[] Le 14 juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. C'est un choc!
La France est divisée, en gros, en 2 zones. La zone occupée, le nord et la côté atlantique. La zone d'occupation allemande est sous le Commandement militaire allemande siègeant à Paris. La Zone libre (non occupée), au sud de la Loire où seules les lois du gouvernement de Vichy sont appliqués. Entre ces 2 zones, une ligne de démarcation.
L'Exode.
«Suite française», de Irène Némirouski - Prix Renaudot 2004
Pour ma part, j'ai écouté... le roman lu par Valérie Charpinet, éditions Livrior (14 Cds). ***
Un Résistant, Jean Moulin, un personnage qui appartient à la grande Histoire, que Michel Quint fait revivre «en chair et en os»
Un Résistant «ordinaire», le père de Michel Quint, un Résistant dans l'ombre, comme tant d'autres dont les actions héroïques ont contribué à sauver la France. Ce sont les deux côtés de la même médaille!
Max, Michel Quint, Éditions Perrin (collection Singulier), 243 pages.
‹‹Qu'on me pardonne de faire de Jean Moulin un héros de roman››, écrit l'auteur dans l'Avertissement qu'il faut lire attentivement.
Le destin de Jean Moulin (1899-1943), l'homme de chair et d'os, le préfet, est intimement lié au Mouvement de la Résistance et aux années douloureuses, et longues, de l'Occupation allemande. Jean Moulin, un fils et un frère aimant, un homme qui aime les femmes avec une tendresse touchante. Ce roman est basé sur des faits historiques avérés, des personnes ayant réellement existé, des personnages prenant vie sur ces derniers et des personnages inventés de toutes pièces : voilà le filigrane de ce roman puissant. D'où les précautions de l'auteur et l'utilisation de pseudonymes et de sigles désignant des groupes ou des organisations.
On entre dans ce roman avec respect; on le lit, accroché au suspense; on est soufflé par la fin; on en sort le cœur gros de compassion, des larmes chaudes coulant sur les joues. On se surprend à garder le livre dans ses mains comme si on voulait, au-delà de l'espace et du temps, serrer contre soi ces êtres souffrants pour les consoler. L'instant d'après, on réalise que ce sont les personnages d'un roman. Un roman remarquable! Vous y rencontrerez l'humanité nue: l'homme dans ce qu'il a de plus abject et de plus sublime. Une écriture éblouissante! Monologues et dialogues (à l'intérieur de ceux-ci) sonnent vrai, les sentiments sont rendus avec sobriété. Un texte dont la beauté et la luminosité contrebalancent l'atmosphère lourde qui pèse sur la vie incertaine de chacun. Cependant, il est possible que votre lecture du roman soit, parfois, entravée par les sigles –trop nombreux- parsemant le texte. Je vous le dis, passez outre: c'est une rançon bien faible en regard de la qualité de ce roman exceptionnel.
Une fois ses parents en allés, le narrateur-auteur ressasse ses souvenirs et raconte son histoire. Tout jeune enfant, il détestait déjà les augustes, qui le remplissaient de tristesse, sans qu'il ne sache pourquoi. Alors, imaginez quand il verra son père, instituteur, se déguiser en clown… et donner des spectacles. Un mauvais clown, ridicule, qui ne rate pas une occasion. Comme si ce n'était pas assez, toute la famille assiste à ses prestations, et s'y rend dans une vieille bagnole jaune canari! Comme si ce n'était pas encore assez, tous les congés y passent. Il aurait voulu se voir ailleurs: on le comprend! Aussi, l'enfant a honte de son père et de sa famille ainsi que de l'oncle Gaston et sa Nicole, de drôles de pistolets! Une famille pas comme les autres! Mais, sa honte se changera en admiration affectueuse lorsque Gaston lui dévoilera le secret familial. À vous de le découvrir… et d'entrer dans ces effroyables jardins!
Ce récit, aussi percutant que bref, se lit d'une seule venue. Il semble, d'ailleurs, avoir été écrit d'un seul souffle. On a l'impression d'être en présence même du narrateur-auteur qui nous fait des confidences à demi-voix. Il nous raconte son enfance teintée de tristesse –à cause des augustes et de son père-clown– ainsi que des anecdotes familiales, parfois loufoques. Des vies, des «petites vies», qui sont, pourtant, en résonance avec des faits d'armes de résistants anonymes (contrairement à Max) qui, multipliés, ont contribué à la libération de la France sous l'occupation. Un récit, simple et sincère, émouvant –sans être larmoyant. Des dialogues d'une justesse sans faille. Une écriture limpide, imagée.
En somme, un roman qui saura vous émouvoir, vous faire (mieux) connaître ce que l'Histoire doit à la petite histoire de gens «ordinaires». Un roman qui vous restera en mémoire. Et le tout livré dans une soixantaine de pages.
Bonne journée!__
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** Georges Duhamel cité dans «Le Petit Robert» électronique.
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