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lundi 9 novembre 2009

Bombardement de Guernica / Apocalyse - Épisodes 1 et 2

«Bombardement de Guernica». «Apocalypse, la 2e Guerre mondiale» - Épisodes 1 et 2, lundi 9 septembre 2009. J'indique d'emblée que le tome 2. «La course à l'abîme» de l'ouvrage de Alain Decaux, «C'était le XXe siècle«, publié en 4 tomes ou en un volume (Perrin)*, me servira de guide pour vous parler du bombardement de Guernica, car quand Alain Decaux raconte, nous voyons, nous entendons, nous comprenons ces hommes et ces évènements humbles ou prodigieux. Mais, tout d'abord, un mot sur l'entrée en guerre.

[] «Il y a 70 ans, le 1er septembre 1939 à 4H45 du matin -heure locale, le cuirassé allemand Schleswig-Holstein a tiré en Pologne les premiers coups de canon de La Seconde guerre mondiale, couvrant de feu la base polonaise de Westerplatte, près de Gdansk», écrit Stanislaw Waszak [Agence France-Presse, Varsovie], dans un article publié sur Cyberpresse.

Ces premiers coups de canon tirés à 02H45 GMT marquent le début de la Seconde Guerre mondiale, qui fera des millions de morts et de blessés, physiquement et mentalement. Et causera des dommages humains collatéraux incalculables. Des blessures inguérissables. Des cicatrices profondes.
[] Le même jour, la Wehrmacht -l'armée allemande- franchit la frontière polonaise sur ordre de Hitler, sans déclaration de guerre. L'opinion publique a retenu que cette invasion marque le début de la guerre. Ce n'est pas juste, mais c'est une opinion répandue. Tout de même, bombardement et invasion marquent, en ce funeste jour, l'entrée en guerre.
[] Deux jours plus tard, le 3 septembre 1939, à 12 heures -heure locale-, la Grande-Bretagne se déclare en guerre avec l'Allemagne. À 15 heures -heure locale-, la France fait de même.

«... la génération qui avait juré, lors de l'armistice de 1918,
qu'elle ne reverrait "plus jamais ça",
se précipitait tête baissée, vers une deuxième guerre mondiale, vers l'abîme.»
[Alain Decaux, C'était le XXe siècle, 2. La course à l'abîme]

D'un bombardement à l'autre... d'un cuirassé à l'autre...
Des années plus tôt, des signes avant-coureurs annonçaient la venue d'une autre guerre. Parmi ces évènements, je retiens le bombardement de Guernica, le 26 avril 1937. Un épisode de l'avant-guerre qui me touche jusqu'à la pointe du cœur, et qui saura vous émouvoir...
La guerre, commencée par le bombardement par un cuirassé, prendra fin par deux bombardements, les plus terribles, qui forceront le Japon à capituler. Le 6 août 1945, les Américains larguent la bombe atomique -nommée «Little Boy»**- sur Hiroshima. Puis une autre, -nommée «Fat Man»**- sur Nagasaki, le 9 août 1945. Le Japon capitulera sur le cuirassé américain Missouri, amarré dans la baie de Tokyo, le 2 septembre 1945. C'était la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

"plus jamais ça"...

Bombardement de Guernica

Le bombardement de Guernica est l'évènement majeur de la Guerre d'Espagne, aussi désignée Guerre civile espagnol. Lisez bien ceci : «En journaliste (sur le terrain) qui sait voir, sentir et comprendre, Georges Steer estime que l'entreprise (le bombardement) a été scientifique préparée et exécutée.»
«Son récit -le plus complet, le plus précis- paraîtra dans le Times et dans le New York Times. Étant donné le prestige indiscuté des deux journaux, on peut estimer que c'est l'article de Steer qui a -plus que tout autre- déclenché la réaction horifiée de l'opinion mondiale.» Steer est l'un des 4 correspondants à se rendre sur les lieux dévastés. Une lecture aussi douloureuse que captivante.

Decaux raconte:
26 avril 1937
«Soudain, à 4 heures et demie de l'après de l'après-midi, toutes les cloches de Guernica se mettent à sonner. Les entendre à une heure qui n'est ni celle d'une messe, ni des vêpres ou d'un salut, les habitants de cette petite ville basque savent ce que cela signifie: une alerte. Guernica ne dispose d'aucune sirène. En 1937, au Pays basque, rares sont les localités assez riches pour s'équiper d'un système d'alerte. (...)

Ce jour-là, le 26 avril 1937, un marché se tient comme chaque lundi à Guernica. Aux paysans venus pour vendre et acheter, s'ajoutent les nombreux réfugiés: cela fait bien trois mille personnes supplémentaires accueillies dans la petite ville (de 7000 habitants). Trois mille qui, dès les premières volées de cloches, se sont avec les autochtones acheminés en bon ordre dans les caves et les abris aménagés dans la ville depuis le bombardement qui, un mois plus tôt, a écrasé Durago, autre ville basque. Un prêtre énergique canalise la foule vers les refuges. De tels réflexes, en temps de guerre, les civils les acquièrent très vite.
Les imprudents, les négligents, les curieux vont bientôt -très bientôt- regretter de n'avoir pas suivi le mouvement.

Cinq minutes se sont à peine écoulées que, dans le ciel, on entend le grondement d'un avion. D'évidence, un avion lourd. Ceux qui sont restés dehors le voient, à basse altitude, s'approcher. Il est seul. Apparemment sûr de l'impunité, le pilote ne prend aucune précaution. Il se met à décrire un cercle autour de la ville. Il vole si bas que pour peu on distinguerait l'équipage casqué de cuir. Tout à coup, l'enfer se déchaîne. On voit distinctement la soute du bombardier s'ouvrir et un chapelet de bombes glisser vers le sol. Certains les comptent: six. «Elles étaient grosses», diront les survivants. Des grenades viennent «compléter» le travail.
On a cru d'abord que le bombardier viserait la gare. Or, les bombes s'écrasent sur le lycée, les maisons et les rues voisines. Les murs s'abattent, des cratères se creusent. Les flammes, en quelques secondes, se tordent. Le bombardier a rempli sa mission. Il s'éloigne.

Ceux qui n'ont pas été touchés s'élancent vers les rues et les maisons bombardées. Des gens se trouvent peut-être emmurés! Ce geste secourable est brisé sur-le-champ. Dans le ciel gronde déjà un autre moteur. Le second bombardier ne vole pas plus haut que le premier. À quoi bon, puisqu'il n'y a pas de DCA à Guernica. De nouveau, la soute s'ouvre. De nouveau, des bombes tombent vers le sol. Le même nombre: six. Des grenades, une fois encore, sèment la mort et l'épouvante. Le bombardier, comme son prédécesseur, s'éloigne. Cinq minutes s'écoulent: on attend. Dix minutes: on espère. Un quart d'heure: on se rassure. À la recherche des emmurés, on entame des fouilles hâtives. On tente d'éteindre les brasiers.

Alors, trois nouveaux avions surgissent dans le ciel. Les premiers on les avaient aussitôt reconnus: c'étaient des bombardiers Heinkel 111, des allemands. Ceux-ci, n'en pas douter, sont des Junkers 52, d'autres allemands. Les hommes qui se sont battus en Espagne les connaissent bien. Les civils aussi. Quelles routes n'a pas vu piquer des Junkers 52, si habiles au mitraillage? Avec leur museau noir, leur train sorti, leur allure trapue, la croix sur le fuselage, leurs quatre ailes, tout le monde les connaît. Dès lors, Heinkel et Jukers vont alterner. Le bombardement ne s'interrompra plus, cependant que son intensité augmentera sans cesse. Il a commencé à 16 h 40. Il ne cessera qu'à 19 h 45.
Quand les derniers appareils allemands disparaissent, Guernica n'existe plus.

Guernica. «Devant la façade de sa Casa de Juntas, l'hôtel de ville, on montre (... on montrait) un vieux chêne, célèbre dans tout le pays. Dès le haut Moyen Age, des assemblées se réunissaient sous son ombre tous les deux ans. (...)
En 1937, Guernica se veut toujours la ville sacrée des basques. Mais le 26 avril 1937, Guernica n'existe plus.

Ce massacre impitoyable d'une ville, de gens sans défense, ce massacre Pablo Picasso l'exprimera sur une toile: Guernica.


«Apocalypse, la 2e Guerre mondiale» - Épisodes 1 et 2, lundi 9 septembre 2009.

À voir absolument... toute affaire cessante:
Apocalypse. Lundi, 9 septembre 2009, Tv5 Québec diffusera les deux premiers épisodes d'une série exceptionnelle, et renommée, de six émissions de 52 minutes chacune.
Épisode 1: L'agression: 1933-1939
Épisode 2: L'écrasement: 1939-1940

«Apocalypse raconte la Seconde Guerre mondiale à travers le regard de ceux qui l'ont vécue... constituée exclusivement d'archives et construite comme une grande fresque cinématographique.»
«Apocalypse est une plongée vertigineuse au cœur du plus dévastateur des conflits mondiaux»
Si vous visitez le site de cette série, vous en serez convaincus... Cliquez ici pour y accéder.
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* Disponible chez Gallimard Montréal, et dans d'autres librairies. Pour plus d'informations, cliquez ici. À lire!
**Psitt! Entre nous... «Little Boy» et «Fat Man», ça vous fait penser à Walt Disney... ?
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