Livre pour Halloween -Dix petits nègres -Agatha Christie. Dans le roman «Dix petits Nègres», la Reine du crime, «la seule personne pour qui le crime a payé» -selon le mot de Churchill, rapporté par Bernard Pivot-, Agatha Christie a saisi, et rendu avec justesse, la déviation psychologique d'un juge à la retraite qui décide de commettre des crimes. Les mêmes qualités qui lui ont servi dans sa vie professionnelle serviront à Lawrence Wargrave à commettre des assassinats planifiés et exécutés avec minutie et de sang-froid. Il n'est devenu fou, ni ceci, ni cela. C'est un esprit tordu! Une crapule devenue... ou demeurée crapule...
Peut-être trouverez-vous le rapprochement est un peu fort. Mais, le renversement d'un mécanisme sain en un mécanisme malsain me fait penser au roman de Jonathan Littell «Les Bienveillantes» où les principes d'une saine gestion d'entreprise sont déviés de leur fin en servant à l'extermination «efficace» d'êtres humains. Ça fait mal à la tête. Ça fait mal au cœur.
Donc, de justicier-selon-la-loi, le Juge Wargrave deviendra un justicier hors-la-loi et assassin, s'appuyant sur ses connaissances et son expérience de juge respectable et respecté. C'est effroyable! Disons-le... effroyablement «efficace».
Donc, de justicier-selon-la-loi, le Juge Wargrave deviendra un justicier hors-la-loi et assassin, s'appuyant sur ses connaissances et son expérience de juge respectable et respecté. C'est effroyable! Disons-le... effroyablement «efficace».
«Dix petits Nègres», de Agatha Christie
Dans le roman, le juge commet dix crimes en série -c'est un serial killer avant la lettre. Il choisit ses victimes et les attire en usant de subterfuges dans un lieu isolé nommé «l'île du Nègre» M. le Juge a tout préparé avec le soin et la minutie qu'on lui connaît, avec l'aide Agatha C. Une mise en scène diabolique:
Dans le roman, le juge commet dix crimes en série -c'est un serial killer avant la lettre. Il choisit ses victimes et les attire en usant de subterfuges dans un lieu isolé nommé «l'île du Nègre» M. le Juge a tout préparé avec le soin et la minutie qu'on lui connaît, avec l'aide Agatha C. Une mise en scène diabolique:
- Debout devant la cheminée (de sa chambre à coucher), Véra lut les naïves strophes apprises dans son jeune âge. Dix petits Nègres s'en allèrent dîner. L'un d'eux s'étouffa et il n'en restait plus que Neuf.... que 8... que 7 ...que 6... que 5... que 4... que 3... que 2 ... que 1 ... aucun. Véra ne put réprimer un sourire. Bien sûr! N'était-on pas ici à l'île des Nègres?
- Au centre de la table ronde, sur un plateau de verre, étaient placées dix petites figurines en porcelaine. «Des Nègres, dit Tony. L'île des Nègres. Voilà d'où vient l'idée, je suppose.. » Véra se pencha en avant. «En effet, c'est amusant. (...).»
Les «invités, après ce copieux et fin repas, étaient heureux de la vie et d'eux-mêmes.» Cruel! C'est dans cet état de bien-être, bien orchestré, qu'«une voix... inattendue... surnaturelle... et incisive...» fit entendre les actes d'accusation. Ils réalisent alors qu'ils sont pris dans une souricière. Dans ce huis clos étouffant, ils en viendront à se soupçonner les uns les autres, et même à tuer. La peur pour sa propre vie est doublée par la peur des autres. Qui a commis ce meurtre! Et ce meurtre?... jusqu'au décompte final. Diabolique!
Parmi les invités -qui ne savent pas qu'ils sont «ses» invités- il se réserve le beau rôle, l'homme au-dessus de tout soupçon. Aussi sa disparition soudaine -que le Diable a planifié- plongera ceux et celles qui restent dans le plus grand désarroi, tant est que cela soit possible.
Lire «Dix petits Nègres»
Si on plonge tête première dans ce roman, on finit par ressentir l'atmosphère étouffante, oppressante qui s'en dégage. Il n'est pas facile -à ce que je crois- de découvrir le coupable ou les coupables de chaque meurtre. On en soupçonne un ou une,, on le pointe du doigt, puis on se ravise... c'est l'autre. Et, on demande comment ça va finir. La chute finale surprend: c'était lui? Lui... ? qui ça, lui...? Je ne vais pas vous le dire, tout de même!
Dans son livre «La Bibliothèque idéale», Bernard Pivot classe «Le Meurtre de Roger Ackroyd» de Agatha Christie parmi les 10 premiers romans sur 49 romans policiers à lire -le 50e étant, peut-être déjà, dans notre bibliothèque, écrit Pivot. Je ne partage pas son avis. Pour moi, le meilleur roman est «Dix petits Nègres», pour des raisons qui portent sur le fond et sur la forme. Parmi celles-ci, je signale la psychose collective dont le mécanisme est réglé comme une horloge. Psychose qui amène tout le monde à soupçonner tout le monde [comme on en retrouve de la réalité]. C'est un aspect très fort du roman qui, à lui seul, devrait vous inciter à le lire.
Roman populaire? Roman policier? Quoi...? Hein...? On s'en fiche. On lit un bon roman, et il n'y a pas de honte à y avoir? Il vaut mille fois mieux qu'une bluette écrite par «vrai» écrivain...
«Dix petits Nègres»: un roman à lire. Le livre est accessible gratuitement sur Internet en cliquant ici.
Un roman à écouter. Hélas, je n'ai pas trouvé d'extraits audio qui fonctionnent... alors, je passe.
Un extrait vidéo à voir. C'est une confession écrite. Attention! Cet extrait vidéo pourrait vous priver du plaisir de découvrir la machination machiavélique du roman.
Avant de vous quitter sur ces images, je vous invite à me lire demain. Je vous entretiendrai de masques... non pas pour l'Halloween, quoique... mais... Suspense... À demain!
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Psitt! Saviez-vous que le cinéaste québécois Robert Morin a tourné, en 1989, un film «La Réception», une libre adaptation de Dix petits Nègres de Agatha Christie? Ah ben dis donc, ça alors!