'en nomme deux ...
__ Sur Wikipédia, «La liste des listes». Son nom dit tout... Pour y jeter un coup d'œil ou deux, cliquez ici.
__ Sur le site «Thimothy McSweeney», des listes originales, inventives, loufoques. C'est craquant! «Délirant et génial», disait Didier Jacob, sur BibliObs. On peut y ajouter sa liste!
Des listes, des listes, et encore des listes, sur tout et sur rien... Une liste étant une liste, rien de plus. Pour consulter le «McSweeny», cliquez ici.
___
* Sylvie Prioul, «Umberto Eco est pris de "Vertige", sur BibliObs.
**«Le Louvre invite Umberto Eco», sur le site du Louvre.
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