«Le Vitrail brisé», de Jean-Paul Daoust, vient de paraître aux Écrits des Forges. Chaque être humain peut se reconnaître dans ce livre de poésie, ou reconnaître un moment difficile de sa vie. Le poète parle de nous tous, et parle pour nous tous. «Qui a peur de la poésie?» Pas celui, ou celle, qui a lu «Le Vitrail brisé». Celui, ou celle, qui lira ce livre de poèmes en sortira réconcilier avec la poésie, du moins celle qui sait le toucher, avec la douleur... et au ventre, l'espoir de s'en sortir.
Il y a deux ans, Jean-Paul Daoust s'est infligé de graves blessures aux vertèbres cervicaux en déboulant dans un escalier, il aurait pu perdre la vie. Un pareil accident, «ça n'arrive qu'aux autres»? Une épreuve douloureuse, «ça n'arrive qu'aux autres»?
Ce qu'en dit le Poète
«Jamais j’aurais cru recevoir des prix avec ça, c’est tellement un livre à part dans ma démarche». J’ai proposé «Le Vitrail brisé» aux Écrits des Forges au printemps, comme ça, conscient que c’était un peu spécial. Pour la première fois, c’était un geste altruiste. Je me disais : tellement de gens passent par là, la douleur insoutenable, maintenant que je sais ce que c'est, je vais en parler.»
La première de couverture est, justement, illustrée par l’authentique radiographie de son cou brisé [cliquez sur l'image pou l'agrandir]. «C’est cette image qui m’a donné l’idée du titre. Ça me fait penser à un vitrail, ce côté translucide. Puis le vitrail, ça évoque la fragilité, les morceaux qui ont de la valeur une fois qu’ils sont assemblés. Un vitrail, surtout, n'a aucun intérêt vu de l’extérieur, il faut entrer dans l’obscurité pour qu’il dévoile ses couleurs».
«Pour moi, c’est une forme de pendant aux «Cendres bleues». Dans ce livre-là tout tournait autour d’une blessure psychique liée à l’enfance, alors qu’aujourd’hui la blessure est physique. Dans les deux cas, il y a la même nécessité de passer à travers».
Les «Cendres bleues» a valu à Jean-Paul Daoust le Prix du Gouverneur général, en 1990.
Ce livre est une œuvre intime où le poète traite avec force et lucidité d'abus sexuels commis sur un jeune enfant. Il dit la douleur de l'âme, et le courage de s'en sortir.
«C’est la forte émotion générée chez le lecteur qui a interpellé le jury. L’intensité et la latence de la douleur physique qui traverse le recueil de la première à la dernière page comme une épée bien affûtée, douleur dont l’écriture est le témoin constant dans une gymnastique subtile de peurs et de et d’ivresse, d’espoir et de perte consommée, de fragilité et de certitudes. Ceci, dans une écriture aussi somptueuse en images à l’instar de certains grands textes de cet auteur si particulier. (…) Le Vitrail brisé, un recueil extrêmement émouvant où l’écriture à la fois témoin d’une douleur et expression du mal en train de se vivre. Une poésie du courage, empreinte de l’humour étonnant de Daoust, témoignant d’une transcendance dans laquelle tout être se reconnaît, ou reconnaît son intime effondrement».
C’est en ces termes que s’est exprimée Mona Latfi-Ghattan, poétesse et romancière, au nom du jury qui a octroyé le Grand Prix Quebecor du Festival International de Trois-Rivières au manuscrit «Le Vitrail brisé», de Jean-Paul Daoust.
Il y a deux ans, Jean-Paul Daoust s'est infligé de graves blessures aux vertèbres cervicaux en déboulant dans un escalier, il aurait pu perdre la vie. Un pareil accident, «ça n'arrive qu'aux autres»? Une épreuve douloureuse, «ça n'arrive qu'aux autres»?
Ce qu'en dit le Poète
«Jamais j’aurais cru recevoir des prix avec ça, c’est tellement un livre à part dans ma démarche». J’ai proposé «Le Vitrail brisé» aux Écrits des Forges au printemps, comme ça, conscient que c’était un peu spécial. Pour la première fois, c’était un geste altruiste. Je me disais : tellement de gens passent par là, la douleur insoutenable, maintenant que je sais ce que c'est, je vais en parler.»
La première de couverture est, justement, illustrée par l’authentique radiographie de son cou brisé [cliquez sur l'image pou l'agrandir]. «C’est cette image qui m’a donné l’idée du titre. Ça me fait penser à un vitrail, ce côté translucide. Puis le vitrail, ça évoque la fragilité, les morceaux qui ont de la valeur une fois qu’ils sont assemblés. Un vitrail, surtout, n'a aucun intérêt vu de l’extérieur, il faut entrer dans l’obscurité pour qu’il dévoile ses couleurs».
«Pour moi, c’est une forme de pendant aux «Cendres bleues». Dans ce livre-là tout tournait autour d’une blessure psychique liée à l’enfance, alors qu’aujourd’hui la blessure est physique. Dans les deux cas, il y a la même nécessité de passer à travers».
Les «Cendres bleues» a valu à Jean-Paul Daoust le Prix du Gouverneur général, en 1990.
Ce livre est une œuvre intime où le poète traite avec force et lucidité d'abus sexuels commis sur un jeune enfant. Il dit la douleur de l'âme, et le courage de s'en sortir.
Ce qu'en dit le jury Grand Prix Quebecor du Festival International de Trois-Rivières
«C’est la forte émotion générée chez le lecteur qui a interpellé le jury. L’intensité et la latence de la douleur physique qui traverse le recueil de la première à la dernière page comme une épée bien affûtée, douleur dont l’écriture est le témoin constant dans une gymnastique subtile de peurs et de et d’ivresse, d’espoir et de perte consommée, de fragilité et de certitudes. Ceci, dans une écriture aussi somptueuse en images à l’instar de certains grands textes de cet auteur si particulier. (…) Le Vitrail brisé, un recueil extrêmement émouvant où l’écriture à la fois témoin d’une douleur et expression du mal en train de se vivre. Une poésie du courage, empreinte de l’humour étonnant de Daoust, témoignant d’une transcendance dans laquelle tout être se reconnaît, ou reconnaît son intime effondrement».
C’est en ces termes que s’est exprimée Mona Latfi-Ghattan, poétesse et romancière, au nom du jury qui a octroyé le Grand Prix Quebecor du Festival International de Trois-Rivières au manuscrit «Le Vitrail brisé», de Jean-Paul Daoust.
Paroles du Poète
«Les mots ont été comme des lucioles, dans le noir, ils m’ont aidé à nommer, à apprivoiser la douleur.
Cette douleur qui amène une solitude épouvantable.»
Cette douleur qui amène une solitude épouvantable.»
«Écrire pour ne pas souffrir à haute voix
Les mots se confrontent
La pensée bec et ongles s’agrippe
Rien n’y fait tout s’écroule
Vacarme inouï de la douleur»
«Le corps de venu un vitrail éteint
La douleur y cisèle avec minutie son œuvre
Le temps vole en éclats coupants
Les souvenirs charcutés chantent en discordance
L'opéra de l'enfer»
«Sortir du coma en déclamant des poèmes
Intubé de partout
Le temps s'est perdu
Imaginer encore possible la poésie
Au coin des yeux le silence coule»
Les mots se confrontent
La pensée bec et ongles s’agrippe
Rien n’y fait tout s’écroule
Vacarme inouï de la douleur»
«Le corps de venu un vitrail éteint
La douleur y cisèle avec minutie son œuvre
Le temps vole en éclats coupants
Les souvenirs charcutés chantent en discordance
L'opéra de l'enfer»
«Sortir du coma en déclamant des poèmes
Intubé de partout
Le temps s'est perdu
Imaginer encore possible la poésie
Au coin des yeux le silence coule»
Remis de ses blessures, Jean-Paul Daoust partira en France pour une résidence de 3 mois dans la maison où Rimbaud écrivit «Une saison en enfer». Nos meilleurs vœux l’accompagnent!
Grand poète québécois, Jean-Paul Daoust est un homme simple, comme vous et moi (!*):
«Ouin, j’ai repris du poil de la bête, mettons. Pis, je vais te dire, j’ai bien l’intention d’en profiter!», a-t-il déclaré à Tristan Malavoy-Racine.
J'avoue: je n'ai pas lu les «Cendres bleues», publié aux Écrits des Forges. Je vais donc le lire en parallèle avec «Le vitrail brisé», car il s'agit, de l'avis même de l'auteur, des deux pendants de la douleur.
Et, bien sûr, je reviendrai vous en parler.
Bonne journée! À demain...
___
Note. On aura remarqué le rappel du titre de 2 films: «Qui a peur de Virginia Wolf» et «Ça n'arrive qu'aux autres», un film crève-couer avec Catherine Deneuve et Marcello Mastroïani.
Sources: «Jean-Paul Daoust - Passer de l'ombre à la lumière», de Tristan Malavoy-Racine, voir.ca
«Poésie - le Vitrail brisé», de Hugues Corriveau, Le Devoir, des samedi et dimanche, 10 et 11 octobre 2009.
«Le 25e Festival International de la Poésie de Trois-Rivières», sur le site du même nom.
Grand poète québécois, Jean-Paul Daoust est un homme simple, comme vous et moi (!*):
«Ouin, j’ai repris du poil de la bête, mettons. Pis, je vais te dire, j’ai bien l’intention d’en profiter!», a-t-il déclaré à Tristan Malavoy-Racine.
J'avoue: je n'ai pas lu les «Cendres bleues», publié aux Écrits des Forges. Je vais donc le lire en parallèle avec «Le vitrail brisé», car il s'agit, de l'avis même de l'auteur, des deux pendants de la douleur.
Et, bien sûr, je reviendrai vous en parler.
Bonne journée! À demain...
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Note. On aura remarqué le rappel du titre de 2 films: «Qui a peur de Virginia Wolf» et «Ça n'arrive qu'aux autres», un film crève-couer avec Catherine Deneuve et Marcello Mastroïani.
Sources: «Jean-Paul Daoust - Passer de l'ombre à la lumière», de Tristan Malavoy-Racine, voir.ca
«Poésie - le Vitrail brisé», de Hugues Corriveau, Le Devoir, des samedi et dimanche, 10 et 11 octobre 2009.
«Le 25e Festival International de la Poésie de Trois-Rivières», sur le site du même nom.