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mardi 3 novembre 2009

Lecteur - Écrivain / Marie NDiaye - Charles Dantzig

Lecteur - Écrivain / Marie NDiaye - Charles Dantzig. Marie NDiaye, lauréate du Goncourt 2009 pour «Trois femmes puissantes», s'avouant grande lectrice, disait dans une entrevue sur France Culture, qu'il lui serait plus difficile de vivre sans lire que de vivre sans écrire. Voilà un témoignage... puissant. «Que d'autres se vantent des livres qu'ils ont écrits, moi, je suis fier de ceux que j'ai lus», disait le grand Borges*. Il est, tout de même, bon de le rappeler de temps à autre...

Pour sa part, Charles Dantzig est l'auteur d'un gros bouquin qui porte sur ses lectures et ses réflexions sur la chose littéraire: «Le dictionnaire égoïste de la langue française», un ouvrage, fort original. Malgré des incohérences et des opinions et commentaires à l'emporte-pièce, malgré des parti-pris et des antipathies contre des écrivains, le livre en vaut la peine. C'est l'ouvrage d'un grand lecteur duquel je tire quelques citations. «Lisez. Si tant de gens ne savent pas écrire, c'est qu'ils ne savent pas lire»**
C'est ainsi que, de fil en aiguille, je suis restée l'œil accroché dans «Le «Dictionnaire égoïste» N'ayez crainte, je vais le récupérer...
J'ai choisi les plus courtes entrées du dictionnaire, comme ça, sur le bout de mes lunettes.

Age des écrits: La poésie lyrique est un type d'écrit pour la jeunesse, âge où l'on est énergiquement plein de soi; le roman, avec sa part de comédie où il faut jouer tous les rôles et le détachement qu'il requiert par rapport à soi et aux idées, est plus tardif, après trente ans, dirais-je; les mémoires, c'est pour vingt ou quatre-vingts ans.

Approximation: Quand un écrivain est approximatif, qu'il parle sans bien savoir, cela se remarque souvent à une emphase subite du vocabulaire.

Beau: On ne peut pas définir la forme du beau, parce que le beau est mouvant.
Le beau est une paresse. - Le beau d'hier fait rire.

Caractéristique: Rien de ce qui est intéressant n'est caractéristique.

Critères du bon écrivain ou du bon livre: Le bon écrivain impose ce qu'il montre. Nous ne l'avions pas regardé jusque-là. Nous le voyons. Cela nous parait évident. C'est un des critères qui nous permet de le reconnaître. Qui avait regarder les célibataires avant Montherlant?
On reconnaît un bon écrivain à ce qui intéresse à ce qui ne nous intéresse pas. Les plaines, les Flandres, les ciels bas me rebutent, mais j'aime Verhaeren.
Un autre critère du bon écrivain est qu'il donne envie d'écrire. Pas sur lui, autre chose. Il y a une contamination de la création.

Citations: Une citation est un morceau d'écrivain dans le même mesure qu'un détail de peinture est un morceau de peintre. Elle peut ne pas être représentative. Il faut mieux citer correctement. (...)

* * *
C'est, précisément, ce que je viens faire! Eh oui! La citation est un morceau d'écrivain que l'on saucissonne, alors saucissonnons-le en suivant le pointillé.

Lisons, liserons!
Raymond Queneau -je crois bien que c'est lui... (!) disait:
«C'est en forgeant qu'on devient forgeron. C'est en lisant qu'on devient liserons.»
C'est logique, non? D'où notre mot d'ordre: Lisons, liserons! Laissez-le courir...
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* Borges cité «La Républiques des livres», de Pierre Assouline, «Un écrivain est d'abord un lecteur».
* Psitt! Si vous entendez un jeune écrivain dire qu'il ne lit pas de peur d'être influencé par d'autres écrivains, murmurez, tout bas: «Et pourtant, il écrit...» Et riez sous cape.
Psitt! Par contre, quand Charles Dantzig a publié «Encyclopédie capricieuse du tout et du rien», je vous ai donné un bon conseil: «Cachez vos lunettes! Voilà Dantzig!» Des listes, des listes, des listes... à fuir.
Source des citations: «Dictionnaire égoïste de la littérature française», Charles Dantzig, Grasset, 2005, 968 pages.
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