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mardi 24 novembre 2009

Kafka - Camus - Nobokov. Actualité littéraire

La beauté de l'actualité littéraire -para-littéraire conviendrait mieux- suscitant polémiques, controverses, litiges, débats, est de ramener devant la scène des grands écrivains. Sous le feu des projecteurs: Kafka, Camus, Nabobov. Le manuscrit du «Procès» de Kafka, l'un des trésors littéraires les plus convoités au monde, fait l'objet d'un litige entre Israël et l'Allemagne. Le Président Sarkosy souhaite transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Le fils de Nobokov, Dimitri, fait publier un roman inédit de son célèbre père, inédit et... inachevé.

Kafka. En 1988, le manuscrit mis aux enchères chez Sotheby's est vendu à l'Allemagne 1,98 millions de dollars. L'héritière, Esther Hoffe - la compagne de Otto Hoffe, un ami de Max Brod et secrétaire de Max Brod- a encaissé le magot. Le problème? Dans son testament, Max Brod mentionne des institutions publiques auxquelles le «Procès» pourrait être confié, mais sans plus de précisions. En tête de liste, la Bibliothèque nationale d'Israël, en fin de liste «toute autre archive publique en Israël ou à l'étranger.» Esther Hoofe meurt en 2007 et laisse son héritage à ses 2 filles. Aujourd'hui, Bibliothèque nationale d'Israël réclame le manuscrit arguant que sur le testament son nom figure en tête de liste. L'argument me semble bien mince... [BibliObs]

Camus. À l'occasion du cinquantenaire de la mort de Camus, en 2010, le président Nicolas Sarkosy souhaite transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Le fils d'Albert Camus refuse net. Sa fille, qui fait l'objet de fortes pressions, hésite. En France, la polémique fait rage. Olivier Todd, le biographe de Camus, s'insurge contre une telle proposition. «Camus n'est ni exemplaire ni édifiant. Il permet de réfléchir. Qu'on le lise au lieu de débiter des généralités sans comprendre son parcours -et vlan!-. J'aime sa réponse dans une de ses toutes dernières interviews. On lui demandait: "M. Camus, appartenez-vous encore à la gauche?" ; "Oui, malgré elle et malgré moi". D'actualité, non?» Il ajoute: «Le voir comme une icône désincarnée n'est pas lui rendre hommage. Il faut le garder vivant dans sa complexité et ses contradictions.» Il n'est pas le seul, loin de là, à s'opposer à ce transfert. Certains y voient une «récupération politique», à contre-courant de la vie et de l'œuvre de Camus. [Le Monde, BibliObs].

Nabokov. Un inédit... très inachevé, intitulé «The Original of Laura», sous-titré «Mourir, c'est marrant» écrit en 1976 (un an avant sa mort) vient d'être publié chez Penguin, en Grande-Bretagne et chez Random House, aux États-Unis. «Et beaucoup se demandent si, à ce degré d'achèvement, il était bien nécessaire de le publier.» Gravement malade, «dans un état de confusion il a laissé son dernier manuscrit, sot 138 fiches cartonnées reproduites dans l'édition mise en vente. Mais avant de mourir, il demande à ce qu'on les passe par le feu, lui qui avait déclaré:
"Un artiste devrait détruire sans pitié ses manuscrits après la publication, pour qu'ils ne conduisent pas de médiocres universitaires à penser qu'il est possible de comprendre les mystères d'un génie en étudiant les versions supprimés. Dans l'art, les objectifs et les plans ne sont rien. Il n'y a que les résultats qui comptent."»
Selon son fils, Dimitri Nobokov, le roman est «brillant, original et assez radical». Mon petit doigt me dit qu'on va en entendre parler, très bientôt... [BibliObs]

Kafka, Camus, Nobokov.

Voyons ce qu'ils ont dit, et ce que des auteurs ont dit à leur propos.

Franz Kafka a dit:
Tout ce qui n'est pas littérature m'ennuie et je le hais,
même les conversations sur la littérature

Alexandre Vialatte a dit de Kafka:
Il débarquait comme un Martien sur le globe terrestre.

Albert Camus a dit:
Une oeuvre d'homme n'est rien d'autre
que ce long cheminement
pour retrouver par les détours de l'art
les deux ou trois images simples et grandes
sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert.

Morvan Lebesque a dit de L'étranger de Camus:
En pleine France vichyssoise,
livré à un activisme optimiste et dérisoire,
L'Étranger offrait l'indispensable, le constat de base,
le tremplin solide d'une action.
Nous savions que nous avions affaire
-enfin- à une littérature adulte,
et, parmi les écrivains engagés dans la lutte
et soumis alors à une semi-clandestinité
Malraux, Mauriac, Sartre, ce nouveau venu,
si évidemment courageux et responsable,
n'avait créé ce héros tragique
que pour aider les hommes à vaincre leur destin.


Vladimir Nabokov a dit:
On doit tirer tout ce qu'on peut des mots,
car c'est le seul vrai trésor qu'un écrivain vrai possède;
les grandes idées générales sont dans la gazette d'hier.

Maurice Crawton a dit de Lolita de Nobokov:
Je n'ai rien lu de «chaud» dans ce livre.
Il n'y a pas un passage indélicat, pas un mot qu'on
n'oserait prononcer en présence d'une jeune femme.
Et pourtant c'est un livre fort et dérangeant.

Bonne lecture!
Paperblog